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En titre, je vous donne le numéro de téléphone de l’équipe SOS Fantômes, car s’il faut retenir une chose de la série Ghost Wars, c’est qu’ils auraient mieux fait de les appeler. Le créateur Simon Barry s’est pourtant fait les dents sur quelques scénarios avant de procéder à l’avènement de cette série. Pourtant, malgré un pitch alléchant et des acteurs qui ont fait leurs preuves, on ne peut qu’être déçu du résultat. La chasse aux revenants n’atteint pas ses objectifs et, pour être franc, il aurait mieux valu appeler les casseurs de fantômes. Qu’est-ce qui s’est passé ? L’Alaska, est-ce une destination horrifique ? Qui peut m’expliquer ce que Vincent D’Onofrio fout ici ? On arrête de stresser et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Port Moore en Alaska. Roman Mercer (Avan Jogia) possède des pouvoirs lui permettant de voir les revenants. Rejeté par les habitants, il décide de partir définitivement, mais un tremblement de terre va le forcer à rester sur place. C’est alors que les spectres changent et deviennent plus violents. Qui pourra empêcher cette guerre inévitable si ce n’est lui ?

Bon, le pitch ci-dessus, je le fais concis de manière à pouvoir développer toute la complexité inutile de l’histoire par la suite. Car la première chose qui frappe dans Ghost Wars, c’est son scénario partant dans approximativement toutes les directions, sans doute dans le but d’atteindre au moins un objectif satisfaisant. On passe donc par une histoire de hantise à l’échelle d’une ville, une malédiction de bateau, un accélérateur de particules, un exorcisme, des possessions via des placentas de revenants, des expériences extra-sensorielles, un objet quantique et une dimension parallèle.

Voici la (courte) liste des éléments de la série. Cela dit, on ne peut que constater une volonté claire de la part du créateur de rendre hommage au monde horrifique en blastant tout ce qu’il est possible dans la série. On ne sait pas vraiment si cela implique de vouloir paumer le spectateur en cours de route ou si le but était de faire le drift scénaristique le plus puissant de tous les temps pour démarrer d’un point A et passer par tout l’alphabet avant de se rendre compte que l’arrivée au point B n’est pas si mal.

Avant de démarrer cette partie, je précise que ce qui semble être un problème dans Ghost Wars, c’est l’écriture des personnages car la plupart d’entre eux ont tout de même une certaine bouteille. On démarre donc la série en faisant la connaissance des différents protagonistes à commencer par Roman Mercer. Avan Jogia, malgré sa présence dans plusieurs films et séries, ne parvient pas à nous convaincre du moins durant les onze premiers épisodes (la série en compte treize). Jeune homme possédant des pouvoir psychiques lui permettant de voir les revenants, sa mère a été chassée de la ville par les habitants et il se retrouve comme étant le taré du coin. Alternant les phases « je mange des céréales, tranquille chez moi en attendant que l’on vienne me chercher », « ces enfoirés n’ont qu’à crever ! » et « je vais devenir un héros », on ne saisit pas vraiment où le personnage veut en venir.

Roman tentant de fuir la ville définitivement, son amie revenante Maggie (Elise Gatien) tente de l’en dissuader vu qu’il est la seule personne avec qui elle peut taper la causette. Un voyage en bus, un tremblement de terre, des méchants revenants qui débarquent et c’est le début de la fin pour la ville de Port Moore. Pas d’issue possible, l’électricité semble être la seule chose capable de repousser les fantômes et ces derniers possèdent le talent incroyable de déformer la réalité des humains pour leur donner des visions terrifiantes.

Kim Coates interprète le rôle de Billy McGrath, capitaine du bateau Copperhead Rose et petit ami de la belle scientifique Landis Barker (Kandyse McClure). Son navire aurait pu être un moyen de fuite mais les revenants font revenir (jolie tournure, non ?) les moyens de transport à leur point de départ. Le personnage de Billy doit donc rester à Port Moore. Il est l’un des protagonistes les plus fiables de la série, restant lui-même d’un bout à l’autre avec même une petite révélation finale relativement sympathique.

Sa petite amie, Landis, n’est pas étrangère aux phénomènes surnaturels de Port Moore. En partie responsable de ces derniers en faisant joujou avec un accélérateur de particules, on apprend rapidement que c’est la faute de la société pour laquelle elle travaille ; Lambda. Eh oui, elle travaille pour une société Lambda… CQFD. Personnage avec beaucoup de responsabilités et de culpabilité, cela ne semble pourtant pas réellement l’effleurer.

Ça commence à devenir le chaos en ville, les revenants créant des événements paranormaux particulièrement inquiétants. Doug Rennie (Meat Loaf) n’aide pas à l’affaire en faisant de Roman son ennemi juré et s’adoucissant au fur et à mesure des épisodes pour devenir un véritable protecteur de Port Moore. On aime le détester, on déteste l’aimer et on finit par aimer l’apprécier. Bonne performance qui n’égale sans doute pas celles qu’il possède en matière de chant.

La maire de la ville, Val McGrath (Luvia Petersen) tente de remettre de l’ordre dans tout ça… tout comme dans sa famille. Entre son frère Billy qu’elle déteste, son épouse Marilyn (Kristin Lehman) d’un comportement terre à terre absolu et ses deux filles Isabel (Allison James) et Abigail (Sarah Giles) qui servent de jouets pour revenants, on va dire que ça vie n’est pas simple… et que le personnage n’attire pas une réelle sympathie.

Et qui peut me dire ce que vient faire Vincent D’Onofrio dans ce bordel ? Monstre sacré du cinéma et des séries télé (merci New York, section criminelle), il interprète le Père Dan Carpenter, prêtre de Port Moore. Même si son personnage est d’un ennui presque total, n’en reste que revoir sa bouille à l’écran fait un bien fou. Pourtant, le personnage, présent dès le premier épisode, ne convainc pas ; ses shoots de placentas fantomatiques servent à que dalle, sa culpabilité pour un terrible événement passé ne nous atteint pas et son sacrifice ne semble pas affecter réellement la ville. N’en reste que la toute dernière scène de la série le place dans un rôle auquel on ne s’attendait pas et ça, ça fait plaisir… mais ça arrive à douze secondes de la fin ! DOUZE SECONDES !!!

Au début de la série, on croise également Tim Guinee dans le rôle du shérif Sam Perkins, ami de Roman et lucide sur les événements étranges de Port Moore… mais on le paume quelques minutes après son arrivée. C’était pourtant un personnage prometteur. Son shérif adjoint Norm Waters (Jesse Moss) va s’avérer un individu alambiqué ne sachant pas vraiment de quel côté de la loi il se trouve… et nous gratifie pourtant d’un des meilleurs épisodes de la série durant lequel il doit nourrir la tenancière du bar du coin Karla (Sonja Bennett) enceinte d’un revenant.

Avec une bande de personnages comme ça, on se doute bien que ça va être le bordel à Port Moore… et c’est le cas ! La série part donc dans plusieurs directions dès les premiers épisodes et on ne sait pas vraiment où l’on va, ni comment ni même pourquoi. Les objectifs changent constamment (sortir de la ville, se protéger, se battre, se protéger, se barricader, fuir et tout à coup… « Si on tentait de tout stopper ? »), les révélations tonitruantes font l’effet d’un pétard mouillé (le secret de Billy, le fait que Landis soit à la base de tout ce bordel) et aucun véritable méchant ne semble vouloir se pointer.

Au fur et à mesure des épisodes, on sait bien que les revenants ne vont pas être franchement sympathiques. Ces derniers sont d’ailleurs représentés de manière extrêmement sobre, comme si Samara avait plein de petits clones qui scintillaient comme un écran de télévision en perte de vitesse. Même si leur puissance n’est plus à prouver et qu’ils peuvent vous faire voir des choses horribles, n’en reste qu’il s’agit d’émanations que nous pouvons à peine percevoir et que cela ne flanque absolument aucune trouille.

Cependant, les vilains fantômes ont un plan ; poser des sortes de cocons un peu partout pour que les vivants qui s’y font happer se transforme en revenants 2.0, faits de chair et de sang et étant pratiquement invincibles. Mais franchement, qui pourrait se lancer à corps perdu dans une idée comme celle-ci ? Si au moins elle était bien orchestrée, car la petite armée mise en place par les spectres ne semble pas vraiment être des plus efficaces.

Du coup, pas de grand méchant. On pense qu’il s’agit de Doug… et non. Puis on part sur Roman et ses intentions étranges… non. Norm qui pète une case ? Non. Même l’arrivée de Daphne Holt (Carmel Amit), grande patronne de Lambda et convaincue du fait que l’on puisse devenir immortel grâce à une faille avec l’au-delà, va nous décevoir ; insupportable dans les premières minutes puis se sentant le cœur d’une héroïne par la suite. Et que dire de l’homme qui siffle, ce fantôme apparemment terrifiant qui emporte les enfants pour les massacrer en forêt ? Pas l’ombre d’une apparition… du moins avant les douze dernières secondes de la série.

Des personnages bancals, un scénario qui part dans tous les sens, une trouille inexistante, une histoire pas franchement intéressante et une guerre qui ne voit jamais le jour ; pas grand-chose à sauver si ce n’est la ville de Port Moore qui, elle aussi, ne sait pas sur quel pied danser. Zone apocalyptique ou simple bazar lié à l’effondrement des infrastructures ? On oscille entre un univers à la Mad Max et un coin où il est encore possible de se descendre tranquille une binouze dans un bar.

Tout ça pour quoi ? En arriver à une révélation finale à grand coup d’artefact extra-terrestre fractionnant le monde réel et l’au-delà. La dernière mission de tous les protagonistes encore vivants est incohérente dans sa forme (je cherche encore pourquoi ils sont partis à quatre…) et la série se termine sur une révélation, il faut l’avouer bien foutue, de la présence inopinée de Maggie, la petite copine fantôme de Roman, durant les derniers épisodes. Tout ça avant d’arriver aux douze dernières secondes qui nous promettaient une suite que nous ne verrons jamais.

Faut-il tout jeter à la mer pour autant ? Quelques prestations valent la peine et il faut avouer qu’il y a plusieurs clins d’œil et hommages au domaine horrifique durant toute la série. Franchement, en voyant l’arme électrique inventée par Lambda contre les revenants, n’avez-vous pas pensé à un certain pack de protons ? De plus, les titres des épisodes sont souvent en lien avec des films d’horreur ou des genres spécifiques.

Et puis, il y a quelques épisodes qui sont tout de même bien foutus, comme le dérangeant épisode 11, The Feast, où Norm doit nourrir Karla, enceinte d’un revenant. Dérangeant, trash et inattendu, ce dernier est réalisé par un certain… Jason Priestley ! Oui, oui, le Brandon Walsh de Beverly Hills 90210 qui a bien fait du chemin depuis.

Malgré tout, dans l’ensemble, Ghost Wars est une incroyable perte de temps. Incohérente, peu encline à attirer notre empathie, carrément soporifique par moment, la série ne restera pas longtemps sur nos rétines et encore moins dans notre mémoire. On se tape treize épisodes et les douze dernières secondes pour se dire qu’il y avait peut-être, finalement, quelque chose à faire. Mais jusque-là, on n’en revient clairement pas.

Sur la tombe on pourra noter « Ghost Wars, 2017 – 2018, aura essayé ».  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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