« C’est ta fêêêêête, alors éclate-toi à fond ! »

En lorgnant l’affiche du coin de l’œil, ce film m’a tout de suite fait penser à un certain Five Nights at Freddy’s, série de jeux horrifiques qui a débuté en 2014. Puis, en prenant quelques infos, bien que l’intrigue de base soit similaire (des animatroniques attaquant des humains dans un lieu de divertissement familial durant la nuit), le métrage n’est en rien en lien avec la série vidéoludique. Qui plus est, c’est Nicolas Cage qui trône dans le rôle principal, dirigé par Kevin Lewis (La méthode, The Drop). Alors, le film tourne-t-il rond ? Les objets inanimés peuvent-ils nous coller les miquettes ? Nicolas va-t-il nous surprendre ? On enfile son t-shirt « Willy’s Wonderland » et on se lance dans la critique ! ATTENTION : légers spoilers possibles

De passage dans une petite ville, un homme (Nicolas Cage) voit ses pneus de voiture se faire exploser par une herse. Afin qu’un mécène accepte de lui payer les réparations de son véhicule, il accepte de travailler durant une nuit pour donner un coup de chiffon dans l’ancien centre d’amusement Willy’s Wonderland. Mais voilà que les animatroniques se mettent à bouger et à l’attaquer. L’occasion de dézinguer du robot en bonne et due forme.

Ce film est remarquable sur plusieurs points… comme difficilement appréciable sur d’autres. Malgré l’aspect mitigé que l’on peut constater lors de l’arrivée du générique final, on ne peut pas nier que quelque chose de franchement bonnard s’en dégage. Prenant les spectateurs à contrepied, le réalisateur Kevin Lewis nous fait passer un agréable moment. Pourquoi ? Détail ci-dessous.

Le film démarre habilement en nous présentant une scène intrigante mettant à l’honneur un couple, une fillette et un ennemi invisible. Sachant très bien qu’il s’agit en fait des animatroniques présents sur l’affiche, on se demande comment ces gens ont pu se retrouver dans une telle situation avant de rapidement comprendre que le film ne sera pas avare en matière d’hémoglobine.

Puis on se retrouve en pleine vitesse avec une Chevrolet nerveuse à l’écran, conduite par Nicolas Cage, qui n’a pas de nom dans le film… et qui ne prononce pas un seul mot ! Pour ceux qui sont fans de l’acteur, cela risque d’être un tant soit peu déstabilisant, mais il faut dire qu’une prestation silencieuse est franchement bien vue ! Qui plus est, Cage reste qui il est en se déhanchant bizarrement lors de ses parties de flipper et conservant un regard lorgnant entre la folie, le nawak et le faux-sérieux. L’honneur est donc sauf.

L’homme sans nom (Nicolas, ce sera plus court) se fait exploser ses pneus par une herse bêtement laissée au milieu de la route. Un dépanneur débarque (quelle chance !) et lui propose de réparer sa caisse pour une certaine somme. Ne pouvant utiliser sa carte de crédit et n’ayant pas de liquide, Nicolas accepte alors de travailler une nuit dans l’ancien centre d’amusement Willy’s Wonderland, contre le paiement de la facture par le propriétaire dudit établissement, Tex Macadoo (Ric Reitz).

A partir de là, on s’embarque dans une aventure complètement dingue nous mettant immédiatement au diapason avec notre Nico préféré confronté à son premier ennemi ; Ozzie l’Autruche. On se rend alors compte que c’est barré, que ça flirte délicieusement avec le n’importe quoi et que c’est assumé. C’est donc avec un étrange intérêt que nous poursuivons la nuit avec Nicolas et ses potes, au rythme de ses parties de flipper, de ses ouvertures de canettes et de ses tabassages de monstres mécaniques. Le film m’a également étrangement fait penser à l’épisode Dés en peluche de l’excellente série Regular Show où les protagonistes (Mordecai et Rigby) se retrouvent confrontés également à des animatroniques avides de violence.

Ces derniers ont une présence (que dis-je, une aura !) perceptible durant tout le film. A l’instar des jeux Five Nights at Freddy’s, on s’attend à une apparition des bestiaux à tout moment. A ce titre, l’utilisation de costumes et d’effets mécaniques pour donner vie aux animatroniques est une fichtre bonne solution, mettant de côté l’aspect laid et impersonnel que l’on peut retrouver dans certains effets numériques. Après, pourquoi certaines projections sanguines sont faites à l’ordinateur, là, je n’en sais rien et c’est bien dommage.

La nuit palpitante de Nicolas ne serait rien sans un peu de chair à canon pour alimenter la haine des monstres robotisés. Ces derniers ont d’ailleurs une histoire assez proche d’un certain Chucky, même si les raisons de leur survie dans ce lieu restent totalement capillotractées. Mais revenons-en aux petits jeunes souhaitant bouter le feu au Willy’s et qui se retrouvent soudainement bloqués à l’intérieur. Vont-ils survivre à cette nuit ? Bien sûr que non.

Bien que servant pratiquement uniquement de prétexte à quelques morts de plus (et à un peu de sexe aussi, au passage), cette bande de jeunes peut compter sur Liv (Emily Tosta), intimement liée à cet endroit et déterminée à en finir avec ces créatures une bonne fois pour toute. Belle prestation de la jeune femme qui parvient, simplement par son regard, à capter notre attention.

Esquissant plusieurs sourires, attendant impatiemment le prochain débordement de violence de Nicolas ou la prochaine occision de l’un des jeunes, on avance dans le film en passant par quelques scènes totalement WTF : les parties de flipper de Nicolas, la destruction frénétique d’animatronique, l’heure de la pause avant un fight avec Cammy la Caméléon ou cet incroyable coup de pied dans un jukebox faisant démarrer la chanson Head Shoulders Knees Toes d’Émoi avant une confrontation mettant face à face un Nicolas en mauvaise posture et deux animatroniques en pétard.

J’en profite pour préciser que la bande originale du film colle admirablement à l’univers présenté et que l’artiste Émoi a été au fait de toutes les musiques et chansons du métrage. L’entrain que donne le titre principal de Willy est un exemple qui vous reste dans la tête un bon moment après le visionnage tout en conservant une structure assez « fête d’anniversaire » pour radicalement trancher avec ce qui nous est présenté à l’écran.

Car Willy’s Wonderland, c’est avant tout un film de style ; un personnage solitaire, indestructible (à la Chuck Norris) et muet qui se bat contre des animatroniques meurtriers, le tout baigné dans l’ambiance à la fois colorée de cet ancien centre de divertissements et pourtant si sombre au vu des événements s’y déroulant. Au niveau style, ce métrage envoie du lourd ! Sans parler de la fin qui nous fait presque attendre une suite tant on s’est pris au jeu.

Pourtant, même si les effets pratiques sont bien vus, que l’histoire fleur bon le nawak assez intéressant pour nous embarquer, que Cage nous présente une nouvelle version de lui-même (et de sa coupe de cheveux) et que le style et la violence sont au rendez-vous, il reste tout de même quelques petites choses qui ne fonctionnent malheureusement pas.

Tout d’abord, l’histoire des animatroniques est presque trop cossue pour être honnête. Là où il vaut mieux parfois ne pas trop en dire, il y a juste trop d’infos pour qu’on ne se prenne plus au mystère. Qui plus est, globalement, les personnages ne possèdent pratiquement aucun background, ni aucune profondeur. Même si l’interprétation du personnage de Cage est intéressante sur plusieurs points, n’absolument rien savoir de lui nous fait prendre une distance énorme par rapport au personnage.

La trame principale reste également extrêmement basique et on ne s’attarde donc pas trop sur le scénario en tant que tel. Les séquences de baston entre Nico et les peluches robotisées sont également assez brouillonnes et on peine à en distinguer clairement l’action. Les mouvements frénétiques de caméras sont bien entendu à agrafer au style souhaité pour le film, mais ça fait très Fast and Furious quand même.

Ce qui compte dans ce film, ce sont les personnages (enfin, Nicolas, Liv et également la shérif Lund, interprétée par l’incroyable Beth Grant, qui a notamment survécu à Speed), l’ambiance et les animatroniques pas gentils. Willy remporte bien entendu la palme et en on vient à s’attacher à ce petit gars malgré tout durant son apparition finale, restant un antagoniste finale digne de ce nom.

Il ne faut pas chercher de la profondeur durant le visionnage ; on est là pour du fun et uniquement du fun. Willy’s Wonderland est à l’image du lieu qu’il représente ; un endroit de joie, de rires, d’amusement, où tout peut basculer d’un moment à l’autre dans la noirceur de la violence et du démembrement franc et sincère d’animaux en peluche. L’histoire d’un mec solitaire face à la délicieuse absurdité de se confronter à des animatroniques meurtriers.

Pour passer un agréable moment, sans prise de tête, dans le but de voir Nicolas Cage se taire pendant 88 minutes tout en restant lui-même, de découvrir de nouveaux amis tout gentil (Arty l’Alligator, Tito la Tortue ou la belle Sirène Sara) et de voir que l’on peut encore faire du style en 2021, les amateurs vont certainement aimer Willy’s Wonderland, un paradis pour les enfants… et les adultes adeptes de survival bien timbré. Un OFNI (Objet Filmique Non Identifié) finalement fort sympathique.

« Tous ensemble nous te fêtons »… brrrr, cette phrase fait froid dans l’dos.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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