Gardez vos doudous

Les jouets revanchards dans le cinéma, on connaît. Qu’il s’agisse du flippant Chucky (Jeu d’enfant, 1988… et ses suites), des jouets qui pètent une case dans Small Soldiers (1998) ou de la looooongue série des Puppet Master, il y a de quoi faire. Bien que projeté pour la première fois en 2019 au Festival du Film de Buenos Aires, Benny Loves You n’est visionnable qu’à partir de 2021 pour le grand public. Le réalisateur Karl Holt, qui signe son premier long métrage et tient également le rôle principal, arrive-t-il à nous faire tressaillir ? Est-ce que le visionnage vaut le coup ? Savez-vous où se trouve votre doudou d’enfance en ce moment ? Retrouvez-le pour partager ce moment unique de cinéma et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient potentiellement des spoilers

Jack (Karl Holt) tente en vain de faire décoller sa carrière de designer en jouets. Vivant encore chez ses parents (à 35 ans), ne parvenant pas à se faire respecter à son travail et ayant une vie amoureuse inexistante, le décès horrible et accidentel de ses parents lui donne le boost pour prendre un nouveau départ. Il se débarrasse alors de ses jouets d’enfant dont Benny, sa peluche favorite. Mais Benny va très mal prendre ce renouveau.

Premier constat ; il ne s’agit pas d’un film d’horreur au sens où on l’entend. Nous sommes ici clairement en présence d’une comédie horrifique pur jus qui envoie du rire et des giclées sanguines à tout-va. Donc, si vous pensiez vous lancer dans le visionnage d’un film sombre, vous êtes à côté de la plaque. J’en sais quelque chose ; je ne m’attendais pas à ça.

On démarre le film en fanfare avec une séquence d’introduction qui ose aller là où d’autres métrages ne s’aventuraient jamais. Après une bonne baffe et une énucléation en bonne et due forme, la gamine de l’intro se retrouve sans voix, l’occasion pour nous de découvrir le principe de base du film ; la revanche de nos jouets préférés si l’on a l’audace de les bazarder.  

C’est ensuite la vie de Jack qui nous est présentée. Personnage passablement mou et se lovant dans la routine dont il a l’habitude depuis 35 ans, on peut noter une réelle évolution du personnage par la suite. Karl Holt reste assez impassible mais sait gérer les différentes facettes liées à son rôle. Après quelques événements dramatiques, il décide de changer de vie et se débarrasse de tous les jouets présents dans sa chambre, notamment de Benny, sorte d’Elmo avec une voix nasillarde jactant quelques phrases préenregistrées.

Mais voilà ; Benny voit d’un très mauvais œil cette séparation et décide de revenir pour montrer à Jack à quel point il l’aime (« Benny t’aime très fort ! »). Pour cela, il s’en va dézinguer de manière particulièrement brutale quelques gêneurs. Etant obligé de planquer les « conneries » de sa peluche tueuse, Jack va alors avoir une idée de génie pour son travail de designer, ce qui lui donne l’occasion de rencontrer Dawn (Claire Cartwright), une jeune femme talentueuse et intéressée par cet homme particulier.

Plus le film avance, plus ça part totalement en couilles. Les frasques de Benny sont à la fois désopilantes et atroces, à tel point que l’on ne sait pas vraiment s’il faut rire ou être horrifié. Mais au vu de la teneur du film, on s’accorde de franches parties de rigolade. Ce rythme va étonnamment être tenu jusqu’à la fin où nous avons même droit à une séquence tout en émotion. Verser une petite larme dans un film comme celui-là, il fallait y aller !

Car Benny Loves You est à des années-lumière de ce que l’on peut trouver dans ce genre-là. Certes, il y a des films comme La main qui tue (1999) ou plus récemment The Babysitter (2017 et sa suite) qui allient parfaitement humour glauque, histoire intéressante et visuel gore, mais là, dans le cas d’une peluche qui dessoude l’entourage de son protégé, c’est tout de même un autre niveau.

Du coup, Benny s’en va trancher, découper, décapiter, éventrer et hacher à tour de bras. On peut saluer la manière totalement décomplexée avec laquelle tout cela est mis en scène. On dirait réellement que c’est l’éclate sur le tournage et que même si le visuel tache beaucoup, on sent le plaisir d’animer cette petite peluche pour qu’elle déclenche tant d’événements traumatisants.

On peut notamment citer une mise en scène macabre pour le petit-déjeuner avec un corps sans tête, un broyage de chat, un carlin qui n’a pas eu le choix de se fendre la gueule, des coupages de tendons qui font mal ou encore l’utilisation d’un aspirateur de manière extrêmement peu conventionnelle ; enfin du gore rigolo ! De plus, la préparation de Benny pour le combat final n’est pas sans rappeler un certain Gizmo dans Gremlins 2 et on sent le clin d’œil à certains métrages pendant toute la durée de celui-ci, donc la passion de Karl Holt pour le cinéma de genre.

Mais l’humour est aussi au rendez-vous ! Avec son origine anglaise, le film nous propose donc une « english touch » non négligeable et fortement bienvenue ; les policiers à la ramasse, l’air constamment désabusé de Jack (et ça peut se comprendre), les scènes cocasses (l’art de planquer un corps, le concours de baffes) ; beaucoup de sourires esquissés pendant le visionnage.

Au fur et à mesure de celui-ci, je me demandais dans quel sens tout cela allait partir. C’est avec un certain plaisir qu’en dernière partie, nous voyons plusieurs autres jouets prendre part à une sorte de bataille pour savoir si leurs « patrons » peuvent encore les considérer ou non. Qui plus est, la morale du film est on ne peut plus simple ; gardez bien vos jouets préférés et ne le jetez surtout pas afin qu’ils ne reviennent pas pour démarrer une série de meurtres sordides.

C’est donc du lourd qui vous attend avec ce film mais ça fait tellement de bien ! Les quelques phrases de Benny font mouche à chaque fois et on se surprend à réellement kiffer l’ambiance globale et le WTF intégral que nous présente ce métrage. Des bémols ? Il faut mentionner des effets spéciaux passablement à la ramasse (bien que pas fondamentalement dérangeant au vu du sujet du film) et un montage parfois un peu brouillon. Mais dans l’ensemble, c’est littéralement une tuerie.

Malgré la légèreté apparente du scénario et la morale plus que douteuse, n’en reste que plusieurs thèmes sont explorés dans le film, notamment le passage (tardif) à l’âge adulte, la prise de décision, le courage de se dresser contre les problèmes quotidiens et la capacité de gérer ses émotions. Ouaip, y’a quand même de quoi faire en matière de réflexion, même si le ton donné est clairement celui du fendage de gueule (au sens littéral).

Pour passer un bon moment liant admirablement horreur et comédie, Benny Loves You a beaucoup pour plaire ; personnages attachants, histoire complètement barrée, peluche toute doudounette et psychopathe, humour sanglant et anglais, c’est une excellente surprise qui peut ravir tous les fans du genre. Si vous avez encore votre doudou d’enfance, regardez ce film avec lui ; ça devrait lui plaire !

Ta-daaaaaaa !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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