Le reflet de base

Mirrors et Mirrors 2, respectivement sortis en 2008 et 2010, sont issus de ce métrage Sud-Coréen réalisé en 2003 par Kim Sung-ho. On le sait, côté Asie, on assure carrément en matière de films d’horreur, mais pas seulement. La plupart des films de genre provenant de chez eux développent également leurs personnages, donnant une dimension horrifique mais également cruellement humaine, ce qu’il manque parfois de notre côté du globe. Alors, est-ce que le matériau d’origine des Mirrors vaut son pesant de miroirs ?

Wu Young-min, ancien policier, parvient difficilement à se remettre de la mort de son coéquipier durant une intervention. Afin de remonter la pente, il travaille pour son oncle dans un grand centre commercial qui va prochainement rouvrir avec un terrible incendie. La mort étrange d’une employée devant un miroir va confronter Wu à ses anciens collègues et également à sa soif de découvrir la vérité pour boucler cette affaire. Les accidents étranges continuent et Wu se dit que les miroirs ne doivent pas être étrangers à ces événements.

A nouveau, le cinéma asiatique parvient à nous mettre une bonne claque dans les dents. Ici, il n’est pas seulement question de miroirs qui tuent ou encore de jump-scares à foison. Ce qui est mis en avant dans Into the mirror, ce sont les personnages. Yoo Ji-tae joue l’ancien inspecteur de police Wu. Emotionnellement perturbé, il a un léger souci avec son reflet, ne parvenant plus à se regarder en face depuis l’incident qui a coûté la vie à son coéquipier. Il nous livre une prestation honnête en gardien de la sécurité ayant des difficultés à couper avec le passé et se retrouvant au milieu d’une enquête pour le moins bizarre. Kim Myung-min est l’inspecteur Heo, obsédé par sa promotion et souhaitant boucler cette affaire au plus vite, quitte à balayer son ancien collègue sur sa route. Kim Hye-na joue le rôle des jumelles Ji et Jeong. Rôle féminin un poil tordu, cela colle bien à l’ambiance émotionnellement secouée du métrage. Avec son lot d’acteurs secondaires apportant de l’humour ou encore de l’émotion à l’histoire, Into the mirror se débrouille bien en matière de casting.

Que donne donc le scénario ? Comme mentionné précédemment, nous aurons une bonne partie du film consacrée uniquement à la profondeur des différents protagonistes. Cela apporte certes de l’eau au moulin, mais peut entraîner quelques longueurs. Rien de bien grave, cela dit, car il faut bien que l’histoire puisse avoir de la consistance pour profiter pleinement du final.

Pour le reste du film, on se retrouve avec quelques apparitions dans les miroirs et une touche de morts graphiques. Pas d’hurlements de terreur en vue, simplement une bonne mise en place de l’ambiance pour nous permettre de profiter au mieux du film. Au niveau crispation, on trouvera sans doute mieux, mais l’effet recherché ici est clairement de l’ordre de la consistance de l’histoire et non pas du niveau de peur qu’il est possible de lancer à la tête des spectateurs.

Autre formule intéressante dans Into the mirror ; la notion de miroir. Il y a non seulement la présence des glaces dans le centre commercial, imposantes, mystérieuses, sources de spéculations de la part de quelques employés. Le renvoi de l’image des visiteurs dans ces surfaces de tain ne font qu’amplifier l’effet de grandeur, non seulement du lieu… mais aussi du miroir lui-même. Cependant, cette notion de miroir ne s’arrête pas seulement au magasin.

Les deux personnages principaux, l’agent de sécurité Wu et l’inspecteur Heo, se renvoient mutuellement leur image. Au détour d’une scène, on apprend que Wu n’a jamais eu réellement besoin de se battre dans la vie pour avoir ce qu’il voulait, au contraire d’Heo qui a grandit à la dure. Chacun renvoie à l’autre un reflet de ce qu’il redoute le plus, ou du moins ce qu’il a le plus de mal à comprendre. Il en va de même pour Ji et Jeong, jumelles, se renvoyant leur propre image identique, ce qui donnera droit à quelques idées bien montées en cours de métrage.

Dans sa phase finale, Into the mirror ne désemplit pas et utilisera ce qui a été vu durant tout le film pour nous le renvoyer en pleine tête, via une vendetta bien sentie sur le méchant principal. Puis, vient la sortie de l’hôpital de Wu, vu comme une libération et l’occasion de reprendre sa vie là où il l’avait arrêtée. Mais au royaume des miroirs, tout ne se passe pas réellement comme on le voudrait. On se retrouve alors avec une dernière image flippante, nous saisissant dans notre siège comme si on se retrouvait à la place de Wu. Tout ça avant un fond noir libérateur nous laissant sur la question du fractionnement de l’individu lors de chocs psychiques.

Cet aspect du film reste toutefois une manière simple et efficace d’expliquer, psychologiquement parlant, ce que les miroirs reflètent pour notre psyché. On a un peu l’impression d’une morale placée en chemin pour nous offrir un semblant d’explication rationnelle là où il n’y en avait pas du tout besoin. Cela offre tout de même un final compréhensible et cohérent avec le reste du film. Cependant, il s’agira apparemment de la seule explication attenante au film, l’aspect paranormal étant étrangement mêlé à cette dernière, confondant ainsi folie et légende.

Into the mirror tien ses promesses de film asiatique surfant entre l’enquête policière et l’horrifique. Personnages fournis, enquête dans une ambiance étrange et final partant totalement dans le paranormal, on croise différemment notre regard dans une glace après ce type de métrage. On aurait apprécié un peu plus de moments de tension mais avec la consistance finale du film, on ne peut qu’apprécier. Si les Mirrors sont le reflet, ce film est le miroir.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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