Wesh ! C'est la classe !

En 2019, Netflix nous fait faire de graves bonnes découvertes de séries françaises ! Après l’incroyable Marianne de Samuel Bodin, Mortel débarque sur la plate-forme. Série pour ados pur jus, contenant cependant un bon lot de surnaturel, la création revient à Frédéric Garcia, qui a déjà été au fait de Skam France en 2018. Samuel Bodin m’ayant redonné confiance en la capacité française de faire de l’excellent matériel horrifique, est-ce que cette série va également confirmer que nous sommes sur la bonne pente ? La banlieue, est-ce morose ? Les rituels vaudous sont-ils à inclure dans un prochain cursus ? La présence d’Edouard Salier et Simon Astier aux réalisations me laisse à penser qu’on va vers du bon. On révise son argot des cités et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers.

Dans un lycée de banlieue, Sofiane (Carl Malapa) fait n’importe quoi depuis la disparition étrange de son grand frère. Victor (Nemo Schiffman), introverti au possible, tente de se remettre d’un séjour en institution psychiatrique. Luisa (Manon Bresch) veut percer dans le dessin et habite avec sa grand-mère Elizabeth (Firmine Richard) qui pratique le vaudou. Ils ne le savent pas encore mais les trois adolescents vont se retrouver au cœur d’une sordide intrigue impliquant un dieu vaudou prénommé Obé (Corentin Fila).

Comment ne pas se laisser tenter par un pitch comme celui-là ? La situation des banlieues est très souvent utilisée dans le cinéma français, à titre sérieux ou pour le fun. Ici, le cadre possède une importance capitale car les trois protagonistes principaux viennent d’horizons différents, tout comme la richesse des cultures que l’on peut retrouver dans certaines cités.

Et c’est parti pour une première saison de six épisodes oscillants entre 45 et 55 minutes ! On démarre fort avec un pilote nous balançant directement l’aspect surnaturel de la série et nous présentant les personnages que nous allons voir évoluer en cours de route. Il n’est pas nécessaire de préciser que dès ce moment-là, notre curiosité est titillée et nous invite à continuer le visionnage.

Les personnages principaux sont tous bien dans leurs baskets. Sofiane est un perturbateur de premier plan depuis la disparition de son frère Réda (Sami Outalbali). Ce personnage est central car c’est bien l’absence du grand frangin qui déclenche les événements présentés dans Mortel. Afin de retrouver celui qu’il considère comme son modèle, il demande l’aide de Victor. Adolescent perturbé, étrange, possédant une coupe de cheveux que l’on pourrait qualifier d’illégitime, l’interprétation de Nemo Schiffman est impeccable, le mal-être du personnage transcendant notre écran.

Les deux comparses vont alors faire équipe pour tenter de découvrir ce qui est arrivé au grand frère de Sofiane, non sans avoir rencontré Obé, un personnage flippant possédant des lunettes scintillantes qui n’inspirent pas confiance. Tantôt menaçant, tantôt conciliant, on comprend les changements d’humeur du personnage lors du dernier épisode. On peut cependant dire qu’il s’agit ici d’un véritable antagoniste, fourbe et calculateur à souhait.  

La jeune et jolie Luisa prête main-forte à Sofiane et Victor. S’amourachant du second, elle peut utiliser ses connaissances en vaudou pour apporter son aide dans cette affaire. Sa grand-mère est également au cœur de l’intrigue et les prestations de l’une comme de l’autre sont dans le ton, apportant un aspect mystérieux et sombre bienvenu.

La petite amie de Sofiane, Mélanie (Léa Léviant) patauge un peu sentimentalement avec son cher et tendre qui fait n’importe quoi ; Bastien (Marvin Dubart), ex-petit ami de Luisa, est le sportif à qui il ne faut pas chercher des crosses ; et Audrey (Anaïs Thomas) est la conseillère du lycée qui possède un énorme poids sur la conscience. Globalement, tous les acteurs semblent être à l’aise dans leurs rôles et cela aide énormément à l’immersion dans la série, même si on ressent parfois certaines hésitations. 

Mais revenons à la trame scénaristique ; la disparition de Réda. Sofiane se fait contacter par Obé et lui promet de l’aider à venger son frère, assassiné par un inconnu, en lui octroyant des pouvoirs. Cependant, pour que cela se fasse, ils doivent être deux et procéder à un pacte. Sofiane voit alors en Victor une potentielle « victime » pour compléter le duo. C’est ainsi que les deux jeunes vont faire équipe.

Sofiane possédant un don de télékinésie hors normes et Victor pouvant lire dans les pensées, leurs pouvoirs sont de l’ordre du connu. Cependant, c’est la manière de les utiliser qui diffère. Tout d’abord, ils ne peuvent pas en user s’ils ne se trouvent pas à proximité. Ensuite, si l’un d’entre eux utilise le sien… cela affaibli l’autre. Cette particularité leur permet de se retrouver parfois dans des situations extrêmement tendues où il faut choisir entre la vie de l’une des deux ou l’accomplissement d’une mission.

Luisa vient bien entendu compléter le tableau avec un « A » en utilisation de la magie vaudou. De fil en aiguille, le petit groupe va découvrir qu’Obé n’est pas forcément celui qu’il prétend et qu’il a été banni du domaine des dieux, un sacrifice étant un moyen pour lui de retrouver sa superbe. Entre enquête, incursions surnaturelles et confrontations à grands coups de pouvoirs, Mortel est clairement une série fantastique.

Cela ne s’arrête cependant pas là. Traitant principalement du sujet de l’amitié, les trois ados que tout oppose vont apprendre à travailler et vivre ensemble, découvrant ainsi les valeurs qui s’imposent lorsque nous avons des amis prêts à donner leur vie pour aider les autres. S’ils veulent survivre à la confrontation finale, il leur faut alors s’accepter eux-mêmes… tout comme accepter les autres.  

Nous avons aussi plusieurs passages traitant de la difficulté des jeunes dans leur vie sociale qui prend un essor non négligeable pendant cette période-là. Sofiane et ses problèmes de couple avec Mélanie ; les liens familiaux entretenus par Victor et ses parents ; la difficulté d’émancipation de Luisa ; les boulets traînés par la conseillère Audrey ; tout cela entre en ligne de compte dans le scénario pour donner de la consistance aux personnages et également nous raconter une histoire qui va au-delà du simple scénario surnaturel.

Mortel parle des choix cruciaux à faire durant une vie, pour preuve le choix ultime de Luisa lors de la confrontation finale avec Obé et le mystérieux tueur de Réda. Les conséquences ne sont pas toujours calculées et le doute s’immisce très souvent dans les actions de nos trois jeunes. Le constat est qu’autant eux que les adultes peinent à prendre des décisions drastiques quand cela est nécessaire et cherchent tous une rédemption et une valeur d’existence au travers de leurs actions.

Bien entendu, tout comme dans nos vies respectives, ça cahote parfois un peu et on a l’impression de tourner en boucle dans les intrigues secondaires qui parsèment le métrage. Le changement radical de comportement et de décision peut s’apparenter à « l’âge bête » traversé par les protagonistes, amplifiant cet effet qui semble répétitif. Cependant, il s’agit sans doute ici d’un élément permettant de donner un aspect plus réaliste à la situation des différentes protagonistes.

Les six épisodes sont rapidement dévorés et on assiste à un final consistant, cohérent et remplit d’une tension franchement sympathique. Tout cela avant que les protagonistes prennent conscience de l’amitié véritable qui les lie… et de terminer cette saison sur un twist énorme, nous imposant presque une impatience viscérale d’attendre une suite.

En fin de saison, on voit que les choses commencent de prendre une consistance différente, notamment avec la rencontre d’Elizabeth et d’autres pros du vaudou avec qui elle parle des Descendants. Sans doute un groupe de protection contre les entités malveillantes qui voudraient venir foutre le bordel dans notre plan de vie, mais nous n’en saurons pas beaucoup plus, si ce n’est que Luisa semble être en mesure de faire partie des leurs. Et qui sont ceux qu’Obé appelle quand il se retrouve coincé dans un monde vide ? Là encore, pour le moment, mystère. 

La musique a également la part belle dans cette série ! Avec des artistes comme Disiz La Peste, Shurik’n, Myth Syzer, Lil Kleine et même Laura Pausini pour ne citer qu’eux, la bande son colle admirablement au contexte et nous permet de un transport immédiat dans un cadre complet et recherché qu’est celui des banlieues.

La violence a une place prépondérante dans la série, qu’elle soit physique ou psychologique. L’accusation de Luisa concernant Sofiane et Victor laisse pas mal de séquelles à tout le monde et la présence d’un tueur masqué dans les environs n’aident pas à être totalement à l’aise lorsque la nuit tombe. Le personnage de Victor a également une histoire d’enfance des plus sordides et nous comprenons dès lors son état, même s’il possède un côté artistique non négligeable.

Avec ses thèmes nombreux, son rythme bien soutenu et son scénario intrigant, Mortel est une série qui prouve qu’il est possible de faire du bon résultat avec des idées et une structure correspondante. Nous sommes ici en présence d’une première saison qui semble clairement poser les bases pour une suite qui, je l’espère, creusera un peu plus l’intrigue tournant autour des Descendants et des géniteurs d’Obé. En tout cas, la saison deux sera à visionner, c’est sûr.

Et si vous croisez un individu chelou avec des lunettes façon kaléidoscope, évitez de faire un pacte avec lui.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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