Faites de beaux rêves... non, sérieusement !

Absentia, Oculus, Hush, Ouija : les origines, c’est Mike Flanagan (eh non, ce n’est pas une formule cheloue dans Harry Potter). Le bonhomme s’y connaît en métrage horrifique. Forcément, en découvrant que Before I Wake était de lui, j’ai sauté sur l’occasion. Sorti en 2016 (tout comme Hush et Ouija : les origines), ce film, doté d’une affiche alléchante et prometteuse, doit certainement nous faire rêver… ou cauchemarder.

Jessie et Mark ont perdu leur enfant lors d’un tragique accident domestique. Souhaitant adopter un nouveau marmot, on leur présente le petit Cody, 8 ans. Ravis de l’accueillir dans leur maison et mettant tout en œuvre pour finaliser leur deuil et accepter ce nouveau venu dans la famille, ils vont rapidement se rendre compte que le petiot à un don tout particulier. Lorsqu’il dort, ses rêves se matérialisent. Voyant cela comme quelque chose de beau et magique, Jessie et Mark comprendront que les cauchemars de Cody, eux aussi, deviennent réalité.

Postulat extrêmement sympathique pour un départ de métrage horrifique ! Cependant, et je tiens à le dire tout de suite, il s’agit plus ici d’un drame surnaturel car de la pétoche, y’en aura pas des masses. Cependant, le scénario est peaufiné de manière à avoir un réel ancrage à l’histoire. Ici, nous n’aurons pas un étalage de scènes choc tentant de donner un effet de trouille qui aurait été des plus malvenus. Le film traite, en premier lieu, du deuil. Et tout au long de l’histoire, les métaphores se succèdent, permettant ainsi aux spectateurs, tout comme aux parents Jessie et Mark, de passer par différents processus afin de mieux comprendre ce mal et d’en arriver à l’acceptation.

Les liens familiaux fracturés sont la base même du métrage. Sans partir dans des théories vaseuses ou des solutions toutes faites, Mike Flanagan va tranquillement poser les jalons pour une compréhension bien amenée sur ce sujet extrêmement douloureux. Les rêves et cauchemars du petit Cody seront une sorte de fil conducteur, emmenant le spectateur jusqu’à un dénouement final intéressant, tout en passant pas une case « psychologie » qui n’est pas à exclure. Un très bon point pour ce film, permettant une lecture sans prise de tête et surtout sans surenchère.

Kate Bosworth joue Jessie, la mère. Lois Lane du malheureux Superman Returns et actrice principale du film Chiens de paille (le remake), elle campe ici LE personnage du film. Ambigu dans ses actions (mère aimante qui tout à coup « utilise » le don de Cody pour son profit personnel), le rôle reste cependant étonnamment plat au niveau des émotions et l’on finit par se demander exactement ce qu’il lui passe dans la tête. On dira que tout ça relève de la complexité psychologique liée à la perte d’un être cher.

Pour le père de famille Mark, on aura un Thomas Jane fidèle à lui-même. Déjà père aux prises avec des forces qui le dépassent dans The Mist, il parvient à équilibrer son personnage dans Before I Wake, oscillant entre l’homme dur qui ne laisse rien transparaître, au père aimant et attentionné. Le jeune Jacob Tremblay est Cody et malgré son jeune âge, il se débrouille admirablement bien, parvenant à intégrer pleinement le rôle et nous montrer la complexité que peut avoir un enfant à posséder un pouvoir aussi extraordinaire et terrifiant. A noter la présence d’Annabeth Gish en employée de l’orphelinat qui se retrouvera face à la réalité des rêves de Cody. Elle ne devrait pas avoir de mal à gérer cela vu qu’elle a campé le rôle de l’agent Monica Reyes dans X-Files.

Revenons au pouvoir du petit Cody. Ses rêves se matérialisant, nous aurons droit à des moments magiques, teintés de couleurs, de sourires et de bien-être. Poétique, onirique, ça sent bon l’enfance et l’innocence. L’ambiance lors de ces instants pourrait être comparée à un conte, une histoire chaleureuse où, littéralement, les rêves peuvent devenir réalité. Le revers de l’oreiller, c’est bien entendu que les cauchemars vont aussi prendre vie.

Dans ce cas-là, nous déversons dans le conte macabre. En restant très soft sur une quelconque horreur à part entière, Mike Flanagan nous colle tout de même quelques sursauts, usant des ficelles des métrages horrifiques mais modifiant intelligemment les standards établis pour mieux nous surprendre. En particulier la scène des dédales de couloirs de l’orphelinat peut mettre à mal notre santé mentale, jouant sur le côté extrêmement malsain du vécu de Jessie.

Puis, vient le pire du cauchemar ; le Canker Man. Créature cauchemardesque, souriante, rapide et violente, elle s’en prend aux personnes alentours, les faisant disparaître de manière plutôt originale. Véritable croque-mitaine, ses origines et son nom seront expliqués en fin de métrage, donnant une nouvelle métaphore tout à fait intéressante. Les apparitions de cette chose sont flippantes les premières fois, puis on d’habitue malheureusement à sa présence et elle devient alors beaucoup plus tolérable.

Au niveau du scénario, nous aurons un suivi tout à fait correct, mais quelques petites choses sont zappées çà-et-là. Rien de bien méchant pour la compréhension du métrage, mais certaines zones d’ombre subsistes. La plus cossue est celle de l’origine des pouvoirs de Cody ? On n’en saura rien (et finalement, est-ce bien nécessaire ?). Les autres grosses questions du film trouvent toutes une réponse et c’est ça qu’il faut retenir principalement. Pas d’immense lacune de la taille du Grand Canyon et c’est très appréciable dans un film comme celui-ci. Reste la fin qui est, à mon avis, une manière étrange de terminer le film, une demi-teinte comme s’il n’y avait pas eu de décision clairement prise pour le final. On notera également que cela fini comme un conte. Un conte narrant les étapes terribles du deuil jusqu’à la fameuse acceptation.  

Before I Wake n’est pas réellement un film d’horreur. Ce drame surnaturel traite d’un sujet lourd avec une ingéniosité franchement rodée. On en ressort avec un sentiment de satisfaction. Oui, satisfait de ne pas avoir eu à revoir un scénario hyper traditionnel. Satisfait de la tournure des événements et des explications données. Satisfait des acteurs et de leur travail. Dans la veine de métrages comme Mister Babadook ou The Door, le sujet du deuil familial est toujours extrêmement délicat mais étonnamment bien traité dans les films susmentionnés, et particulièrement celui-ci. Entre rêverie de l’irréel et cauchemar de la réalité, un juste équilibre a été trouvé et l’on peut, dès lors, dormir sur nos deux oreilles.

Alors, pour plus de sécurité, je vous souhaite de faire de beaux rêves. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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