Diviser pour mieux régner

M. Night Shyamalan... une énigme. Après des coups d'essai qui se sont révélés être des coups de maîtres (premières oeuvres comme Sixième Sens  ou Incassable), une descente créative a eu lieu avec la sortie de quelques métrages... disons... ne parvenant pas clairement à convaincre (Le dernier maître de l'air, Phénomènes). 

Aimant particulièrement ce réalisateur, je pensais alors que notre "Nighty" des débuts n'allait certainement jamais revenir... jusqu'à ce que je sois dans la possibilité de voir Split

Avec ce film, nous retrouvons le ton intimiste des premiers ouvrages du metteur en scène, cloitrant l'intrigue dans quelques mètres carrés et parvenant, sans aucun mal, à nous mettre en plein dans la scène. La tension monte, l'incompréhension se fait sentir et BAM, nous nous retrouvons avec ces instants oh combien délicieux, nous faisant frissonner de plaisir. 

Standing ovation au casting qui parvient à nous emmener dans les méandres d'un mal-être qui flirte avec la terrifiante réalité des abus, de la peur et des choix. 

Tout d'abord, la jeune Casey, rôle impeccablement joué par la jeune Anya Taylor-Joy, qui nous a déjà subjugué, notamment dans The Witch, de Robert Eggers. Cette fille ira loin... très loin, tant elle parvient à s'investir dans son rôle et nous offrir les traits d'une adolescente troublée, écorchée par la vie. Son second visage, celui d'une jeune fille forte, prend particulièrement place à la fin et nous fait découvrir une nouvelle facette du personnage et des talents de l'actrice. 

Ensuite, dans cette incompréhension de la psychiatre, Dr. Karen Fletcher. Le dédoublement de personnalité est encore peu connu et c'est comme si elle avançait dans une grotte avec une application lampe de poche et que la batterie en était à 1%. Impossible de savoir à quel moment la lumière va s'éteindre, laissant la place à l'inconnu et à l'impossibilité de le contrer. Rôle prenant joué par Betty Buckley, déjà vue, notamment, dans Phénomènes du même réalisateur. 

Et bien entendu, faut-il parler de James McAvoy dans le rôle de Kevin, jeune homme possédant un véritable squat cérébral dans lequel 23 personnalités y ont élu résidence ? En parvenant à passer d'une à l'autre, visiblement sans peine, il campe à lui seul plusieurs personnage en plus du rôle principal. Déjà visible dans nombre de films à succès et comme interprète de Charles Xavier des X-Mens nouvelle génération, il nous offre un constat talentueux sur sa carrière actuelle d'acteur. 

Côté scénario, nous avons cette tension qui vient se mettre en place, petit à petit, révélant qu'une 24ème personnalité ne va pas tarder à arriver et veut se tailler la part du lion. Des éléments sous-jacents des différents personnages viendront ponctuer le fil rouge scénaristique... et cela donne encore plus de corps à l'ensemble. Bien que quelques scènes puissent paraître parfois longue, c'est le dénouement de ces dernières qui est toujours incertain. M. Night Shyamalan parvient, à nouveau, à nous faire douter de la manière dont cela va se terminer, comme cela est joliment dit par Casey en début de métrage.

Bien entendu, nous ne sommes pas devant un film exempt de défauts, mais entre les prestations d'acteurs, la rigueur des plans, la structure du scénario et la fin on ne peut plus mémorable, on peine à lui trouver des éléments qui ne conviendraient pas, et ce pour notre plus grand plaisir. Je reviendrai sur l'élément final du film, avec des spoilers, en fin d'article. 

 On ne peut décemment pas dire que l'on tient ici l'une des meilleures fins du metteur en scène dans son canevas cinématographique, mais elle a clairement le mérite de nous claquer une bouche bée si sévère que notre mâchoire a encore du mal à s'en remettre. On est loin d'une seconde lecture comme dans Sixième Sens, mais en terme d'émotion, ça le vaut clairement. 

En bref, Split est une réussite tant au niveau cinématographique qu'au niveau des surprises pouvant s'y trouver. On ressort de ce film avec un espoir en l'avenir de M. Night Shyamalan qui nous a bien fait peur à un moment, mais on sent cet instant comme faisant partie du passé. ATTENTION cependant, car on l'attend au tournant en 2019.

ATTENTION DEBUT DE LA ZONE SPOILER !!!

Car s'il y a une chose qui m'a totalement retourné, en tant que partisan du travail de M. Night Shyamalan et particulièrement ces débuts, c'est bien cette fin de Split où l'on a l'impression que c'est Noël avant l'heure ! Celui qui nous a consterné (de plaisir ou d'énervement... et oui, on s'est bien fait avoir !) avec la fin de son Sixième Sens est à nouveau parvenu à nous envoyer une bombe à eau en pleine poire sans qu'on ait rien vu venir. 

Après la fuite de Kevin, on se retrouve dans un restaurant. Les infos parlent de celui que l'on surnomme "La Horde" de part le fait qu'il possède 24 personnalités différentes et qu'il peut se révéler extrêmement violent. La musique s'installe et nous paraît étonnamment familière. Une dame au comptoir fait le lien avec un autre barjo-terroriste et ne se souvient plus du sobriquet que l'on lui avait donné. David Dunn (Bruce Willis) apparaît dans le plan et annonce qu'il s'agissait du "Bonhomme qui casse", Elijah Price dans Incassable. La fameuse musique continue de tinter à nos oreilles ; c'est celle du film en question. 

Voilà des années que l'on attendait une suite et finalement, la nouvelle est tombée ; Split se déroule bien dans le même univers qu'Incassable et la conivence des deux métrages, intitulée Glass, sortira techniquement en 2019. Quel génialitude de la part de "Nighty" d'avoir procédé de la sorte pour nous annoncer la suite de l'un de ses films les plus aboutis. 

FIN DE LA ZONE SPOILER

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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