Pop-corn et bandelettes

La Momie est un titre connu qui a traversé les âges, narrant les mésaventures d’explorateurs frappés d’une malédiction de l’Ancienne Egypte. Initiation du genre en 1932 par Karl Freund avec Boris Karloff dans le rôle titre, les métrages intitulés ainsi se sont frayés un chemin durant le 20ème siècle pour en arriver à La Momie de Stephen Sommers en 1999, premier d’une trilogie avec Brendan Fraser, adoptant un ton lorgnant nettement sur le comique, à l’instar de la série Indiana Jones. Qu’importe si le sujet des sarcophages et des bandelettes a déjà bien été utilisé, on repart pour un nouveau film en 2017, avec Tom Cruise en tête d’affiche.

Il est important de préciser que les studios Universal souhaitent être à la mode. Pour se faire, développer un univers cinématographique comme l’a fait Marvel ou DC Comics semble être dans la mouvance du temps. Quoi de mieux alors que d’appeler cela Dark Universe et d’y inclure tous les monstres d’Universal Pictures (la créature de Frankenstein, l’homme invisible, Dracula, etc.), faisant de La Momie le premier d’entre eux. Idée louable bien que surfant admirablement sur la mode du 21ème siècle afin de tenir le maximum de spectateurs en haleine et sur un très long terme. Pour la réalisation de ce métrage, on se tourne vers Alex Kurtzman, scénariste de plusieurs films (The Island, Transformers, Star Trek), qui s’attaque à son deuxième long métrage en tant que réalisateur (le premier étant Des gens comme nous, en 2012). Alors, ce premier film, piège à touristes ?

En Irak, Nick Morton et son ami Chris Vail sont des membres d’élite de l’armée américaine… et pilleurs de tombes à leurs heures perdues. Ils découvrent un tombeau apparemment égyptien qui est d’emblée analysé par l’archéologue Jenny Hasley. Le sarcophage s’y trouvant contient les restes de la princesse Ahmamet, disciple du dieu Seth, qui souhaitait plus que tout régner sur l’Egypte. Bien entendu, ladite princesse n’est pas totalement en poussière et compte bien finir ce qu’elle a commencé il y a des milliers d’années.

Faisons un rapide tour des acteurs. Nous avons Tom Cruise dans le rôle titre, alias Nick Morton. Star hollywoodienne par excellence, on le retrouve dans un rôle qui lui convient, vu que se dresser contre Ahmamet va se révéler être une mission quasi-impossible. A la fois drôle et motivé, sa prestation laisse entrevoir une certaine constance par rapport à ses derniers métrages, notamment en matière d’action. On retrouve le même Cruise que dans beaucoup d’autres films, sans changement notable, suivant cependant ce que lui demande le rôle.

Annabelle Wallis est Jenny Hasley, l’archéologue calée se retrouvant à visiter le mauvais tombeau. Rôle standard mais bien campé par l’actrice. Jake Johnson est correct dans la peau de Chris Vail, ami et partenaire de fauche du protagoniste principal, donnant une touche de légèreté bienvenue. Courtney B. Vance est impeccable en Colonel Greenway et nous aurons le plaisir de voir Russell Crowe convaincant en Dr. Henry Jekyll, personnage étant apparemment le fil conducteur du futur Dark Universe.

Côté casting, il faut souligner l’interprétation de Sofia Boutella, princesse égyptienne en pétard. Maquillée comme il se doit, à la fois touchante et flippante, on ne peut que saluer sa prestation car il est rare d’avoir une femme comme momie dans les films du genre. La justesse de son personnage lui va à ravir, tout comme la tenue qu’elle arbore.   

Tout ce petit monde se retrouve donc dans un métrage traitant d’une momie en colère. On ne peut s’empêcher de retrouver des bribes venant de La Momie de Stephen Sommers (notamment un chouette clin d’œil à grand renfort de bouquin). Cet effet de « déjà-vu » est totalement normal et ne péjorera pas le métrage en soit. Dans le cas d’Ahmamet, on se retrouve avec une antagoniste qui ne se contente pas de tout péter sur son passage, jouant un rôle plus subtile avec des possibilités de stratégies et usant également de son savoir-parler pour arriver à ses fins. Plus subtile, ce qu’elle veut réellement, c’est le pouvoir, faisant d’elle un monstre plus dangereux encore. Pas de grain de sable dans l’engrenage pour cette furie.

Là où le métrage devait se dérouler dans un univers plus sombre et plus réaliste, on se rend rapidement compte que ce n’est pas le cas. Certes, le traitement est moins pris à la légère que dans le film de Sommers, mais on est encore loin d’un traitement horrifique, comme l’était le film de 1932. Au lieu de cela, on se retrouve pris dans un film d’action avec ses scènes prédéfinies (crash aérien, poursuite en voiture, sprint dans les rues de la ville) qui se déroulent, certes avec plaisir, mais également avec un regard plus ou moins blasé. Dark Universe ? Sérieusement ? Des relents de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est également à prévoir. Cependant, l’ambiance générale est totalement assumée d’un bout à l’autre du métrage.

Le scénario suit sa route, présentant les personnages et nous les faisant découvrir sans nous harasser de mille informations à la seconde. L’histoire d’Ahmamet, en elle-même, est intéressante (bien que connue), se greffant au scénario avec facilité. L’incursion du personnage du Dr. Jekyll renvoie à un certain bureau BPRD (Hellboy) et nous propulse dans un aspect connu des univers de monstres, avec cependant une touche de modernité intéressante. Bien que l’on sente quelques écritures de ligne pour tirer un peu plus en longueur, ça passe relativement bien.

Quoiqu’il en soit, il ne faut pas se voiler la face, on est dans un film grand spectacle. On s’en prend plein les mirettes, les effets spéciaux s’enchaînent, les scènes d’action également, et malgré le fait que le ton ne soit pas si sombre que celui qu’on attendait, on se retrouve à arriver au bout de l’histoire sans trop d’ennui. Le final ne laisse aucun doute à une suite et, étonnamment, on ne sait pas si on a envie ou non d’en rester là.

L’effet « feux d’artifice » se fait sentir ; c’est grand, c’est beau, ça fait du bruit, mais le lendemain, on aura déjà oublié les formes et les couleurs. La Momie, bien qu’étant le premier d’une longue série, ne laissera pas un souvenir impérissable. Les studios ont intérêt de se grouiller pour la suite (pas avant 2019 apparemment) sans quoi on aura totalement zappé que La Momie en 2017 était le premier opus d’un univers indépendant.

Des acteurs dans leurs rôles, un scénario simple mais relativement efficace, quelques surprises, on se sent pourtant en terrain archi connu. Tout comme une route en plein désert, il n’y a pas grand-chose autour mais on est content de savoir où l’on va. Aucune tempête de sable à l’horizon, on avance dans le film, pépère, suivant l’archétype du film de monstre, avec cette question incessante ; que pourraient donner les suites prévues pour ce « Soflty » Dark Universe ?

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ; La Momie reste un divertissement des plus corrects. Le bon vieux film « pop-corn » que l’on apprécie grandement de voir grâce à sa capacité à ne pas prendre la tête et surtout la beauté du spectacle à grande échelle. Idéal pour les soirées cinéma afin de passer un agréable moment, espérons que les prochains métrages permettront de définitivement instaurer les bases du Dark Universe et surtout, rendent hommage aux films d’horreur magnifiques qu’étaient ceux du début du 20ème siècle.

Il faudra attendre pour le savoir. Dès lors, chaussez vos bandelettes, commandez le pop-corn et bon visionnage ! 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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