Le pouvoir des mots

Le manga parut de 2003 à 2006, écrit par Tsugumi Oba et dessiné par Takeshi Obata. Ni une ni deux, un animé sort en octobre 2006, inspiré de ce shõnen, comptant 37 épisodes. Surfant sur le succès de cette histoire de cahier de la mort, Shusuke Kaneko réalise deux métrages coup sur coup en 2006 : Death Note et Death Note 2 : The Last Name. Le réalisateur a déjà plusieurs films à son actif, dont trois de la série Gamera. A-t-on ici un film respectueux du matériau d’origine ? Cela vaut-il le coup de passer plus de quatre heures de visionnage ? Un cahier qui tue, est-ce vraiment raisonnable ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

Light Yagami, étudiant en droit talentueux, se rend furieusement compte que le monde court à sa perte. La violence est omniprésente et la justice peine à punir les criminels. C’est alors qu’il trouve le Death Note, un cahier avec lequel il est possible de tuer des gens en inscrivant leur nom et en connaissant leur visage. Le cahier comprend des règles précises et est accompagné par Ryuk, un dieu de la mort bavard et cynique. Usant de cet objet pour créer un monde meilleur sous le nom d’emprunt de Kira, Light va se retrouver face à un détective brillant connu uniquement sous le pseudonyme de « L ». Les deux hommes entament une partie d’échec où le plus intelligent remportera la partie.

Dans le rôle de l’étudiant possédant un complexe de dieu, nous avons Tatsuya Fujiwara. Les connaisseurs le reconnaîtront immédiatement pour son rôle de Shûya dans Battle Royale et Battle Royale 2. Impeccable dans son personnage de Light Yagami, il va non seulement montrer une intelligence hors normes mais également une cruauté et une folie qui ne cesseront de grandir au fil des minutes. Face à lui, Kenichi Matsuyama dans le rôle de « L ». Ici, nous avons un détective mélangeant habilement Monk, Sherlock Holmes et Doctor Who. Touchant dans sa manière d’être, étrange avec ses nombreux tocs, il n’aura aucun répit à traquer Kira et restera sans doute le personnage le plus marquant du film. A noter que ce rôle lui a valu deux prix et une nomination dans des festivals cinématographiques japonais. Kaga Takeshi est le chef de la police Soichiro Yagami, imposant en gueule et en classe. Le reste du casting s’en tire admirablement bien et on s’attache relativement vite aux différents personnages.

Donc, nous avons un film tiré d’un animé lui-même tiré d’un manga. Autant le dire tout de suite ; la trame de l’histoire est très fidèle au matériau d’origine, autant sur ce film que sur sa suite, Death Note 2 : The Last Name. L’on peut dire que la fidélité s’en va jusqu’à l’épisode 25 de l’animé et ensuite, on part sur totalement autre chose. Plusieurs libertés sont également prises sur les trames de l’histoire (certains personnages se rencontrent de manière différente, la présence de Shiori, la petite amie de Light, etc.). Qu’importe, l’idée de base est suivie et les personnages sont extrêmement bien représentés.

En regardant Death Note, ne vous attendez pas à quelque chose d’explosif, bourré d’action et de courses-poursuites. Ici, c’est la force tranquille, le thriller venant titiller vos neurones. Le but principal est de mettre face à face deux personnes d’une intelligence défiant toute concurrence. Dans le coin gauche du ring, un jeune étudiant particulièrement assidu découvrant hasardeusement un cahier pouvant littéralement changer le monde en y inscrivant le nom des criminels afin de les occire, j’ai nommé Liiiiiiiight, Yagaaaaaami ! Dans le coin droit du ring, un jeune détective adepte des bonbons, usant de poses étranges pour s’asseoir et bourré de tocs en tout genre ; « L ». Le premier utilisant les règles du cahier à son avantage et le second sa splendide capacité de déduction tranquillement installé devant son ordinateur. Un choc de titans des méninges !

Le Death Note possède un certain nombre de règles qui seront décrites en cours de route pour aider le spectateur à mieux comprendre comment Kira s’en sert. Et même si l’aspect « intello » du film vous fait peur, ou que vous vous dites qu’apprendre toutes les règles par cœur ça va être chaud, ne vous en faites pas ; tout se déroule à la perfection. Peu de longueur donc dans le métrage car on se prend vite au jeu et, étonnamment, on choisi rapidement quel camp nous allons supporter. Les méthodes des deux protagonistes sont assez exceptionnelles pour être soulevées et surtout appréciées (comment occire en un coup plusieurs agents du FBI postés dans tout le Japon ou la capacité de « L » à utiliser Excel pour un planning horaire).

Au-delà du scénario plaisant repris du manga et des personnages bien fichus et touchants, nous avons également tout l’aspect moral qui ressort de ce métrage. Nous-mêmes, que ferions-nous en ayant un Death Note à notre disposition ? Dans le cas de Light, il veut certes l’utiliser pour faire le bien, mais est-ce que tuer des criminels revient à faire le « bien » ? Les méthodes de « L » ne sont-elles pas, par moment, trop violentes ? Tout l’intérêt du film est dans la morale de ses personnages ; parfois tordue, parfois logique, mais tout le temps cohérente par rapport aux événements et ça, ça apporte également une consistance non négligeable au récit.

Après une vidéo qui tue (Ring), nous sommes ici en présence d’un cahier de la mort. L’idée peut paraître farfelue, voire totalement grotesque et pourtant, la magie opère. Les différentes règles de ce cahier apportent une profondeur à son utilisation et surtout à son utilisateur. Les morts liées à l’écriture des différents noms dans le Death Note ne seront pas spectaculaires… et c’est tant mieux ! Il n’est parfois pas nécessaire de faire dans le grandiose pour réussir à capter l’attention des visionneurs. C’est clairement le cas ici.

Les effets spéciaux sont majoritairement sympas. Pourtant, nous sommes en 2006 et le pauvre Ryuk (le dieu de la mort livré avec le Death Note) peut paraître quelque peu fade. Heureusement pour lui, sa personnalité et sa folie viennent rattraper le fait que nous nous sentons clairement en présence d’une créature de synthèse à de nombreux moments. Il faut aussi noter que le jeu des personnages japonais tombe parfois dans la surenchère (typique local) et que cela ne pourrait ne pas convenir à tout le monde. Mais c’est ici les seules réelles choses à relever qui pourraient ternir un tant soit peu le film.

N’étant que la première partie de deux films, le métrage se termine de manière tonitruante et on se demande réellement comment va se passer la suite (ayant vu l’animé ou non). Dès lors, une seule envie se fait sentir ; celle d’immédiatement insérer le DVD de Death Note 2 : The Last Name histoire de rapidement savoir qui sera le dernier nom a être inscrit dans le cahier de la mort.

La musique a également une présence toute particulière dans le film car elle permet de se mettre dans l’ambiance sans forcer et se trouve à chaque fois au bon endroit et au bon moment. A préciser que la musique du générique de fin nous fait tressaillir, car les Red Hot Chili Peppers avec « Dani California » après Death Note, ça émotionne quand même la moindre.

Death Note premier du nom est un excellent métrage, alliant personnages atypiques, histoire bien fichue et final digne de ce nom. Il s’agit là d’une excellente mise en bouche avant le second métrage qui s’insinuera au cœur de la confrontation entre Kira et « L ». Tous les amateurs de films japonais et de thrillers bien huilés y trouveront forcément leur compte. Mais un conseil ; si vous regardez celui-ci, pensez à avoir directement le deuxième sous la main.

Saviez-vous que le dieu de la mort aimait les pommes ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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