Credendo Vides

Peut-être pourras-tu voir si tu y crois. C’est là toute l’essence de ce film de 2001 réalisé par Philip Spink et inspiré du livre de James C. Christensen Voyage of the Basset publié en 1996. A la base, ce métrage est en fait une mini-série diffusée sur Odyssey Network. On peut noter que ce film est potentiellement plus connu sous son titre Le Voyage de la Licorne. Alors, va-t-on être émerveillé ? Une mini-série de 2001 peut-elle rivaliser avec un métrage cinématographique ? Que penser de la condition des Gorgones esseulées au milieu d’une île cheloue ? Après avoir vu ce bijou de fantastique, qui plus est en très charmante compagnie, je peux vous livrer la critique. Larguez les amarres, c’est parti ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Alan Aisling (Beau Bridges), professeur de son état, vient de perdre son épouse. Il puise sa force dans sa croyance d’un monde imaginaire et dans son credo absolu ; Credendo Vides. Ses deux filles Miranda (Heather McEwen) et Cassie (Chantal Conlin) font leur deuil comme elles peuvent, l’une faisant preuve de rudesse et l’autre se déconnectant de la réalité en contemplant les dessins de sa défunte mère. Une nuit, la famille se fait agresser par une bande de trolls et sauver in extremis par un nain et un elfe. Commence alors pour eux un voyage au-delà de l’imagination où le credo ultime d’Alan prendra tout son sens.  

Côté casting, nous avons le fils de Lloyd Bridges en tête de liste. De prime abord, on le voit très bien dans le rôle du professeur mais bien moins dans celui du combattant aguerri qui s’en va sauver tout un peuple. Et pourtant, la magie fonctionne. On se prend d’affection pour ce père de famille rongé par le deuil, cherchant inexorablement à trouver des réponses sur la condition humaine et ses limites. Bonne prestation de la part de cet acteur à la filmographie rutilante.

Puis viennent les deux filles. La plus âgée, Miranda, opère bien son rôle de grande sœur parfois tyrannique tout en conservant un côté touchant et fragile. Le personnage est effectivement attachant, mais moins que sa petite sœur Cassie. Celle-ci, émerveillée à chaque instant par la beauté du monde magique dans lequel elle se trouve, nous ramène directement à la case « enfance » sans passer par le « Start ». Sa capacité à voir le bon même dans la plus vile des créatures nous montre qu’à une époque, nous aussi, nous étions capables de voir cela.

Le grand méchant troll du secteur est interprété par Mackenzie Gray et a pour nom Skotos. Enfoiré type que l’on peut retrouver dans nombre de métrages fantastiques, celui-ci possède un charisme en demi-teinte et tous les clichés du genre (c’est quoi cette habitude de se la péter en riant aux éclats avant de poser comme s’il prenait une photo de magazine de mode ?). Il fait pourtant bien son taf de méchant (sa sale tronche aide beaucoup) et parvient à mettre à mal le monde dans lequel il vit.

Colin Heath dans le rôle de Malachi en capitaine de la Licorne pirouette dans tous les sens et se trouve être attachant ; Kristian Ayre est Sebastian, le second de Malachi, timide, réservé mais déterminé ; Mark Gibbon est le Minotaure, imposant, grognon et étonnamment brave type ; Kira Clavell est impeccable en Méduse, possédant une présence de haut vol et un regard saisissant (sans déc’) ; et on note la présence de Markus Parilo en Obéron, roi du monde imaginaire et léger empaffé à ses heures perdues.

De bons acteurs qui sont dans leurs rôles et qui parviennent à nous balancer à la tronche toutes nos années d’enfance ? Check. Maintenant, qu’en est-il de l’histoire ? Voyage-t-on aussi au pays de nos jeunesses ? Partant sur un postulat des plus simples (y croire, c’est voir), le film nous emmène au bout de la Terre, aux pays des merveilles. C’est à bord de la Licorne, un navire plus grand dedans qu’il n’y paraît de l’extérieur (comme la cabine d’un certain Docteur), que l’aventure au pays de la féérie commence. Nos trois humains découvrent qu’ils font partie d’une prophétie visant à sauver tout ce petit monde, larguant sur leurs maigres épaules une responsabilité et pas des moindres.

On peut alors se dire que l’on a déjà vu ça quelque part, notamment dans L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen (1984), lui-même tiré du roman éponyme de Michael Ende (1979). Là aussi, un jeune garçon humain se devait de sauver toute une civilisation imaginaire et fantastique. Dans Le Voyage de la Licorne, on ne cherche pas à faire du copiage et encore moins du collage. On peut noter quelques scènes à rallonge (le coup de la danse sur le bateau) mais rien de réellement dramatique. Le scénario est bien construit, facile à suivre et permet de vivre plein d’aventures sur les 170 minutes du métrage.

Car des aventures, on va en avoir en veux-tu, en voilà ! Professeur axé sur la mythologie, il est dès lors normal de se retrouver avec de véritables pièces maîtresses en la matière durant le film. La Grèce Antique est à l’honneur avec la présence du Minotaure, de Méduse et du Sphinx, mais on mentionne aussi les structures Mésopotamiennes (Ziggurat), les légendes médiévales (Obéron), les standards du fantastique (sirènes, elfes, nains) et même du Shakespeare (la Reine Titania venant de la comédie Le Songe d’une nuit d’été). Amateurs de créatures en tout genre, vous serez servis !

Et le mieux dans tout ça, ce sont les effets spéciaux. Nous sommes dans une production télévisuelle de 2001 et il est légitime de se demander si la production n’aurait pas un peu râpé de pognon sur les divers effets et maquillages. Que nenni ! Les créatures sont bien fichues et les maquillages ne subissent pas grandement l’effet du temps. Certes, quelques effets numériques font un peu mal aux yeux (les serpents de Méduse), mais tant que l’on regarde cela avec des yeux de bambin, tout se passe bien.

Car c’est là la force du Voyage de la Licorne ; cette capacité à nous replonger en enfance, à cette époque où notre imagination était notre activité principale et où tout nous semblait simple et plein de bonté. Comme mentionné plus haut, c’est via le personnage de Cassie que le spectateur peut se retrouver à l’époque de ses 7 ans, là où les voyages en bateau et les découvertes de créatures mystérieuses peuplaient ses journées. Un moment de fraîcheur, un voyage dans le temps.

Le film parle également du deuil et de notre manière de le gérer. La perte de l’épouse d’Alan reste le déclencheur de cette fabuleuse aventure, comme pour faire comprendre à sa famille que quoiqu’il arrive, il ne faut pas oublier le fameux Credendo Vides. Tout part de cette simple phrase qui nous incite à croire pour voir, n’oubliant pas de mentionner à maintes reprises la notion de foi (via le personnage de Cassie) qui veut que seuls ceux qui auront cru verront.

L’enfance, la foi, l’insouciance, l’aventure, un bon rythme et des personnages attachants, Le Voyage de la Licorne, c’est tout cela. Pour ceux qui veulent revivre leurs jeunes années, foncez découvrir ce métrage méconnu mais qui fait tellement de bien. Cela conviendra également à tous les aficionados du fantastique qui ne fait pas dans l’extraordinaire mais dans la simplicité et dans l’émerveillement. De mon côté, j’ai passé un magnifique moment. Un grand merci à la personne qui m’a conseillé ce film… et que j’ai eu le plaisir de découvrir avec elle.

Et le statut des chèvres qui se paument dans les labyrinthes, on en parle ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page