Rififi au commissariat

Pour son premier long-métrage, Brian O’Malley se tient aux commandes d’un scénario de Fiona Watson et David Cairns, intitulé Let Us Prey. Sa première projection eut lieu en 2014 au Festival International du film fantastique de Bruxelles et sa sortie officielle se situe en 2015, directement en DVD et VOD. Au vu de son parcours, que penser de ce métrage narrant les (més)aventures de Rachel Heggie, catapultée dans le commissariat d’un petit village d’Ecosse et aux prises avec un individu mystérieux ? Eh bien, on peut dire qu’il arrive parfois qu’il n’y ait pas de budget, mais que les idées soient bien présentes. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Rachel Heggie (Pollyanna McIntosh) n’a pas une soirée de tout repos pour démarrer son nouveau travail dans le poste de police d’Inveree, un petit village écossais. Entre l’arrestation d’un délinquant local, la présence d’un prof du coin dans une cellule et le comportement clairement inamical de ses collègues, elle semble un peu perdue. L’arrivée d’un étrange personnage, possédant apparemment des pouvoirs surnaturels, ne va rien arranger à cette curieuse nuit, qui va basculer lentement mais sûrement dans l’horreur.

Pollyanna McIntosh se tient au centre du récit. Déjà premier rôle dans le film The Woman de Lucky McKee en 2011, elle gère admirablement bien son rôle de femme forte sans en faire des caisses et passer du côté WTF de la Force. Personnage au passé violent, son histoire nous est dépeinte via des flashbacks pas très rassurants et nous permettent de mieux cerner celle sur qui repose, il faut le dire, la moitié du métrage.

Car l’autre moitié revient à un certain Liam Cunningham. Cet acteur irlandais possède une filmographie bien fournie depuis plusieurs décennies, mais s’est illustré dans Game of Thrones en tant que Davos. Ici, dans Let Us Prey, il campe un personnage énigmatique, dénommé Six, semblant possédant un puissant pouvoir, avec quelques relents d’André Linoge, antagoniste de la mini-série La Tempête du siècle. Pourtant, sa présence suffit à mettre tout le monde d’accord ; ça va partir violemment en sucette.

Le reste du casting est composé notamment de Douglas Russell dans le rôle du Commandant McReady, complètement à l’ouest sur la fin du film ; de Jonathan Watson, en prof philosophe battant son épouse ; de Bryan Larkin, en tant qu’agent Warnock, faisant des séances de trempage de biscuit avec sa collègue Jennifer (Hanna Stanbridgt) ; et de Brian Vernel qui joue un délinquant local, Caesar, particulièrement réaliste et vicieux.

Tous les personnages présents possèdent un potentiel de psychopathie absolument fabuleux. Chaque rôle aura son lot de souvenirs violents, de péchés à expier et de victimes au compteur. Bien que le fait de trouver tout ce petit monde au même endroit peut sembler too much (et pourtant, il y a une explication), l’écriture des différents persos apporte une immersion totale dans un monde rempli de dingues prêts à vous décapiter si vous ne leur filez pas une clope.

A la réalisation, Brian O’Malley, il est comme à la maison. Impeccable dans son traitement, avec une subtilité toute personnelle au niveau de l’image et du cadre, il se sent chez lui et opère avec une habileté qui ferait frémir n’importe quel chirurgien. Pour un premier long-métrage (qui plus est !), notre réalisateur irlandais est clairement à suivre. Il nous gratifiera, en 2017, du film The Lodgers, possédant toujours cette capacité de réalisation totalement bienvenue. On te suit, Brian !

Au scénario… c’est une autre histoire. Car même si les personnages sont intéressants et envoient des histoires glauques les uns après les autres, permettant au spectateur de se sentir relativement mal à l’aise, le contexte de l’histoire se perd au fur et à mesure que le temps s’écoule. Au début, on est clairement dans le mystérieux et le sombre, avec les divers événements qui se produisent et qui conduisent, inéluctablement, à la formation d’une tension.

Puis tout en avançant, on découvre les terribles facettes des personnages, ce qui nous permet de ne pas sombrer dans un état léthargique avancé. Puis, tout s’accélère. Ça devient un vrai bazar, tout le monde veut tuer tout le monde, le commandant fout le feu à la baraque tout en devenant une figure imagée qui aurait eu sa place dans une fusion de Mad Max et Hellraiser, et tout semble cruellement s’enfoncer dans la surenchère.

Cette tension formée avec le début du film se transforme, peu à peu, en un déversement visuel d’action et de gore. Horrifique, Let Us Prey l’est assurément par ses histoires glauques et ses morts, il faut le dire, visuelles ; égorgement, explosion de tronche avec un bélier (celui de la police, hein, pas l’animal), corps torturé, le sang ne manque pas. En matière de thriller horrifique, on est sur la bonne piste.

Concernant la transformation de la tension en autre chose, on arrive dans la dernière partie du film où la révélation concernant Six ne fait pas vraiment mouche, et où le dialogue final et le plan qui va avec sont clairement à effacer de notre mémoire. On partait pourtant bien, avec quelque chose de nouveau, sorte de Hot Fuzz horrifique dans la campagne écossaise et au final, on arrive sur un traitement bien connu que, j’en suis sûr, beaucoup auront deviné.

Il est pourtant question du pardon, de la rédemption et des péchés commis par notre bande de joyeux drilles, tous entassés dans ce commissariat. Et bien que l’idée puisse être reprise de manière originale, c’est le changement radical de ton, vers les deux tiers du métrage, qui nous laisse à penser qu’il fallait changer de rythme, histoire de ne pas endormir le spectateur. Non, on ne s’endort pas, mais on reste sur le constat de ce décevant dernier tiers.

Let Us Prey reste une agréable surprise, surtout pour un premier film de la part de Brian O’Malley. Réalisation maîtrisée, plans impec’, personnages intéressants (et flippants), superbes prestations de Pollyanna McIntosh et Liam Cunningham, c’est un bon petit film horrifique à se caler pour une soirée où il vous reste un morceau de pizza dans le frigo. On peut féliciter l’équipe qui, avec un budget non colossal, a au moins le mérite d’avoir des idées.

Et vous, quelque chose à confesser avant que ça ne parte en vrille ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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