Comme un vrai petit garçon !

Vous aimez les films avec des poupées ? Loin de la veine des Chucky et de Dolly, William Brent Bell signe ici un film plus posé et jouant plus l’aspect psychologique que visuel. Après Stay Alive (2006), The Devil Inside (2012) et Wer (2013), ce réalisateur continue dans le style horrifique avec The Boy en 2016. Alors, les poupées vont-elles toujours nous effrayer ? On va décortiquer tout ça ! ATTENTION : l’article contient des spoilers !

Greta est une jeune américaine engagée comme nounou en Angleterre par les époux Heelshire. Arrivée à leur manoir, elle fait la connaissance des propriétaires des lieux et de Malcolm, le livreur attitré de la famille. Les Heelshire lui présentent Brahms, leur fils… qui est en fait une poupée de porcelaine. Pensant tout d’abord à une plaisanterie, Greta va se retrouver seule avec Brahms une fois ses parents partis pour des vacances bien méritées. Ignorant les règles établies au début, elle va se faire remettre à l’ordre par la poupée qui semble posséder une conscience propre et la capacité de se mouvoir.

Autant le dire tout de suite ; le film vogue admirablement sur les standards établis des films d’horreur. Il n’y aura pas grand-chose de neuf dans le traitement. Lorsqu’on s’attendra à ce qu’il se passe quelque chose… il se passera effectivement quelque chose. Ne cherchant pas la surenchère, tout se déroulera dans un cadre morose et aseptisé, donnant quelques bons sursauts de temps à autre, sans plus.

L’ambiance est bien présente, instaurant une tension à huis-clos dans cette grande bâtisse au milieu de nulle part. Greta, seule avec cette poupée de porcelaine, va alors être confrontée à des événements paranormaux remettant en cause premièrement sa santé mentale, et finalement ses croyances envers la possibilité d’un esprit hantant la maison, via la poupée. Un crescendo de rythme pour notre palpitant même si les acteurs, parfois, s’emmêlent un peu les pinceaux.

Plutôt habituée des séries télévisées (Supernatural, The Walking Dead), Lauren Cohan est Greta, la super Nanny. Possédant son arc narratif propre avec un ancien petit ami harceleur, elle va pourtant être grandement secouée par les événements étranges se déroulant dans la maison des Heelshire. Quelques facilités n’aideront pas le personnage, notamment sa transition de « je vis ma vie » à « je suis la nounou d’une poupée » qui pourra surprendre quelques uns. Dans l’ensemble, elle nous offre tout de même une belle prestation.

Même constat pour Rupert Evans, tantôt respectueux des Heelshire et de leur conviction envers leur « fils », tantôt je-m’en-foutiste et prêt à tout pour un rencard avec la belle Greta. Le John Myers d’Hellboy nous offre une prestation honnête bien qu’un peu fade sur le fond. Jim Norton et Diana Hardcastle sont les époux Heelshire, impeccables dans leur rôle d’individus obsédés par la mort de leur fils et utilisant une poupée à son effigie comme substitut. Glauques, inquiétants, sévères, ils auront également le mérite d’avoir l’une des scènes les plus poétiques du film, bien qu’improbable. Le reste du casting se défend, si ce n’est que l’apparition du petit ami de Greta, Cole (Ben Robson) laisse plus à sourire qu’autre chose.

Donc, on aura du scénario convenu avec son train-train habituel d’histoires attenantes ; mort étrange d’une petite fille, incendie de la maison des Heelshire où Brahms perdit la vie, racontars inquiétants sur la famille au pub du coin, rien de bien nouveau ici. Là où The Boy parvient à surprendre, c’est dans la finalité de son scénario. Attention les mirettes car rien de ce que l’on a vu jusqu’ici n’était exact ! On se prend une grosse baffe lors de la révélation au sujet de Brahms à tel point que l’on se dit que c’était finement joué.

On en arrive à l’intime question ; jusqu’où sont prêts à aller des parents pour protéger leur enfant ? Même si ceux en question dans le métrage finissent par toucher le fond, n’en reste que ce contre-pied placé en fin de film pardonne beaucoup. Oui, d’accord, il faut passer par plus d’une heure de conventionnel, mais le jeu en vaut la chandelle. Surtout que le conventionnel, hein, au moins on connaît le chemin.

Car il est question ici de famille. Les parents du petit Brahms, déchirés, anéantis, sont prêts à tout pour conserver leur fils d’une manière ou d’une autre, quitte à ce qu’il se retrouve planqué dans les murs et vive une vie par procuration via une poupée à son apparence. Le noyau familial ne pourra être brisé qu’avec l’arrivée d’une personne permettant au rejeton de continuer de vivre une vie paisible, une vie d’enfant. Greta devient alors un moyen de fuite pour les Heelshire, ayant trouvé « la bonne » pour leur fils.

De son côté, Greta connaît aussi quelques déboires. Non pas familiaux à proprement parler, mais conjugaux. En fuyant une situation compliquée (voire dangereuse), elle souhaite faire le point et éclaircir ses pensées en allant s’occuper d’un petit anglais. Manque de bol, elle va donc tomber au mauvais endroit au mauvais moment, devenant ainsi partie intégrante de la « famille », composée dès lors uniquement du « petit » Brahms.

The Boy est clairement sur les rails, à tel point qu’on à l’impression d’avoir déjà vu ce film à de nombreuses reprises. Mais, une fois que le générique de fin démarre (après une final ne permettant pas de savoir si une suite arrivera ou non), on a tout de même l’impression d’avoir passé un bon moment. Amateurs de films à twists ou de poupées anciennes, ruez-vous sur ce métrage qui ne prétend à rien et apporte finalement quelque chose.

Je me suis toujours posé la question ; que serait-il arrivé si, en arrivant au manoir, les Heelshire avaient présenté à Greta un Furby à la place d’une poupée de porcelaine ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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