Symbiose imparfaite

Bon, c’est parfois un peu compliqué. Nous avons le Marveliverse composé des films regroupant les Avengers. D’autres films indépendants, reprenant les super-héros de la franchise, sortent sans pour autant faire partie de cet univers cinématographique. Puis, nous avons le « Sony’s Marvel Universe » (SMU pour faire court), démarré en 2018 avec Venom et qui continuera en 2020 avec la sortie de Morbius et la suite des aventures du symbiote noir. Vous suivez ? Après avoir été à l’affiche de Spider-Man 3 de Sam Raimi en 2007 sous les traits de Topher Grace, Eddie Brock, hôte de Venom, revient dans ce film de 2018 réalisé par Ruben Fleischer (Bienvenue à Zombieland). Divisant complètement les foules, n’ayant pas le même engouement pour la presse que pour le public, ce personnage iconique de l’univers Marvel va-t-il en pâtir ? Symbiote, est-ce une bonne condition ? Pourquoi est-ce parfois si compliqué ? On respire un grand coup, on fusionne avec le symbiote et on tente de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers  

Eddie Brock (Tom Hardy) est journaliste. Devant faire l’interview du Dr. Carlton Drake (Riz Ahmed), le puissant PDG de Life Foundation, il trahit la confiance de sa fiancée Anne (Michelle Williams) en utilisant des documents confidentiels qu’elle a reçu du cabinet d’avocats pour qui elle travaille. Du jour au lendemain, il se retrouve seul et sans emploi. Quelques mois plus tard, il décide d’infiltrer Life Foundation pour prouver qu’il avait raison sur les agissements odieux de Drake. Dans leurs locaux, il se fait parasiter par un symbiote extra-terrestre du nom de Venom.

Nous sommes ici en présence d’un métrage mettant en scène un personnage qui s’avère plutôt être un antagoniste qu’un anti-héros à proprement parler. Pourtant, dans certains arcs narratifs du comics, nous voyons qu’Eddie et Venom parviennent à trouver un terrain d’entente pour empêcher les criminels de nuire. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un ennemi de Spider-Man même s’il s’agit techniquement de sa fonction première.

Ici, l’histoire développe les symbiotes de manière plus cossue que dans le Spider-Man de Sam Raimi et cela semble être le fond de commerce de cette franchise. Dès lors, en début de métrage, nous apprenons que des symbiotes extra-terrestres récupérés sur une comète dans l’espace débarquent sur Terre via un vaisseau de la Life Foundation. Destinés à un usage médical, ces créatures peuvent parasiter un être humain compatible et en faire un monstre destructeur. Au nombre de quatre arrivant sur notre planète, l’un d’eux parvient à se faire la malle directement.

Vient ensuite la présentation des divers personnages. Tom Hardy se débrouille bien dans son enveloppe d’Eddie Brock, même si le niveau « enfoiré » du personnage n’atteint pas certains axes du comics. Cependant, l’interprétation est correcte et on se laisse volontiers prendre au jeu. Dans le cas de sa fiancée Anne, rôle tenu par Michelle Williams, c’est un peu plus délicat. L’empathie ne fonctionne pas durant une bonne partie du métrage, mais c’est lors de son apparition en mode She-Venom que son intérêt commence de grimper.

Le Dr. Carlton Drake est un puissant PDG d’une société de recherches diverses, notamment médicales. Génie de son état, plus ou moins mégalo, il ne semble pas représenter une réelle menace et seul son symbiote, prénommé Riot, vient nous faire penser qu’il s’agit d’un méchant pur jus. Reid Scott est le Dr. Dan Lewis, nouveau petit ami d’Anne et au centre d’une intrigue qui le dépasse. Le Dr. Dora Skirth, interprétée par Jenny Slate, est l’indic d’Eddie et bien que convaincante, elle est relativement vite mise au placard. A noter le traditionnel caméo de Stan Lee semblant en savoir plus qu’il ne le devrait.

Au niveau histoire, qu’est-ce que cela donne ? Il faut tout d’abord savoir que le projet d’un film sur le personnage de Venom existe depuis 2007, après Spider-Man 3 de Sam Raimi. Il faut ensuite plusieurs années pour que Sony s’extirpe des nombreuses réécritures ainsi que des annulations de projets (notamment l’insertion de Venom dans l’arc des films The Amazing Spider-Man avec Andrew Garfield). « Chaotique » ne serait que le prénom de la procédure longue et laborieuse subie pour en arriver à la sortie de Venom en 2018.

Dès lors, on peut comprendre que l’histoire, maniée et remaniée de nombreuses fois, ait subi quelques coups durs par rapport à ce que l’on pouvait effectivement attendre. Pourtant, le spectacle est bien présent et même si on peut considérer que l’hommage réel au personnage tel que présent dans les comics n’est pas le point fort du film, cela reste un divertissement plus qu’acceptable et surtout reprenant les standards des films de super-héros que l’on connaît déjà bien.

On va donc suivre un scénario posé sur ses rails avec peu de surprises à l’intérieur au niveau de son déroulement. Il faut cependant mentionner que le duo Eddie/Venom fonctionne bien, que les combats envoient du lourd et que le personnage du symbiote reste définitivement gorgé d’une certaine violence. Contrairement à d’autres « héros », ce dernier n’hésite pas à bouffer ses adversaires, ce qui nous vaut quelques dialogues savoureux entre lui et Eddie.

Il y a du regret dans plusieurs choses, notamment le revirement extrêmement rapide de Venom concernant sa présence sur Terre. Souhaitant tout d’abord apporter le chaos, il change son fusil d’épaule car Eddie a réussi à le convaincre de rester de de s’améliorer. Un peu rapide et radical comme changement de comportement, surtout venant d’une créature comme Venom.

Si on ajoute à cela un méchant qui n’en est pas vraiment un sans costume, une convenance ultime dans le scénario, des problèmes de production et diverses idées qui n’ont pas plu à tout le monde, on pourrait penser que tout est perdu pour Venom et qu’il s’agit ici, encore une fois, d’un coup dans l’eau qui ne verra aucune suite.

Pourtant, les bonnes idées sont légion dans le métrage. Les symbiotes sont à l’honneur en nous présentant non seulement Venom mais également Riot, chef dictatorial sur sa planète, terrorisant les autres symbiotes et possédant une force et une capacité de combat hors normes. Deux autres créatures parasitaires se trouvent encore auprès de Life Foundation… et l’annonce d’une autre intervient dans une scène inter-générique sur laquelle je reviendrai.

Outre cela, il y a également les effets spéciaux qui mettent un point d’honneur à nous présenter un Venom comme on aurait effectivement aimé le voir à l’écran. Sans en faire des tonnes ou insister trop fortement sur des effets qui auraient été négligeables, le métrage nous offre de beaux combats numériques ainsi qu’une gueule franchement classe pour notre monstre habillé de noir.

On suit donc le scénario, certes convenu, avec une envie de découvrir la suite malgré tout. Le domaine des symbiotes n’a jamais été creusé au cinéma et en apprendre plus sur eux s’avère intéressant, surtout lorsqu’on voit la symbiose entre Eddie et son parasite (mais ne l’appelez pas comme ça ; il déteste ça).

Tout cela pour en arriver à un combat final explosif et une fin convenue où Eddie retrouve son travail, semble prendre de l’importance aux yeux d’Anne et où Venom devra apprendre à vivre avec son hôte… et inversement. La scène inter-générique nous fait le plaisir de retrouver un certain Woody Harrelson dans le rôle de… Cletus Kasady. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce super-méchant, il s’agit d’un tueur en série, ici interrogé par Eddie Brock, qui prend une nouvelle identité en enfilant l’un des symbiotes… celle de Carnage.

Donc, même si ce film n’a pas convaincu du tout la presse, le public semblait être plus derrière lui que prévu. Dès lors, nous retrouverons les nouvelles aventures de Venom en 2020 dans un second film centré sur le personnage. Espérons que Carnage sera de la partie et que nous pourrons en apprendre encore plus sur les symbiotes et leurs capacités incroyables. L’occasion, dans cette suite, de nous structurer les choses d’une meilleure manière et de nous présenter un vrai méchant d’un bout à l’autre.

Divisant les avis, Venom n’est pas un mauvais film en soi. Il s’agit d’un métrage blockbuster comme on en connaît déjà un certain nombre et qui vaut la peine d’être visionné. S’il s’agit ici simplement d’une mise en bouche pour la suite, il se peut que cela puisse donner quelque chose de fortement intéressant et, pourquoi pas, faire grimper le SMU au stade d’univers cinématographique Marvel parallèle pleinement et entièrement. Pour cela, attendons la fin de cette année et pour patienter, matez-vous Venom qui reste un bon divertissement.

Pour la suite, espérons que ce sera un Carnage dans le bon sens du terme. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page