Gros battage de malade !

Le cheminement pour atteindre le résultat final de Justice League en 2017 a été pour le moins chaotique. Lors de la postproduction, le décès tragique de la fille du réalisateur Zack Snyder contraint ce dernier à quitter l’équipe et passer la main à un autre réalisateur, Joss Whedon. Le studio impose à ce dernier de refaire certaines scènes, d’apporter un peu plus de légèreté dans l’histoire et de faire en sorte que le film dure moins de deux heures, coupant une grande partie du travail de Snyder.

La sortie du film n’atteint pas les résultats escomptés et il faut dire que c’est un montage désordonné qui nous est présenté, le métrage reflétant tout le stress de DC Comics pour rattraper Marvel. Echec commercial et critique, il reste cependant agréable à regarder pour un film de super héros pop-corn mais n’apporte pas l’essence attendue. Zack Snyder, lui-même, rejette le film bien qu’étant crédité comme étant l’unique réalisateur.

Les fans se lèvent et font du bruit pour demander une version director’s cut du film comme le voyait Snyder. L’espoir s’estompe au vu des résultats en salle et tout semble perdu. Jusqu’en mai 2020 où Snyder himself annonce la sortie de SA version du film. On nous promet alors un morceau de cinéma de quatre heures (record précédent pour un film de super héros : Watchmen, 3h30, également réalisé par Zack Snyder) avec des scènes inédites, aucune scène reshootée par Joss Whedon et la promesse d’avoir l’aventure initiales voulue par son premier réalisateur.  

C’est donc en 2021 que débarque cette nouvelle version : la Zack Snyder’s Justice League, ou Snyder’s Cut Justice League pour les intimes. Les plateformes de streaming sur lesquelles ce film est disponible s’emballent, on le visionne à tire-l’arigot, c’est l’effervescence ; les fans ont eu ce qu’ils voulaient. Mais était-ce légitime ? Autant de battage pour quel résultat ? Peut-on vraiment remonter le niveau de l’univers DC avec cette version de Justice League ? On respire un grand coup et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Pour sauver le monde d’une menace terrifiante et imminente, Bruce Wayne (Ben Affleck) alias Batman (désolé si vous ne le saviez pas encore) décide de monter une équipe de super héros. Peinant à travailler ensemble, seront-ils capables de mettre de côté leurs différends pour empêcher un certain Darkseid de débarquer sur Terre ?

Premier constat ; peu de changement concernant le scénario de fond. On en reste toujours sur la recherche des Boîtes-Mères, sortent de cubes surpuissants permettant de terraformer une planète entière pour la rendre similaire à Apokolips, le terrible monde d’origine de Darkseid. Formation de l’équipe des super héros, recherche des éléments permettant de combattre Steppenwolf (un subordonné de Darkseid) afin de l’empêcher de récupérer les boîtes, combats, actes héroïques, bref, on reste sur la même base que précédemment.

Cependant, le traitement des personnages va être corrigé pour donner plus de consistance à certains, notamment Aquaman (Jason Momoa), enclenchant ainsi les événements présents dans le film Aquaman en 2018 ; Flash (Ezra Miller), ne passant plus pour un jeune poltron mais comme un futur héros souhaitant faire ses preuves ; et surtout Cyborg (Ray Fisher) dont l’histoire est intimement creusée, notamment la relation avec son père et ses capacités cybernétiques hors normes.

A noter également la présence de nouveaux personnages comme Martian Manhunter (Harry Lennix), le changeur de forme venant de la planète Barre Chocolatée ; Iris West (Kiersey Clemons), la future femme de Flash ; ou encore Vulko (Willem Dafoe), équipier d’Aquaman que l’on retrouve dans le film éponyme en 2018.

On peut aussi considérer la scène finale du « knightmare » de Bruce (mélange de « knight » et « nightmare ») comme un ajout non négligeable, nous présentant un futur terrifiant où Superman a légèrement pété une case et pris possession du monde. Dans celle-ci, nous retrouvons quelques personnages notamment Mera (Amber Heard), Deathstroke (Joe Manganiello) et un certain… Joker (Jared Leto), au rire toujours aussi insupportable mais avec une consistance nettement moins cloche que celle dans Suicide Squad de 2016.

Beaucoup du changement donc concernant les personnages, les scènes (initiales ou reshootées) de Snyder permettant une profondeur bienvenue pour la majorité d’entre eux. Et il faut dire que d’en savoir un peu plus sur chacun, ça fait du bien, vu la vitesse avec laquelle ils ont été expédiés comme étant membres du DCiverse à la fin de Batman v Superman (2016).

Le ton du film est également plus sérieux et la suppression des scènes tournées par Whedon à l’époque, étant principalement destinées à détendre l’atmosphère, nous donne droit à moins de blagounettes et une ambiance plus pesante. Cette fois, les combats sont brutaux, sanglants et sans concession (pas vrai, Steppenwolf ?). Est-ce un mal ou un bien ? Perso, certaines pointes d’humour de la première version passaient bien tandis que d’autres tendaient à rendre le film moins crédible. Il y aurait éventuellement un juste milieu à trouver à ce niveau-là.

Un des changements décevants, et pas des moindre selon moi, c’est le générique d’ouverture. Là où la Snyder’s Cut prend son temps et nous montre l’agonie de Superman à la fin de Batman v Superman, déclenchant le réveil des Boîtes-Mères, Justice League faisait puissamment fort avec un générique tout en slow motion sur le titre Everybody Knows de Sigrid. Magnifique et pourtant absent de cette nouvelle copie. A préciser que la musique de cette nouvelle version n’est plus assurée par Danny Elfman mais par Junkie XL qui a fait un superbe travail.  

Les autres changements notables sont les suivants :

Après sa résurrection, Superman (Henry Cavill) porte désormais son costume noir emblématique.

Steppenwolf (Ciarán Hinds) a un relooking complet de son armure et un faciès moins humain que dans Justice League. Du coup, il paraît moins crétin et gagne en crédibilité.

Pas de recadrage au niveau de l’image ; le film est intégralement en format 4/3, tel qu’il a été tourné. Petit élan de nostalgie pour ceux qui ont visionné des films sur ce format pendant des années.

La bataille finale a été entièrement remaniée, transposant l’action dans un lieu désert (là où des civils se trouvaient dans Justice League), changeant quelque peu la stratégie pour battre Steppenwolf et ce dernier ayant une fin nettement plus trash que dans la version précédente (quoique, se faire dévorer vivant, c’était quand même pas mal).

Mais tous ces changements, est-ce que ça en valait la peine ? La Snyder’s Cut est-elle une version meilleure que celle précédemment sortie ? Qu’est-ce qui pourrait clocher dans le fait de découvrir la vision de Snyder telle qu’il l’a imaginée ? Eh bien, au risque de décevoir, c’est mieux… mais toujours pas top. Du coup, ce fut un gros battage de malade… mais pour pas grand-chose.

DC Comics croyant être à la traîne par rapport à Marvel, Justice League a été bazardé rapidement histoire de prendre de l’avance. Disons que la version de Snyder nous prouve au moins qu’il est possible de faire un bon résultat malgré la problématique dans laquelle se trouve actuellement DC Comics, à savoir récupérer les fans déçus (et il y en a).

Mais le résultat final ne change pas radicalement l’histoire. Oui, nous avons des personnages au CV plus cossu qu’avant, nous avons des scènes inédites qui nous en apprennent un peu plus sur l’univers souhaité par Snyder (qui part clairement dans la direction d’un certain Injustice) et nous découvrons des améliorations faites çà-et-là dans le film. Mais cela ne change en rien un scénario timbre-poste, même s’il pourrait s’agir d’un timbre de collection.

Ce qui redonne un peu d’espoir, c’est la présence physique d’un certain Darkseid (Ray Porter) et de ses généraux. ENFIN ! Un des plus grands méchants de l’univers DC est sur notre écran, prêt à envoyer du lourd ! Si son arrivée peut être tout sauf discrète (à l’instar d’un certain Thanos, restant dans l’ombre pendant une pétée de films), n’en reste que le gros manco de Justice League, à savoir un méchant à la hauteur de l’équipe, c’est une chose corrigée… et c’est tant mieux ! Bon, ils ne se fight pas directement mais au moins, on voit que la menace est réelle.

Seulement, le format de quatre heures peut en rebuter plusieurs et même si, pour ma part, il y a une amélioration nette entre Justice League et la Snyder’s Cut, n’en reste que le résultat attendu n’est pas encore là. On sent qu’il y a plus de détails, de clins d’œil et de respect du matériau d’origine, mais nous sommes encore loin de ce que DC Comics est capable de faire, ne serait-ce qu’en constatant leur talent avec un film comme Shazam! ou encore le premier Wonder Woman.

Finalement, Zack Snyder’s Justice League est le produit fini de son réalisateur. Chapeau à lui d’être revenu pour offrir aux fans cette version, surtout avec la tragédie vécue lors de la postproduction de la précédente. Mais cela reste ce que c’est ; un cadeau aux fans. Plus mature que la version de 2017, sans doute plus épique, les deux versions (intimement conditionnées par la vision de chaque réalisateur) possèdent leurs points forts et leurs points faibles.

Personnellement, j’ai préféré cette nouvelle version, se rapprochant plus de la vision que j’en avais et ayant une foule de détails sympatoches pour tout fan des comics. De plus, le ton était plus adulte et beaucoup de personnages, qui passaient pour des débiles dans la version de 2017, retrouvent leur statut de héros. Au vu des enjeux, personne ne peut dire si celle-ci restera canon ou non pour la suite. Dès lors, l’avenir reste encore incertain pour DC Comics, bien que j’attende avec impatience leur prochaine sortie : The Suicide Squad.

Heureux d’avoir visionné cette version de Zack Snyder, c’est un grand « MERCI » de fan que je lui adresse, mais en ce qui concerne l’avenir de l’univers DC au cinéma, même si je garde un infime espoir, je pense que ce dernier est à l’image du costume de Superman dans cette nouvelle version ; sombre.

Donc, si vous aimez les super héros, DC Comics, les director’s cut et que vous avez quatre heures devant vous ; lâchez-vous ! Moi, pour ma part, j’ai fait les deux versions l’une après l’autre et vous savez quoi ; c’était chouette !

Allez, on y croit ; courage DC Comics !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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