Randonnée pandémique

Drôles d’années que celles que nous traversons, n’est-il pas ? On s’en doutait bien ; le cinéma allait irrémédiablement s’emparer de l’aspect pandémique de ce 21ème siècle pour le porter à l’écran. C’est le cas du film In the Earth, écrit durant la quarantaine par Ben Wheatley (High-Rise, Kill List, Rebecca). Réalisé par le même bonhomme, ce métrage nous met-il en condition de stress ? Parler de pandémie en ces temps troublés, est-ce une bonne idée ? La Terre a-t-elle son mot à dire ? On enfile ses chaussures de marche et c’est parti pour la randonnée !

En pleine crise sanitaire internationale, Martin (Joel Fry) et sa guide Alma (Ellora Torchia) partent au cœur d’une étrange forêt pour retrouver le Dr. Olivia Wendle (Hayley Squires), en pleines recherches. Seulement, leur chemin va rencontrer deux obstacles majeurs ; Zach (Reece Shearsmith), un allumé dingue de rituels, tortionnaire de surcroit, et la forêt elle-même.

Ne nous mentons pas ; nous sommes manifestement en présence d’un métrage qui utilise la situation sanitaire mondiale pour nous balancer une histoire sortant d’out of nowhere en pleine forêt, lieu idéal pour tourner en respectant les règles en vigueur. Mis à part quelques combinaisons hazmat et les célèbres masques bleus, pas de menace de virus à l’horizon pour le reste du film.

On découvre donc Martin, arrivant gaiement dans un centre de recherches au milieu de la forêt, point de départ de sa randonnée avec Alma, guide forestière par excellence. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne rapidement et les première minutes de balade au milieu des arbres nous font miroiter une menace invisible tournant autour de nos deux protagonistes.

Mais cette menace, on ne la saisira jamais vraiment, axant plutôt la problématique sur le personnage de Zach, délicieusement taré, gardant toujours un calme olympien et sachant manier l’arc avec une certaine habileté. Les raisons pour lesquelles le personnage a tourné la boule nous sont expliquées plus tard, nous laissant seuls au milieu de la forêt avec ce taré sans comprendre les tenants et aboutissants de ses dires.

Le tout est bouclé avec l’apparition du Dr. Olivia Wendle, joliment interprétée par Hayley Squires. Essayant de communiquer avec la forêt à l’aide de sons et de lumières, elle se base sur un vieux grimoire célèbre pour les amateurs de l’histoire de la sorcellerie ; le Marteau des Sorcières (Malleus Maleficarum). Comme ça, sur le papier, ça a l’air bonnard, non ?

Eh bien au final, c’est avec une mine très mitigée que je suis ressorti de ce film. Bien que les acteurs soient au fait de ce qu’il faut mettre en place et que l’histoire au milieu de la forêt instaure un certain sentiment de tension, pour le reste, il faudra repasser. L’on voit arriver la fin avec plusieurs temps d’avance et il semble y avoir un petit souci au niveau du scénario.

J’ai peut-être loupé un morceau du métrage (l’erreur est humaine), mais il me semble que les recherches d’Olivia et l’espoir de trouver une solution à la pandémie sont à des kilomètres l’un de l’autre. Certes, la communication avec la nature pourrait aider à découvrir de nouvelles solutions, mais fondamentalement, on nous balance dans une histoire délirante dès le départ sans construire un minimum d’explications autour. Soit dit en passant, l’idée du mycorhize est extrêmement intéressante mais, à mon avis, sous-exploitée.

Un mal pour un bien ? Est-ce que de rester dans le flou n’aide pas à nous sentir moins en sécurité ? Sans doute, mais on passe une bonne partie du métrage à se demander ce qu’est tout ce bordel sans vraiment se sentir en situation critique. Bien que le film possède une ambiance particulière, que certaines scènes font visuellement mal (coucou le pied de Martin) et que plusieurs idées sont carrément bonnes (la brume piégeant les protagonistes dans leur campement), la raison a tout ça reste floue.

Mais les dernières minutes nous montrent le pourquoi du comment, notamment avec une séquence totalement épileptique, mélangeant rêves et souvenirs d’un des personnages, terminant le tout sur une note ambiguë qui s’attendait depuis un bon moment. Jusqu’au bout, on peut dire que le film reste extrêmement subjectif et chacun aura sans doute son avis sur la question.

Malgré que l’histoire n’envoie pas des briques, que l’horreur et la tension restent relatives et qu’on se sent floué (oh, joli !) durant le visionnage, n’en reste que In the Earth possède sa petite ambiance bien à lui et que l’idée centrale paraît intéressante. Dur, dur de doser la bonne quantité d’informations à transmettre au spectateur, surtout dans ce type de métrage. Ce dernier montre donc qu’il faut savoir où démarrer et quand s’arrêter pour avoir juste le nécessaire pour comprendre tout en gardant la part de mystère indispensable pour se sentir hors de sa zone de confort.

Bien que le thème de la pandémie ne soit qu’effleurer, on retrouve d’autres sujets comme l’aspect destructeur d’aller trop loin pour ses recherches, les problématiques de survie en milieu hostile et la fragilité humaine face à des concepts qui échappent à toute compréhension. Dans le fond, ce film représente bien ce qu’il est venu nous amener ; de l’incompréhension.

Assez poussif, peu avenant et parfois foutraque, In the Earth contient pourtant quelques bonnes idées ainsi qu’un chouette casting, un visuel approprié et une ambiance globale déroutante. Idéal pour faire un tour dans les bois en période de quarantaine ou pour s’évader un peu dans la nature, ce métrage nous apporte une fraîcheur éphémère dans un environnement sociétal confiné, sans pourtant nous scotcher ou nous apporter une réelle terreur ou même du réconfort. Dommage.

Méfiez-vous des pierres dressées en pleine forêt.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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