La petite lumière rouge, c'est quand ça tourne ?

Aussi connu sous le titre moins accrocheur de Police Officer Camera, Body Cam nous présente une intrigue policière avec des éléments indéniablement surnaturels. Sortant dans un contexte tendu dans lequel la violence policière se trouve dans les premières lignes de l’actualité, il n’est pas évident de donner un avis sur ce film. Réalisé par Malik Vitthal, on se retrouve plongé dans une histoire sombre et malheureusement plausible sur le fond. Est-ce que cela apporte quelque chose ? Le cinéma peut-il être un vecteur d’actualités ? La body cam était-elle allumée ? On appuie sur « ON » et on se lance dans la critique.

L’officier de police Renee Lomito (Mary J. Blige) reprend du service après quelques temps d’arrêt après la mort de son fils. Elle fait équipe avec un bleu, Danny (Nat Wolff) et ils se retrouvent rapidement sur une scène de crime où l’un de leur collègue a disparu. En regardant l’enregistrement de la caméra embarquée de sa voiture de patrouille, Renee voit une entité étrange qui avait apparemment une dent contre son collègue. Est-ce le début d’une enquête surnaturelle ?

On peut démarrer en parlant du casting. Nous avons Mary J. Blige dans le rôle principal. N’en étant pas à son coup d’essai en matière d’actrice (Umbrella Academy, Scream, la série), elle nous signe une bonne performance bien qu’un peu monocorde. Du coup, elle s’occupe également de la chanson tirée de la BO du film, Can’t Be Life.

A ses côtés, Nat Wolff dans le rôle du jeune flic, que l’on a pu voir dans le remake US de Death Note. On aurait pu penser avoir un personnage fougueux, fonçant tête baissée, mais ce n’est pas le cas, bien que l’interprétation soit juste. On retrouve également David Zayas (Dexter, The Exependables) dans le rôle du sergent Kesper ou encore David Warshofsky, interprétant l’officier Penda, moins sympathique qu’il en a l’air. A noter la présence de Anika Noni Rose jouant Taneesha, une jeune femme devant continuer d’avancer malgré la mort tragique de son fils.

Bon, autant le dire tout de suite ; le casting est bonnard et les acteurs font leur travail. Mais si l’interprétation semble jouer, ce n’est pas le cas du rythme des différents personnages. On dirait qu’ils sont tous sur un ton unique, sans aucune nuance, rendant empathie et proximité difficiles à atteindre. Tous semblent avancer péniblement d’une scène à l’autre.

L’histoire en elle-même reprend une intrigue policière avec son lot de fantôme vengeur. En lisant le pitch ou en regardant la bande-annonce, on se rend immédiatement compte que c’est après l’assassinat d’un jeune afro-américain par des officiers que l’esprit retors de ce dernier décide de les occire un par un. Sur ce plan-là, Body Cam est clairement dans le ton horrifique. Les morts sont graphiques et font souvent mal (on ne tire pas la langue…).

Mais outre cela, pendant tout le reste du film, on passe son temps à voir la vie quotidienne de nos différents protagonistes, quelques fois en confrontation avec des éléments d’un autre monde. Certaines scènes sont à rallonges (la visite de la maison de Taneesha, la découverte de l’hécatombe de la supérette) et on se demande si c’est normal que l’on ne ressente aucune tension.

Même les révélations finales au sujet de certains protagonistes ne nous surprennent pas plus que ça, la faute principale venant d’une mise en scène linéaire qui ne cherche pas à nous envoyer sur de fausses pistes ou à nous faire monter notre rythme cardiaque d’un seul iota. Tout semble terriblement lisse dans la structure du récit, tout comme dans le développement des personnages ou même du final.

On peut cependant voir ce film comme étant une claire dénonciation de la violence spontanée et des tragédies qui peuvent en découler. Mais là encore, on ne comprend pas vraiment comment tout cela se goupille. Du coup, tous les personnages ont quelque chose à se reprocher, soit dans leurs actes soit dans leur vengeance, la violence étant le moteur omniprésent pour chacun. Seule Renee, intouchable, peut traverser ce no man’s land sans égratignure.

De plus, le titre Body Cam nous laissait à penser que l’utilisation de ces mini-caméras aurait une importance légitime dans le récit. Ici, cela est utilisé principalement pour voir l’entité (que seule Renee voit parce qu’après un premier visionnage, les images sont mystérieusement dépourvues de ladite entité) et les rares séquences filmées de cette manière n’utilisent pas le concept à fond, si ce n’est la mort du jeune homme qui est entièrement tournée ainsi.

On parle pourtant d’un sujet grave qu’est la conséquence de la violence dans notre société et comment cette dernière est gérée lorsqu’il arrive ce que l’on appelle des bavures. Il est cependant compliqué de mettre ce problème à l’écran en toute conscience et d’avoir une vue globale de la situation sans exaction malvenues. Qui plus est, insérer un aspect horrifique avec esprit vengeur dans ce contexte, c’est également compliqué.

Je ne peux pas dire que Body Cam soit un mauvais film, mais il donne une impression d’inachevé. A l’issue du métrage, alors que la voix de Mary J. Blige se fait entendre sur le titre de la BO, j’ai ressenti un profond manquement, comme si je venais de voir quelque chose qui n’avait pas un aboutissement concret. Comme une simple idée mise en image mais qui n’avait pas une pertinence finale absolue.

Pour ceux qui aiment les intrigues policières teintées de surnaturel, je vous invite à regarder Délivre-nous du mal de Scott Derrickson. Bien que Body Cam ait son lot d’images sanglantes, il reste extrêmement lisse sur sa durée. Vous pouvez bien entendu tenter le coup ; peut-être y trouverez-vous votre compte. Personnellement, il ne va pas rester bien longtemps dans mon entrepôt-mémoire.

Et s’ils font une suite qui s’appelle Go-Pro, c’est sans moi.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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