Quand te reverrai-je, pays merveilleux ?

On se souvient avec nostalgie de cette chansonnette poussée par Michel Blanc dans le film Les bronzés font du ski, alors que ce dernier est coincé sur un télésiège. Frozen reprend le même concept… mais en moins rigolo. Nous n’avons donc pas affaire avec une certaine Reine des neiges en version originale, mais bien à un film à part entière réalisé en 2010 par Adam Green ayant précédemment officié sur Butcher en 2006 et se trouvant à la production de Grace en 2009. Les installations pour remonter les pentes sont-elles sûres ? Avez-vous peur du vide ? Verra-t-on un pays merveilleux ? On prend son forfait de ski et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Joe (Shawn Ashmore) et Dan (Kevin Zegers) passent un week-end dans une station de haute montagne en compagnie de Parker (Emma Bell), la petite amie de Dan. Soudoyant le responsable du télésiège pour éviter de payer un forfait astronomique, ils surfent et skient toute la journée à moindre frais. Alors qu’ils effectuent une dernière montée en télésiège, un concours de circonstances les stoppe au beau milieu de nulle part. Dans la nuit glaciale, ils doivent se faire une raison ; ils ont été oubliés.

Les films focalisant l’action sur un endroit restreint (que j’appelle personnellement des « isoloirs ») font souvent mouche. Qu’il s’agisse d’un cercueil (Buried), d’une cabine téléphonique (Phone Game) ou même d’un océan (Open Water), planter le décor sur quelques mètres carrés aide grandement à augmenter un effet de tension. Je vous laisse imaginer ce que cela donne sur un télésiège à plus de quinze mètres du sol.

Le tournage s’est effectué dans un décor naturel… et effectivement à plusieurs mètres du sol. Les acteurs suspendus en l’air devaient donc ressentir pleinement le souci de se retrouver coincé sur un télésiège sans possibilité de pouvoir s’en sortir. Pour l’occasion et afin de filmer certaines scènes, Adam Green a même dû combattre sa peur du vide.

Les trois protagonistes principaux ne sont pas en reste vu qu’ils se retrouvent dans une position des plus inconfortables… dans une situation somme toute banale. Dan vit une chouette histoire avec Parker et connaît Joe depuis leur enfance. Ce dernier, vivant sa vie à fond et préférant le ski au surf, est un indécrottable optimiste cherchant à pleinement rassurer les autres en toute circonstance.  

Partant pour un petit week-end de glisse, ils se retrouvent donc coincés sur un télésiège. Les lumières des pistes s’éteignent, le froid commence à devenir de plus en plus ardu… et la station reste fermée pour une semaine avant le week-end suivant. Les trois amis doivent donc s’en sortir par leurs propres moyens.

Et c’est là que l’essence horrifique du métrage prend tout son sens. En mettant ses protagonistes dans une chaise suspendue à un câble à plus de quinze mètres du sol, c’est notre propre vision de cette terrible situation qui nous vient en tête. Nous, qu’aurions-nous fait à leur place ? Aurions-nous été plus braves ? Plus malins ? Ou nous serions-nous effondrés ? Tant de questions qui, je l’espère, n’auront pas à trouver de réponses.

Même si le scénario tient foncièrement sur un forfait-week-end pour les pistes de ski, c’est donc le jeu des acteurs qui doit prendre le dessus, ainsi que les décisions qu’ils prennent pour s’en sortir. Laissez-moi vous dire que ça fait mal… très mal. Sauter du télésiège n’est pas foncièrement une bonne idée ; le froid reste un ennemi narquois et invisible ; et la petite meute de loups du secteur n’offre pas des perspectives très réjouissantes.

Ce sont donc plusieurs scènes « Aïe ! » qui nous sont proposées durant le métrage. Incidences du froid sur le corps humain, griffures aux mains à cause des câbles, pétage de jambes en bonne et due forme, pratiquement rien ne nous est épargné avec un réalisme et un jeu d’acteur concordant qui nous offre de véritables scènes de tension. La pire psychologiquement est sans doute la rencontre de Dan, les deux jambes horriblement brisées, avec la meute de loups, alors qu’il hurle à Joe de faire en sorte que Parker ne regarde pas. Saisissant, atroce, glaçant.

Après plusieurs jours sur le télésiège, un certain nombre de mésaventures et une tentative désespérée de la part de Joe pour tenter le tout pour le tout, c’est Parker qui, par une défaillance de l’installation, parvient à s’en sortir, non sans mal. Ce dernier élan de survie nous tient collé à notre écran jusqu’à la dernière seconde où nous pouvons enfin à nouveau respirer.

Les dialogues aident grandement à prendre les personnages en sympathie car sont extrêmement ciblés par rapport à la situation. Joe essaie de briser la glace en parlant de choses anodines (notamment du film Les Dents de la mer, A Bigger Boat Productions étant au fait de Frozen) et Parker nous offre une tirade émouvante sur le fait que sa chienne ne la reverra jamais et qu’elle va sans doute mourir de faim. Des moments poignants et tout à fait à propos.

Pourtant, on sent quelques fois que ça tire un peu en longueur (le dernier dialogue de Joe et Parker). Des petites choses nous chiffonnent, comme le fait de ne pas avoir balancé du matos plus tôt sur la dameuse présente en-dessous d’eux (en même temps, le film aurait été nettement plus court…) ou que les loups soient manifestement les grands méchants de l’histoire, les autres dangers (le froid, la hauteur, l’installation) n’étant que des moyens de parvenir à se faire bouffer par nos amis à quatre pattes.

Même s’il est indéniable qu’il s’agit ici d’un très bon film, sa principale faiblesse est que l’on peut le comparer à un glaçon ; c’est dur, froid et carré mais au bout d’un moment, il va fondre. Notre mémoire ne retiendra pas longtemps le calvaire enduré par nos trois jeunes comparses et cela ne nous effleurera peut-être même pas lors de notre prochain voyage en télésiège.

Malgré quelques petites fausses notes, on sent bien le ton réaliste et crédible du métrage d’un bout à l’autre. La tension est bien présente et nous offre des scènes empreintes d’une émotion toute particulière. Parlant clairement des liens d’amitié et des relations humaines en situation de stress intense, Frozen se démarque principalement par son humanité et sa capacité à nous présenter des personnages attachants se trouvant en mauvaise posture.

Habile d’un bout à l’autre de sa durée, possédant quelques petites faiblesses qui n’entachent pas le visionnage, avec des acteurs pour qui nous développons une réelle empathie, Frozen est glacial d’un bout à l’autre. Si vous avez peur du vide ou que vous détestez la montagne, je vous propose de passer votre chemin. Pour les autres, un bon petit métrage bien tendu pour passer l’hiver, ça fait toujours du bien, surtout avant de vous rendre sur les pistes pour quelques descentes nocturnes.

Il aurait été de circonstances que Parker, une fois dans la voiture, se mette à chanter Libérée, délivrée.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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