Tu secté pas mal ?

Retour dans le passé, les critikers ! On retourne en 1999 pour faire le point sur La secte sans nom, film de Jaume Balagueró. Rien que le titre annonce déjà la couleur ; ça va être sombre. Pour remettre les choses dans leur contexte, nous sommes à la fin des années 90. Les sectes ont connu une certaine renommée durant cette décennie, notamment avec la terrible affaire de l'OTS entre 1994 et 1997 ou encore le siège de Waco en 1993. Du coup, avant de passer à l'an 2000, on décide de mettre en image un roman de Ramsay Campbell parlant d'une étrange secte. Que va donner ce métrage sans nom ?

Claudia est dévastée ; le cadavre retrouvé dans un puits serait bien celui de sa fille disparue. Cinq ans plus tard, ne parvenant pas à surmonter cette perte, elle va recevoir un étrange coup de téléphone d'une personne disant être sa fille. Se pourrait-il qu'elle soit toujours en vie ? Où se trouve-t-elle ? Et à qui essaie-t-elle apparemment d'échapper ? Qu'est-ce qui peut la terrifier autant ? 

L'ambiance est glauque à souhait, restant toujours dans des tons sombres, lorgnant sur le gris, le brun et le blanc. Nous nous retrouvons déjà, visuellement parlant, dans quelque chose d'étouffant et cela ne va pas aller en s'améliorant. En avançant dans l'enquête sur la recherche de la petite Angela, nous allons découvrir, petit à petit, des bribes d'informations sur cette secte qui est composée des Sans-noms. Leur but ultime ; la synthèse du mal absolu, rien que ça. Pour se faire, des mécaniques seront révélées au compte-goutte pour conserver un voile de mystère sur ces étranges et terribles adeptes. Bien vu ; en montrer juste assez pour comprendre mais pas assez pour ne pas se poser de questions. 

Du propre aveu du réalisateur, il voulait rendre hommage à Seven et au Silence des agneaux. Même si La secte sans nom ne parvient pas à se hisser à ces hauteurs, n'en reste que le constat de l'hommage est bien présent. Tout d'abord dans le traitement, comme mentionné plus haut, mais également dans les acteurs torturés qui arpentent le long du métrage. 

Emma Vilarasau est Claudia, une mère rongée par la perte de son enfant et qui entrevoit l'espoir de la retrouver. Rôle parfaitement correct, on admire sa témérité. L'actrice, avec une vingtaine de films à son actif, n'a pas à rougir de sa prestation. Karra Elejalde joue Massera, un flic qui n'est plus flic mais qui conserve tout de même son âme de flic. Il va aider Claudia dans l'enquête pour retrouver sa fille. Il a également vécu un drame familial. Le rôle du journaliste Quiroga est joué par Tristán Ulloa. Tiraillé entre la vérité et ce que le lecteurs veulent dans leur canard, il va également se mettre en piste pour aider Claudia dans ses recherches. A noter également l'apparition de Carlos Lasarte en sectaire complètement taré et campant sans doute un des personnages les plus cinglés du cinéma. On a pu le voir notamment dans REC et REC 2 où il avait également un rôle des plus étranges. Et pour terminer, mentionnons Jessica Del Pozo dont la prestation d'Angela vous hantera à vie. Si, si, à vie. 

La secte sans nom gère son scénario d'un bout à l'autre... mais ne manque pas de quelques lourdeurs. Les personnages, bien qu'intéressants, sont trop "lourds" dans leur vécu. On a droit à un regroupement de dépressifs absolus au même endroit et sur la même enquête. Du coup, on creuse tellement profondément qu'on s'attends à trouver du pétrole... ou une strate infranchissable. Même si le désespoir des protagonistes est là pour noircir le tableau, cela donne plus un effet de ralentisseur que d'accélérant. Le drame vécu par Claudia est totalement justifié scénaristiquement tandis que celui de Massera l'est, à mes yeux, beaucoup moins. 

Car de la noirceur, on en aura dans ce film. Pour preuve, l'une des scènes au début du métrage avec l'autopsie du cadavre de la fillette retrouvée dans un puits. Je veux bien que l'on mette le spectateur mal à l'aise mais là, on à l'impression qu'on nous balance le cadavre en plein dans la poire histoire de nous choquer une fois pour toute. D'ailleurs, aucun autre passage ne sera aussi horrible visuellement par la suite. Si le but était de choquer... ben c'est réussi. En même temps, on peut se consoler ; on a au moins retrouvé Samara. 

A noter également certaines transitions de scènes qui se font au moyen d'images brouillées et de parasites. Si les premières fois ce moyen de passage fait son petit effet, il devient vite lassant par la suite et on aimerait bien en revenir à des transitions standards. OK, c'est fait pour intensifier le malaise devant le film, mais est-ce vraiment nécessaire au vu du contenu qui s'y trouve déjà ? 

Cependant, ce ne sont pas ces défauts qui vont mettre à terre le film. Jaume Balagueró signe ici son premier long métrage et s'en tire avec brio. Celui que nous reverrons aux commandes de films comme FragileREC ou encore REC 2 maîtrise déjà bien la chose et nous prouve qu'il va encore nous en mettre plein les mirettes par la suite. Nous assistons au balbutiements d'un réalisateur de talent qui se fait les griffes en nous présentant du lourd (dans tous les sens du terme). Mais autant on pourrait se mettre à suffoquer, autant il faut admettre le talent de l'équipe derrière la caméra et celui des acteurs devant. 

Car La secte sans nom, c'est avant tout une histoire de secte. Quel est l'un des buts des sectes ? Tirer du pognon, oui, on sait. Mais encore ? C'est de pratiquer une manipulation qui découlera sur le changement de comportement, de manière de vivre et de penser des adeptes. Ce film fait un peu cet effet là... surtout avec sa dernière image. De toutes les fins auxquelles j'ai pu assister, je dois dire que celle-ci me colle encore des frissons sur les poils des avant-bras. Vous voulez savoir ? Regardez donc le film, petits malins !

Lourd, étouffant et sombre, tout en étant également bien foutu, cohérent et prenant, La secte sans nom est ce genre de film parfois incompris (d'où le titre de la critique). En regardant en arrière, on pourrait se dire que ça a mal vieilli mais remis dans son contexte, il a fait l'effet d'une bombe pour ceux qui ont eu la chance de le voir lors de sa sortie. Amateurs d'ambiance pesante et de fin abrupte, ce film est pour vous. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page