Passe-moi le désherbant

Tout part d’une nouvelle écrite par Stephen King et son fils Joe Hill en 2012. Paru sur Netflix en 2019, le film est réalisé par le canadien Vincenzo Natali, déjà derrière la caméra pour le film Cube en 1997 et l’étrange Splice en 2009. Quand on parle de Stephen King, on s’attend à deux variantes ; une adaptation de fou ou un coup dans l’eau. Ici, je ne vais pas faire de comparatif littéraire, n’ayant pas lu la nouvelle en question. D’ailleurs, il faut le dire, dans tous les cas, l’écrit est très souvent mieux que le film, non ? Et puis, pourquoi est-ce que l’on compare toujours une adaptation d’un écrit à l’écrit lui-même ? Il s’agit principalement de la vision du réalisateur et de son équipe, ceci basé sur une histoire imaginée par un écrivain. Finalement, à quoi ça rime de toujours vouloir… quoi ? Ah oui, Dans les hautes herbes, voici la critique. 

Becky (Laysla De Oliveira) et Cal (Avery Whitted) sont frère et sœur. Elle enceinte jusqu’au cou, lui au volant de la voiture, ils font route pour San Diego. En s’arrêtant sur le bord de la route pour éviter de gerber dans la bagnole, Becky entend la voix d’un enfant appelant à l’aide dans un champ de hautes herbes. Réussissant à traîner son frère hors de la voiture afin d’aller voir de quoi il en retourne, ils se retrouvent alors piégés ensemble dans cette vaste marée verte sans possibilité d’en ressortir. Mais ils ne sont pas seuls…

Comment réussir à tenir plus d’une heure trente avec des gaillards qui tournent dans un champ de hautes herbes sans tomber dans une léthargie profonde ? Eh bien, je me pose toujours la question. Même si l’idée est particulièrement alléchante et que la nouvelle doit sans doute être franchement sympatoche, le métrage ici présent ne fauche pas les blés et nous invite à une certaine passivité.

Il faut commencer par le casting. Dans l’ensemble, ça fonctionne bien pour Patrick Wilson dans le rôle de Ross, individu complètement atteint et dont la folie est bien représentée. Il en va de même pour Travis, joué par Harrison Gilbertson, petit ami de la belle Becky. Il se retrouve donc également en mauvaise posture et retranscrit bien les émotions que peuvent traverser un être humain dans ce genre de situation. Rien à redire sur Will Buie Jr. interprétant le jeune Tobin, soit flippant, soit attendrissant. Et Rachel Wilson dans le rôle de Natalie, la femme de Ross ? On ne la voit pas assez pour se faire un avis clair sur la situation, même si sa mort reste la plus terrible et douloureuse du film.

Car oui, des morts dans le film, il y en a un certain nombre. Jouant sur l’aspect de l’espace (les protagonistes se font déplacer par le champ pour ne jamais en sortir) et du temps (boucle temporelle prise de tête permettant une accumulation de corps des mêmes personnes), le film est relativement avare en explications. On peut bien entendu déduire ce qu’il se passe dans ce champ, mais il faudra passer la seconde vitesse pour y parvenir.

Dès lors, vu qu’il s’agit d’une nouvelle de Stephen King et de son fiston, on peut s’attendre à de l’horreur ou du moins une certaine dose d’épouvante, non ? Eh bien… pas vraiment. Le jump scare est à la mode et ce ne sont pas les quelques sursauts potentiels qui vont nous faire décoller de notre canapé pour nous emballer le palpitant. Cela dit, quelques scènes ont le crédit de nous faire écarquiller les yeux comme la mort de Natalie, l’étrangeté de Tobin ou cette séance de saut en début de métrage qui nous prouve que nous ne sommes pas en territoire connu.

Les idées sont là mais manquent cruellement de peaufinage, à croire qu’on les a simplement lancées au milieu de la table sans réellement s’en préoccuper. Pour faire un comparatif avec une autre adaptation de King, j’ai eu l’impression de me retrouver devant un Cell Phone vegan. A l’instar du premier film du réalisateur (Cube pour rappel), le principe semble le même… mais en zone verte.

On voit donc les protagonistes tourner dans le champ sans jamais se retrouver, faire la rencontre d’individus relativement étranges (un commercial, son épouse et son fils) et découvrir un mystérieux rocher noir semblant être le centre névralgique du champ… et de l’église se trouvant à proximité. L’arrivée de Travis dans l’histoire apporte de l’eau au moulin (et une prise d’aspirine par la même occasion) et malgré un manque évident de structure, on se laisse tout de même prendre au jeu.

Car jusqu’au bout du métrage, on cherche à comprendre le pourquoi du comment et cela nous permet de rester dans l’aventure jusqu’à son dénouement. Ce dernier, à la fois étrange, sobre et bouclant la boucle si j’ose dire, a le mérite d’empêcher quelques protagonistes de se retrouver piégés dans cet enfer vert, même si l’on se pose la question qui fait mal ; mais sont-ils réellement tous dans le champ ? Pour bien comprendre cette dernière phrase, un visionnage du film est clairement nécessaire.

Les interprétations peuvent être nombreuses avec ce film, l’explication concrète et finale n’étant pas révélée. Cependant, je pense qu’il est de bon aloi de se faire sa propre opinion, voire même de le regarder entre amis et de lancer un débat. Dans les histoires de King, adaptées ou non, il y a toujours plusieurs niveaux de lecture et des critiques faites sur des sujets sociétaires. C’est également le cas ici.

Ce que je peux en retenir, c’est que la bonté d’âme des voyageurs passant près de ce champ les a happés dans un univers sombre et verdâtre, auprès d’une roche maudite qui prend un malin plaisir à occire les gentils et transformer les méchants. En somme, ça résume ce que disait Harvey Dent dans The Dark Knight ; « Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser le rôle du méchant ».

Pas foncièrement intéressant, de moins en moins intriguant au fil des minutes, des personnages en demi-teinte, une histoire misant que dalle sur un aspect explicatif, Dans les hautes herbes est un bon moyen d’avoir envie de passer la tondeuse. A voir pour les fans absolus de Stephen King afin d’avoir une vision d’ensemble des adaptations effectuées ou pour les jardiniers en herbe. Pour les autres, on mate une nouvelle fois Cube les pieds dans le gazon et ça ira très bien comme ça.

Une citation d’un film de Batman dans la critique Dans les hautes herbes, me voilà bien moi…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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