Parasites sur l'écran

Projeté pour la première fois le 3 mai 2014 au Sci-Fi London Film Festival et ensuite dans plusieurs autres rengaines les années suivantes, Hungerford n’est disponible au grand public qu’à partir d’avril 2018. En le trouvant, j’ai pensé « Un found footage que je n’ai pas encore vu ? L’occasion est trop belle ! ». Le titre venant d’une bourgade en Angleterre et l’histoire narrant des événements paranormaux dans cette petite ville, il fallait en savoir plus. L’acteur principal, Drew Casson, s’avère être également le réalisateur. Quelques fois, visionner des films pour en faire la critique demande de la discipline, de la patience, de la tolérance… et une cafetière remplie à ras-bord. Préparez la caféine et c’est parti pour la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Cowen (Drew Casson) réalise un projet pour finaliser ses études. Ce dernier consiste à se filmer non-stop durant toute une semaine. Il vit avec son meilleur ami Adam (Tom Scarlett), Philippa (Georgia Bradley), la sœur de celui-ci, et Kipper (Sam Carter), un pote. Cette petite bande s’adonne volontiers aux fêtes alcoolisées et à la production de blagues douteuses. Mais cela c’était avant qu’un étrange orage ne déclenche une vague de crime à Hungerford. Ces événements paranormaux peuvent-ils mettre en péril leurs vies, la ville, le monde ?

Avant de commencer, précisons que le film a bénéficié d’un budget approximatif de £ 20'000, que les scènes ont été principalement improvisées par les acteurs et que nous avons affaire à une équipe relativement jeune. Cependant, on note que le réalisateur Drew Casson touche à la réalisation depuis ses douze ans, ce qui dénote tout de même une réelle passion pour le cinéma.

Mais voilà, tout ne va pas forcément comme on le voudrait. Dans tout found footage, il faut tout d’abord une bonne raison pour tenir la caméra dans la main. Elle est ici toute trouvée grâce à un travail de fin d’études pour que Cowen puisse avoir sa certification dans le domaine du multimédia. On découvre donc cette équipe de colocataires ainsi que l’amour transi de Cowen, Janine (Kitty Speed), une jeune fille aisée vivant à quelques encablures de son appartement.

Fiestas, beuveries, blagues douteuses, on assiste à un déferlement d’activités de jeunes adultes profitant de la vie, comme nous l’avons tous certainement fait un jour où l’autre. Le truc, c’est que ça ne prend pas et l’empathie qui devait nous être initiée, via la découverte de la vie des personnages, ne prend absolument pas. Arrive alors cet étrange orage, sans doute référencé comme le déclenchement de l’arrivée des envahisseurs dans La Guerre des Mondes.

A partir de là, des événements insolites se produisent et les gens commencent à devenir violents. Agression de la part du facteur, comportement bizarre du père de Janine, la petite équipe se rend rapidement compte que des parasites se logent dans la nuque des habitants d’Hungerford pour les manipuler. Tentant de survivre, ils se séparent, les amis de Cowen se font choper et il décide de les retrouver. Il découvre qu’ils sont « stockés » dans une usine des environs, entourés par des filaments arachnéens.

Retrouvailles, confrontation finale avec une créature flippante, arrivée des autorités et révélation que tout cela est en fait une invasion extra-terrestre. Discours héroïque, plan sur une grande ville en proie à la destruction, promesse de retrouver le dernier membre de l’équipe disparu, fin.

Les acteurs sont principalement des amateurs et c’est donc normal que l’empathie ne fonctionne pas des masses lors de leurs passages à l’écran. On peut souligner la prestation de Cowen comme étant sympathique (la coupe de cheveux aide beaucoup) mais pour le reste, je pense qu’il est nécessaire de repasser un peu plus tard.

Le scénario se fonde sur une attaque extra-terrestre, initiant quelques éléments du film The Bay de Barry Levinson, lui aussi un found footage, comme la présence des parasites. Lors du déclenchement de l’orage, on sent quelques relents de Cloverfield (une fête gâchée par une attaque de la ville) et on voit bien que Drew Casson connaît plusieurs classiques. Même jusqu’à faire du déodorant une arme contre les envahisseurs, comme une certaine équipe l’avait fait avec du shampoing dans Evolution.

Mais cela n’aide en rien le niveau d’incohérence de certaines scènes (« On vient de buter le facteur ! Pas grave, on le balance à la poubelle ») nous faisant plonger dans une incompréhension terrifiante et un ennui mortel. Les intrigues secondaires, notamment liées aux sentiments de Philippa pour Cowen ou la relation de ce dernier avec Janine, ne font pas mouche non plus et, honnêtement, on s’ennuie ferme.

Quarante-cinq minutes de film et j’en suis déjà à ma septième tasse de café. Allez mon grand, il faut tenir le coup ! La seconde partie ne sauve pas la mise et même si on nous offre un petit voyage en voiture qui finit mal et l’incursion d’un policier qui se la joue Nicholas Angel dans Hot Fuzz, tout ça malgré sept cafés, on continue de bailler aux corneilles.

Puis, arrive la scène finale dans l’usine qui ne fait pas monter la tension d’un seul kopek. D’ailleurs, la tension est inexistante dans la quasi-totalité du métrage. Je dis « quasi » car il y a pourtant cette scène foutrement bien orchestrée de quelques secondes dans le couloir sombre des sous-sols de l’usine. Un fond obscur, une jeune fille qui se fait happer par une créature inconnue et l’apparition de celle-ci tout en délicatesse, nous instaurant pour la première fois un sentiment de malaise. Rien que pour ce petit moment, ça valait la peine d’attendre car il y a quelque chose à sauver !

A noter aussi que l’image, malgré le fait que nous nous retrouvions dans un found footage, est claire et l’envie de dégobiller ne nous prend pas. Les plans sont corrects et nous font participer pleinement à l’action. Bon, il n’y en a pas vraiment à l’écran mais au moins, on évite de passer par la case « ça bouge trop, je suis malade ». 

On peut voir Hungerford comme une magnifique prise de pied dans le tapis mais on ne peut pas nier que Drew Casson aime le cinéma. Les accidents de parcours, ça arrive et là, on peut clairement dire que c’en est un. Au moins, le réalisateur et Georgia Bradley (interprétant Philippa) se sont mis en couple pendant le tournage. Tout n’a pas été fait en vain.

Incohérent, brouillon, lassant, pénible sur bien des points, Hungerford n’est pas à faire figurer fièrement sur l’étagère des meilleures réalisations des années 2010. Pourtant, la passion du réalisateur me pousse à croire qu’il faut attendre de voir ses prochaines créations pour se faire une idée concrète et, qui sait, permettre de réviser mon jugement… ce que j’espère.

Quelqu’un a du déodorant ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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