L'adaptation qui "tomb" bien

Rapide rétrospective pour remettre les choses dans leur contexte. Tomb Raider est un jeu vidéo de Core Design sorti en 1996. Crystal Dynamics reprend la franchise en 2006 avec Tombe Raider Legend et, en 2013, sous l’édition de Square Enix, décide de rebooter l’histoire avec le sobre titre Tomb Raider, qui verra deux suites dont l’une qui sortira cette année (2018). Entre temps, deux films voient le jour ; Lara Croft : Tomb Raider en 2001 et Lara Croft : Tomb Raider, le berceau de la vie en 2003, avec Angelina Jolie dans le rôle titre. Et vu que le jeu a été rebooté en 2013, quoi de plus normal que de faire de même avec les films, n’est-ce pas ? C’est ainsi que l’on demande au norvégien Roar Uthaug (réalisateur notamment de Cold Prey en 2006) de mettre en scène les nouvelles aventures de Lara Croft, l’aventurière adepte des visites de tombeaux, pour une sortie en 2018. L’aventure sera-t-elle au rendez-vous ? Le film vaut-il le jeu et inversement ? Le Yamatai est-il une destination de vacances sûre ? En tant que gamer assidu et cinéphile passionné, entre les deux, mon cœur balance. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Lara Croft (Alicia Vikander) gagne péniblement sa vie en tant que coursière à vélo dans la ville de Londres. Voilà sept ans que son père (Dominic West) a disparu dans d’étranges circonstances. Au détour d’une série d’énigmes laissées par ce dernier, Lara va découvrir qu’il s’est rendu sur l’île du Yamatai, au beau milieu de la mer du Diable, au sud du Japon, ceci dans le but d’empêcher une organisation appelé Trinité de mettre la main sur la tombe de la reine Himiko. La découverte de ce tombeau pourrait, purement et simplement, détruire le monde. Lara décide de se rendre au Yamatai.

L’actrice suédoise Alicia Vikander n’a pas la tâche facile ; elle doit reprendre le personnage de Lara Croft, icône de l’univers vidéo-ludique de Tombe Raider. Avec quelques films à son actif, elle débarque en tant qu’héroïne de ce reboot… et se débrouille admirablement bien ! Une Lara Croft humaine, commettant des erreurs, se faisant avoir comme une bleue lors de son arrivée à Hong Kong, voilà l’impeccable interprétation d’Alicia Vikander. L’identification au personnage devient plus aisée, on apprécie de voir que même les héros commettent des boulettes (comme de ne pas cramer les preuves de l’entrée du tombeau de la reine Himiko pour éviter que les méchants mettent la main dessus) et on se rapproche grandement du reboot du jeu où Lara Croft est plus fragile, humaine et déterminée. La classe internationale !

Il faut noter que les autres acteurs ne sont pas en reste, jouant leurs rôles avec conviction et réalisme. Dominic West campe Richard Croft, le père de Lara, aimant énormément sa fille, mais prêt à tout pour sauver le monde. Walton Goggins interprète Mathias Vogel, un méchant vraiment méchant qui ne recule devant rien pour accéder au tombeau d’Himiko. Daniel Wu est le capitaine Lu Ren, responsable d’un bateau tombant en miettes et premier supporter de Lara. Notons également Kristin Scott Thomas dans le rôle d’Ana Miller, un personnage d’une certaine importance et l’apparition remarquée et appréciée de Nick Frost, interprétant Max, un prêteur sur gage à l’humour ravageur. Une distribution tout à fait correcte avec des acteurs qui se fondent à merveille dans l’univers, possédant juste la profondeur qu’il faut. Bien vu !

Il faut dire que le jeu Tomb Raider de 2013 envoyait particulièrement du lourd, que ce soit en matière de gameplay ou de scénario. En reprenant la même intrigue (à quelques points de vue près), il était dangereux de s’aventurer dans l’élaboration d’un scénario sans se prendre un peu les pieds dans les lianes. Et c’est là l’une des faiblesses de ce reboot. Nous sommes dans un vrai divertissement pop-corn, rythmé, prenant, visuellement bien fichu, mais usant et abusant de facilités scénaristiques qui font mal à notre petite tête.

On prend des raccourcis énormes, on use toutes les ficelles possibles du conventionnel et on veut nous faire croire à des choses qui n’existent pas. Un peu comme le mythe d’Himiko, au fond. L’armée de Vogel ? Une quinzaine de gulus qui se courent après. Les esclaves de Trinité ? Un petit groupe qui tient dans un hélico. Détruire les preuves de l’existence de la tombe d’Himiko ? On s’en fout, sinon y’aurait pas d’histoire.

Autre élément dérangeant ? L’absence totale de surnaturel. La quête ultime de Richard Croft de trouver des réponses quant à l’au-delà tombe raide car aucun petit élément étrange ne viendra faire tressaillir nos protagonistes. Là où le jeu en imposait en questionnant l’héroïne sur l’existence d’éléments paranormaux, le film passe outre, purement et simplement. Oui, c’est réaliste, bien foutu et sympathique, mais un petit sursaut fantastique, est-ce que ça aurait fait du mal ?

Outre ces deux points, il faut avouer que la réalisation est clairement en béton. On ne s’ennuie pas un instant, on a droit à des scènes d’action cossues et dignes du jeu (le naufrage, l’avion au sommet de la cascade, les énigmes du tombeau d’Himiko), et les paysages sont d’une beauté à couper le souffle. Le Yamatai est un endroit dangereux et mystérieux, et y survivre n’est pas chose aisée. Comme destination de vacances, on repassera.

Le déroulement du film (à part les raccourcis pris) se fait naturellement, nous faisant découvrir Lara dans son environnement citadin naturel avant de la propulser sur une île mystérieuse au milieu de la mer du Diable. L’héroïne prend en assurance et en détermination, ses convictions se modifient au fil du métrage, et on assiste réellement à la naissance de celle qui aura le titre de Tomb Raider. Tout ça avant d’arriver à une fin révélatrice sur la suite des événements, fin que tous les gamers apprécieront grandement par sa sobriété et ses clins d’œil.

Tomb Raider ne révolutionnera pas le genre du cinéma d’aventure, mais il est bien parti pour être une adaptation appréciable de l’univers vidéo-ludique du même nom. Dans les transpositions de jeux vidéo en films, là où les plantages sont légion, Tomb Raider se démarque par son réalisme, le soin apporté à certains détails et sa capacité à nous embarquer dans cette aventure malgré un scénario simplifié et pourtant convenu. Lara, on attend la suite de tes aventures avec impatience, que ce soit manette en main ou en live sur grand écran.

Et puis, Alicia Vikander, quand même ! Rien qu’avec elle, la franchise est réhabilitée.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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