Rigidité horrifique

Débarquant sur la plateforme Netflix en cette année 2020, Kadaver est un film d’horreur norvégien écrit et réalisé par Jarand Herdal. Déjà au fait de plusieurs courts-métrages, il se lance dans le grand bain en nous proposant une histoire postapocalyptique durant laquelle une terrible famine fait rage. C’est bon ? Vous avez le concept ? Les pays du Nord nous font souvent de bonnes surprises. Est-ce que cela sera le cas ici ? La survie après une apocalypse nucléaire, est-ce évident ? Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? On met la table et on se lance dans la critique.

Leonora (Gitte Witt), son mari Jacob (Thomas Gullestad) et leur fille Alice (Tuva Olivia Remman) survivent tant bien que mal à une terrible catastrophe nucléaire mondiale. Les ressources sont difficiles à trouver et la nourriture se fait de plus en plus rare. Lorsqu’ils découvrent qu’un généreux personnage les invite à un dîner-spectacle dans son hôtel, ils sautent sur l’occasion. Mais cela ne cache-t-il pas quelque chose de plus sombre ?

Les acteurs n’en sont majoritairement pas à leur coup d’essai et c’est une bonne chose. Les jeux, notamment celui de la jeune Tuva Olivia Remman, sont dans le ton et nous aident à participer à l’ambiance angoissante du métrage. A noter également la présence de Thorbjorn Harr (la série Vikings) dans le rôle de Mathias, le généreux mécène proposant aux gens de venir manger chez lui et qui reste un des meilleurs rôles.

La forme du film est également bien vue. Le théâtre est au centre de l’histoire. Leonora est une ancienne comédienne brûleuse de planches, ayant notamment joué dans Macbeth. Sa fille Alice est débordante d’imagination et semble bien partie pour aller sur les traces de sa maman. On leur propose d’aller voir un dîner-spectacle au concept novateur ; ils peuvent se promener partout dans l’hôtel et tous ceux qui ne portent pas de masques sont des acteurs, jouant des rôles à divers endroits.

On peut donc dire que pour une fois, le théâtre est à l’honneur au cinéma ! Il est rare de retrouver des films parlant de cet art (duquel découle le cinoche, qui plus est) et qui le fait avec un juste respect et une conviction profonde. Ici, on parle de théâtre et cela fait corps avec l’intrigue principale pour nous emmener plus loin dans la réflexion du rôle que chacun doit jouer.

« C’est donc une réussite ! » allez-vous me dire. Eh bien… non. Car si sur la forme, Kadaver est sympathique, ce n’est pas le cas sur le fond. La base de l’histoire (on est en pleine famine, je vous le rappelle) ne fait clairement pas mouche à tel point que même ceux qui ne sont pas des pros du domaine horrifique-post-apocalypse découvriront rapidement ce qui se trame au fur et à mesure du film.

Bon, je ne suis pas une référence, mais quand on commence de deviner les dialogues entre deux personnages avant qu’ils n’aient lieu, ‘c’est pas gagné pour conserver l’effet de surprise. On cherche à perdre le spectateur à quelques occasions, mais cela ne convainc pas assez pour qu’on se laisse avoir.

Du coup, l’heure et demie du film disparaît rapidement car on arrive plus ou moins à prévoir exactement ce qu’il arrivera aux différents protagonistes. On en arrive alors à une fin conventionnelle mais qui tire son épingle du jeu dans son dernier plan qui peut être très évocateur. Qu’est-on prêt à faire pour survivre ? Respectivement, qu’est-on prêt à faire pour que ceux que l’on aime survivent ? Je vous laisse le soin de répondre vous-même à ces questions.

Du côté de l’horreur, le contexte reste un des seuls éléments vraiment horrifiques du métrage. Ce ne sont pas quelques lambeaux de chairs et deux-trois corps en plastique qui vont nous décoller les rétines. On se laisse cependant volontiers embarquer dans les mésaventures de cette famille qui cherche juste à faire passer à leur fille une soirée inoubliable… ce qui sera clairement le cas.

Comme mentionné plus haut, il y a quelques réflexions intéressantes qui sortent du lot pendant le visionnage, mais rien qui puisse réellement rester indéfiniment dans notre mémoire. On voit que le réalisateur en veut et il peut être très intéressant de le suivre dans ses prochaines créations, mais ici, pour le coup, ça tombe un peu à plat.

On pensait avoir de la gastronomie fine et on finit au fast-food. Alors oui, ça nourrit mais ça n’a pas vraiment la même saveur. Kadaver reste un film pique-nique que l’on peut regarder un soir où il n’y a plus rien dans le frigo. Pour les fans d’univers postapocalyptique, il sera parfait. Pour les autres, commandez une pizza et passez votre chemin.

Et, au fait, bon appétit !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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