L'établissement d'une légende ?

Démarrée en 2014, la franchise John Wick a l’avantage d’envoyer du lourd. Une mystérieuse organisation de tueurs professionnels, de l’action en masse, des personnages barrés et inquiétants, il y a approximativement tout pour plaire dans ces thrillers survoltés. Après un deuxième opus se terminant sur une scène ne pouvant apporter qu’une suite, le petit dernier, John Wick Parabellum, sort en 2019. Toujours avec Chad Stahelski aux commandes, ce film va-t-il nous coller au fond de notre siège ? Le légendaire John Wick l’est-il toujours autant ? Au fond, se tirer dessus à tout-va, cela a-t-il un sens ? On compte nos cartouches et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

John Wick (Keanu Reeves) vient de commettre l’impensable ; tuer quelqu’un au sein même de l’hôtel Continental, repaire en zone franche des tueurs de tout poil. Son ami et propriétaire de l’hôtel Winston (Ian McShane) lui offre cependant une heure avant de demander son excommunication et lâcher sur lui tous les tueurs des environs. Désirant sauver sa peau, John Wick va devoir non seulement échapper à ses assaillants mais également en découvrir plus sur la Grande Table, l’assemblée qui gère l’ensemble des tueurs en activité.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne rigole pas à la Grande Table. Vous tuez quelqu’un dans une zone franche et PAF, vous vous retrouvez avec un contrat de 14 millions de dollars sur le coin de la gueule et une impossibilité chronique à faire un seul pas sans que l’on vous tire dessus. Eh bien, cela résume ce troisième opus… mais pas seulement.

Tout d’abord au niveau du casting, on retrouve Keanu Reeves dans le rôle principal. Malgré ses 54 ans au moment de la sortie du film, il s’en tire admirablement bien et peut se targuer d’être toujours l’un des (le ?) meilleurs tueurs au monde dans la peau de John Wick. Sachant manier les flingues autant bien que les couteaux (sympathique scène de lancers en cascade), il envoie énormément dans ce nouvel opus. Prêt à tout pour conserver son intégrité vitale, il n’en reste pas moins humain et se doit de faire des choix cruciaux s’il veut rester en vie.

Ian McShane, avec sa prestance naturelle, reprend le rôle de Winston et va se retrouver avec l’Adjudicatrice (Asia Kate Dillon) dans les pattes. Celle-ci, plus teigneuse que deux cents contrôleurs du Fisc, donne non seulement du fil à retordre à Winston mais également au Bowery King (Laurence Fishburne) et ses pigeons. L’Adjudicatrice n’a ni remords, ni regrets et ce personnage glacial colle à merveille à l’univers du film.

Notons la présence de Mark Dacascos en « méchant » du film. Bondissant partout comme s’il était branché sur piles alcalines, ce personnage est intriguant par son calme et surtout son admiration pour John Wick. Combattant aguerri à toutes les techniques connues, il va mettre à mal le légendaire tueur. Et que dire de la présence d’Halle Berry dans le rôle de Sofia ? Impeccable, juste impeccable. Cette jeune femme, ancienne alliée de John Wick, lui donne un petit coup de pouce à la suite d’une dette de sang. Ses armes favorites ? Deux bergers allemands qui lui obéissent au doigt et à l’œil, nous gratifiant d’une scène d’évasion d’une casbah absolument incroyable.

Lance Reddick dans le rôle de Charon, le concierge du Continental, garde tout de son flegme ; la Directrice (Anjelica Huston) donne un coup de main à John Wick non sans le marquer littéralement au fer rouge ; Jerome Flynn (Game of Thrones) est Berrada, frappeur des pièces de la confrérie et personnage potentiellement vicieux ; et Robin Lord Taylor (Le Pingouin dans la série Gotham) a le rôle éclair de l’Administrateur travaillant pour la Grande Table.

La Grande Table, qu’est-ce que c’est ? On se pose plein de questions depuis le premier opus à commencer par « Qui dirige cette bande de tueurs complètement barrés ? ». La réponse n’intervient pas complètement dans cet épisode, mais on nous donne un certain nombre de pistes. Leur organisation est mieux représentée, on découvre l’envers du décor et on se surprend à se dire que finalement, l’ensemble est cohérent.

Dans John Wick, le mélange subtil entre dette d’honneur, confrérie d’assassins, choix cruciaux, états d’âme humains et baston absolue se suit de manière totalement naturelle. Les 2h10 de film passent comme une lettre à la poste tant on apprécie ce que l’on est en train de regarder. Outre le fait que l’émotion soit au rendez-vous lors de certaines scènes et que l’on nous laisse souffler à quelques instants, le gros morceau que se prennent nos mirettes, c’est de la baston.

Armes à feu, couteaux, chiens, objets contendants, coups de tatanes en pleine tronche, tout est bon pour que l’action soit au rendez-vous. Certaines scènes sont tout bonnement admirables, à l’instar de celle mentionnée précédemment dans la casbah ou encore ce duel dans le Continental, spécialement désacralisé pour l’occasion, en fin de métrage. Quant à la poursuite en motos, disons simplement que se retrouver face à John Wick ce n’est déjà pas évident ; si en plus c’est en deux roues… ça fait mal.

Chad Stahelski gère bien ses plans de telle manière que l’on peut suivre toutes les actions. Pas de cafouillage intégral où l’on se demande qui est en train de mettre la pâtée à qui ; le cadrage et les effets de caméra donnent une limpidité jouasse à chaque scène d’action, nous permettant de profiter de chaque instant. La musique fait également la part belle au film, collant à l’univers et nous emmenant dans ce dernier sans être tonitruante ou omniprésente.

La rédemption d’un tueur ayant commis une bourde, est-ce possible ? Apparemment, oui, à condition d’y mettre un certain prix. Dans le cas présent, il ne s’agit que d’une promesse et d’un annulaire (tout comme les Anciens faisaient dans Assassin’s Creed), mais cela va plus loin. Nos amis ne le sont parfois que par profit ou confort. Il se peut alors qu’ils nous tournent le dos et là, quand on s’appelle John Wick, on l’a un peu mauvaise.

Dès lors, le métrage se termine à nouveau sur une fin totalement ouverte, un quatrième opus étant prévu pour 2021, sans doute afin de boucler la boucle. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va vite falloir choisir son camp car le légendaire « Croquemitaine » va s’en prendre violemment à ceux qui l’ont déchu… sans doute au point de faire péter la Grande Table.

Amateurs d’action pure, de scènes vibrantes et d’histoire de confrérie d’assassins, n’attendez plus ; matez-vous ce John Wick Parabellum. Ce troisième opus rehausse la surprise moindre du deuxième en nous équilibrant le tout avec une symbiose sympathique. La légende continue donc pour quelques temps encore et cette fois-ci, son établissement n’est plus à prouver ; ceux qui ne savent pas encore que John Wick est une légende vont bientôt l’apprendre… à leurs dépens.

*bruit de rechargement d’arme

*coup de feu

*rideau

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page