Divin !

C’est avec une certaine effervescence que j’ai écrit la critique de la saison 1 il y a déjà quelques temps. A l’annonce de la seconde partie de cet épique road trip, il était impensable de ne pas découvrir la suite. Pour rappel, American Gods, c’est tout d’abord un roman de Neil Gaiman paru en 2001. Adapté pour la chaîne Starz aux Etats-Unis, nous suivons les aventures d’Ombre Moon, coincé dans un conflit entre les anciens et les nouveaux dieux. La première saison apportait ce que le spectateur était venu chercher ; un road trip déjanté avec une belle métaphore sur nos croyances du 21ème siècle, où se confrontent l’ancien monde et les nouvelles habitudes. Quand on sait que la seconde saison, sortie en 2019, connut quelques remous (notamment au niveau des showrunners), va-t-elle être au niveau de nos attentes ? La guerre est-elle inévitable ? Qui aura le dessus ? C’est avec enthousiasme que j’ai visionné cette seconde partie… et que je vous la sers en offrande. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Le conflit semble maintenant inévitable entre les anciens et les nouveaux dieux. Voyageur (Ian McShane) fomente quelques plans de son côté avec l’aide de son fidèle allié Ombre (Ricky Whittle) tandis que M. Monde (Crispin Glover) met en place sa stratégie pour en finir avec ces divinités d’un autre âge. Dans un camp comme dans l’autre, des tensions se créent, des alliances se forment et alors que les choses se mettent gentiment en place, l’issue du combat paraît de plus en plus incertaine.

Dans cette seconde saison, on continue de creuser les personnages et ce n’est pas pour nous déplaire ! Le charismatique Odin envoie toujours du lourd grâce à ses punchlines acérées et l’acteur se débrouille avec une excellente aisance. Nous avons également l’occasion d’en apprendre plus sur son passé et avons même la chance de voir son fils Thor (Derek Theler) le temps d’un épisode, loin de l’image de notre Avenger aux cheveux blonds. Son acolyte de toujours, Ombre Moon, choisit de suivre les dieux dans leur combat après un concile dans la Maison sur le Rocher et l’apparition des divinités en question sous leurs vraies formes. Le personnage d’Ombre est lui aussi plus impliqué et son histoire avec sa femme Laura (Emily Browning) prend une tournure inattendue.

La jeune femme va d’ailleurs être sur le devant de la scène dans cette seconde saison. Morte, ne survivant que grâce à la pièce de Sweeney placée dans son estomac, elle va tout faire pour retrouver sa vie d’avant ; mais est-ce vraiment ce qu’elle recherche ? Personnage de plus en plus torturé, elle est d’une détermination sans bornes et va évidemment causer quelques dégâts. En parlant de Sweeney, l’acteur Pablo Schreiber est toujours autant à l’aise dans le rôle de ce Leprechaun barré, porté sur la bouteille et sachant casser les gens dans tous les sens du terme. Nous en apprenons plus sur le personnage en fin de saison et cela permet de lui donner une consistance complémentaire qu’il n’avait pas totalement dans la première saison.

Crispin « George McFly » Glover en M. Monde est bien plus présent dans cette nouvelle saison et a clairement le potentiel de devenir un GRAND méchant de l’univers télévisuel. Calculateur, colérique, impulsif, celui qui représente la globalisation et la société en général joue admirablement bien son rôle de bad guy « James Bondesque » prêt à tout pour en finir avec les anciens dieux. Il est aidé dans sa tâche par Technical Boy (Bruce Langley), dieu de la technologie, cintré juste comme il faut. Bilquis, la Reine de Saba (Yetide Badaki) joue un double jeu dangereux et nous gratifie d’un sermon à l’église d’une sensualité sans pareil.

Quelques anciens font également leur retour, comme Czernobog (à vos souhaits) interprété par un Peter Stormare que l’on apprécie à chacune de ses apparitions ; Mousa Kraich en djinn amoureux mais passant son devoir avant tout ; Omid Abtahi alias Salim, l’amant du djinn et humain ne remettant pas en cause ses croyances ; Orlando Jones est Anansi, personnage jouasse, tiré à quatre épingles ; et Demore Barnes est Thot, propriétaire d’un funérarium et allié précieux d’Odin.  

On note quelques nouveaux, notamment Sakina Jaffrey en Kali, déesse de la destruction qui doit certainement tenir tous les bars en bord de route des Etats-Unis, mais flippante sous sa forme originelle ; Dean Winters (New York, unité spéciale) est M. Ville, un sous-fifre de M. Monde cherchant des réponses dans la tête d’Ombre via une machine à torture cossue ; et Kathyun Kim qui remplace Gillian Anderson dans le rôle de Media, la déesse des informations et des communications. Dommage, on aurait aimé revoir Scully à l’écran mais tout comme la technologie, il faut bien que les choses évoluent, non ?

Et puis, d’autres personnages légendaires viennent s’ajouter à la liste ! Nous rencontrons le Baron Samedi (Mustafa Shakir) et Maman Brigitte (Hani Furstenberg), des divinités vaudous qui peuvent aider Laura à redevenir humaine ; et il faut souligner l’apparition discrète de William Sanderson (Blade Runner, Deadwood) en M. Argent, déjeunant tranquillement et choisissant de ne pas prendre parti, étant largement plus puissant que tous les dieux réunis.

Plus fouillés, plus travaillés et certains bénéficiant d’un temps à l’écran plus important, les personnages de cette seconde saison peuvent se targuer d’être les fers de lance du combat à venir. Les tensions évoluant dans les différents camps n’aident pas aux affaires des dieux mais permettent, à nous spectateurs, de voir les réactions de chacun et d’ainsi avoir une empathie plus profonde à leur égard. D’ordre général, chacun a sa place dans la série et tous font un magnifique travail d’acteur. Chose positive quand l’on sait qu’une partie de cette seconde saison a été écrite pendant le tournage et que Ian McShane improvise la plupart de ses répliques.

En démarrant cette nouvelle saison et ayant vu la première il y a pas mal de temps déjà, je me suis demandé comment j’allais pouvoir me remettre dans l’histoire. Eh bien, cela s’est fait sans mal. On se retrouve rapidement pris dans le tourbillon du conflit entre les dieux et à l’image d’Ombre, on suit les choses sans vraiment se poser de question. Même si le plan d’Odin semble dénué de réel sens ou celui de M. Monde, au contraire, en a trop, l’important et que nous parvenons sans mal à suivre le scénario. Encore une fois, cela est une prouesse au vu de l’écriture (que dis-je, la réécriture… voire plus) qui s’est opérée pour cette seconde saison.

Ne vous fiez pas aux apparences ; pas de grand combat à mentionner durant les huit épisodes de la saison deux. L’objectif ici est de creuser les personnages (ça, c’est fait) et de se préparer à l’imminent fight qui va s’opérer entre les croulants du Panthéon et les jeunes dieux avides d’adorateurs. C’est l’occasion de découvrir notamment quelques artefacts et légendes comme Gungnir, la lance d’Odin, ou encore Yggdrasil, l’arbre-monde.

L’ambiance de cette seconde saison reste calquée sur un road trip de malade où on risque fort de traverser plusieurs états un certain nombre de fois. Les changements de décor permettent donc de ne pas s’ennuyer au niveau visuel et de profiter de chaque balade faite avec Betty, la Cadillac Fleetwood 1966 d’Odin. Mention spéciale pour la Maison sur le Rocher ; un endroit qui doit être franchement bonnard à visiter. Les effets spéciaux ne sont pas en reste, surtout avec le budget de la série. Le générique est envoûtant, les passages où les dieux se montrent sous leur vrai jour sont magnifiques, les combats sanglants et les gerbes de sang font toujours aussi comics pour donner un ton plus fun à la série.

Car oui, on parle quand même bien de guerre entre des divinités. Il y a donc quelques risques pour que ça tache. Règlement de compte au sniper, coup de lance, combats épiques dans la jeunesse de certains personnages, ça tranche sec et la violence, sans être exagérée, s’avère être un mal nécessaire pour comprendre tous les enjeux qui se préparent.

American Gods, ce n’est pas simplement l’histoire du passé et du futur qui décident de se mettre sur la gueule. L’idée est de faire passer un message et ce dernier est plus poussé durant cette seconde saison. Il y a tout d’abord la problématique de la foi. En quoi croyons-nous et pourquoi ? Entre Ombre qui décide de faire allégeance à Odin et Salim qui, malgré tout ce qu’il voit, conserve une foi irascible en ses croyances, tous les avis sont de la partie. L’incursion de quelques sermons via la chapelle dans le funérarium de Thot et Anubis n’est pas fortuite. Les dieux ont besoin d’adorateurs pour exister et être puissants. Les anciens voient le monde évoluer à leurs détriments et veulent se battre dans un but de survie. Cela renvoie à notre propre capacité à nous battre pour nos convictions, pour notre vie.

Mais l’amour est aussi de la partie durant cette saison ! Enfin, quand je dis « amour », parlons plutôt de « relations ». Le couple Ombre-Laura bat de l’aile (lui veut suivre Odin et elle… ben elle est morte) et seuls leurs choix peuvent déterminer l’issue de leur relation. Bilquis use toujours de manipulation charnelle pour arriver à ses fins et même Sweeney est susceptible de ressentir quelque chose pour quelqu’un. D’ailleurs, ne pourrait-on pas combiner la foi et les relations ? Avoir foi en un ami, un frère, n’est-ce pas déjà une forme de croyance ? En qui les dieux peuvent avoir foi si ce n’est en leurs contemporains ? Je vous laisse seuls juges.

Un thème également récurent dans cette saison est le racisme. L’action se déroulant principalement dans la ville de Cairo, dans l’Illinois, Thot fait souvent référence aux actions innommables qui se sont produites contre les personnes de couleur. La présence de Samantha Black Crow (Devery Jacobs), d’origine Cherokee et donnant un petit coup de main à Ombre pour rejoindre ses amis, n’est pas étrangère à cette dénonciation des actes déroutants qui se sont produits par le passé… et qui se produisent encore aujourd’hui.

Les huit épisodes de cette saison, se situant chacun entre cinquante minutes et une heure, se dévorent comme des bretzels à l’apéro. Avec de la motivation, on peut boucler cette saison en une journée (si, si) et constater que nous n’avons encore rien vu. Les deux derniers épisodes envoient du TRÈS lourd et même si le final du huitième sonne un peu creux, on attend avec impatience de voir les implications qu’auront les différents choix des personnages. Pour cela, rendez-vous en 2020 pour découvrir la suite. Allez, allez, ce n’est pas si long !

Avez-vous foi en American Gods ? Avec tous les soucis rencontrés pour la sortie de cette seconde saison et quand on voit le résultat, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a du miracle là-dessous. Des personnages avec du charisme, une histoire WTF sur fond de road trip, des effets spéciaux sympatoches, des musiques de dingue et des embranchements de possibilités feignant d’être les branches d’Yggdrasil, nous spectateurs avons ce que nous sommes venus chercher. Je vous conseille vivement cette seconde saison… voire la première si vous ne connaissez pas cet univers. Prêt pour le combat ? On attend la saison trois !

Je me demande si c’était la seule façon d’arroser Yggdrasil…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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