Ce festival, c'est l'enfer

Le slasher, mes amis ! Un style horrifique particulièrement apprécié qui fait souvent mouche. Quoi de mieux qu’une bande de jeunots poursuivis par un individu masqué et invincible, se faisant occire les uns après les autres ? Les cinéastes du monde usent (et abusent) de ce sous-genre en le mettant à toutes les sauces (ketchup, bien entendu). Du coup, lors d’un brainstorming, lorsqu’un individu autour d’une table propose de poser le cadre d’un nouveau slasher dans un parc d’attraction horrifique, l’idée semble étonnamment séduire. On demande alors à Gregory Plotkin (ayant pour fait d’arme… Paranormal Activity 5) de se mettre derrière la caméra pour filmer ce petit massacre. Le prix de l’entrée vaut-il le coup ? A-t-on peur dans un parc d’attraction dont le thème est… la peur ? Que penser de l’inflation du prix du pop-corn dans ce genre d’endroit ? Tant de questions et parfois, des réponses qui ne plaisent pas. A noter que le film ne parle par du festival de musique metal. Pour ceux qui voulaient de la gratte qui déchire, c’est râpé. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Natalie (Amy Forsyth) retrouve son amie Brooke (Reign Edwards) pour passer du temps ensemble. Avec Taylor (Bex Taylor-Klaus), une ancienne camarade de classe, elles s’en vont avec leurs petits amis respectifs au Hell Fest, un festival itinérant dont le thème principal est l’horreur. Là-bas, tout est fait pour foutre la trouille aux visiteurs. Il se pourrait même que certaines personnes profitent de cette occasion pour se laisser aller à quelques pulsions meurtrières.

Le bon vieux slasher et ses victimes toutes trouvées. La présentation de la petite bande se fait rapidement en début de métrage et on arrive aisément à découvrir qui va survivre et qui va se faire dézinguer par l’étrange tueur masqué. Dans l’ensemble, le casting joue bien son rôle, particulièrement Amy Forsyth qui même en restant dans un ton relativement sobre parvient à convaincre le spectateur. Il en est de même pour le personnage de Taylor qui met l’ambiance par son grain de folie irrévérencieux, prompt à se lancer dans de nouvelles aventures à tout moment.

Pour les autres protagonistes, c’est relativement plat. Brooke reste effacée la plupart du temps, les petits amis ne servent pas à grand-chose (à part Gavin, joué par Roby Attal, attiré par Natalie, mais qui ne va pas faire long feu) et les différents intervenants sont particulièrement sobres. En gros, la mort de la majorité des personnages ne nous fait ni chaud ni froid, bien au contraire. La venue courte mais remarquée de Tony Todd fait plaisir, mais on se demande pourquoi il reste si peu de temps.

Et le personnage central, celui du tueur, ça donne quoi ? Dans un slasher, on place un individu masqué, lent, invincible et déterminé pour en faire une icône du cinéma horrifique. Mais… n’est pas icône qui veut. Bien que le tueur dans le film respecte les codes du genre en marchant lentement et en restant étonnamment résistant à toute forme de violence, sa prestance n’est pas des plus flippantes. Cela dit, la scène finale où il tient la vedette reste un tant soit peu dérangeante. Au fond, un tueur peut très bien rester un humain qui rentre après sa journée de boulot, non ?

Dans tout bon slasher, on sursaute. La plupart du temps, l’effet jumpscare est utilisé pour faire bondir notre petit cœur terrifié. On peut aussi placer un lourd élément de tension en utilisant la lenteur du meurtrier s’avançant vers sa victime à petit pas alors que la pauvre ne voit aucune échappatoire. Dans Hell Fest, ce n’est ni l’un ni l’autre. Pas de réel élément de tension, des courses-poursuites insipides, des effets de sursauts inexistants et un climax ambiant trop sympa pour être horrifique. Vous l’avez compris ; on s’endort ferme.

Pourtant, l’idée de placer un tueur masqué dans un festival consacré à l’horreur pouvait avoir un potentiel non négligeable. D’ailleurs, à quelques reprises, on se surprend à apprécier les idées mises en place, comme celle du meurtre violent et barbare d’une jeune femme sous les yeux de Natalie, cette dernière pensant que tout cela n’est qu’une mise en scène. Dérangeant, certes, mais je parle ici d’une des seules scènes du genre dans tout le métrage.

L’ambiance générale du parc peut sans doute être effrayante si l’on se retrouve dans le contexte présenté dans le film. Mais tranquillement installé derrière notre écran, on ne trouve pas ça terrifiant. Tout au plus étonnant ou gratouillant notre viscérale peur de l’inconnu, mais c’est tout. On se retrouve comme les protagonistes, sursautant durant les premières minutes dans ce festival d’horreur et s’habituant à ce qui se trame autour de nous. Du coup, l’effet ressenti par les personnages, devenant de plus en plus blasés de voir de l’horreur, se transfère à nous, spectateur glissant lentement mais sûrement vers l’ennui.

Le scénario est linéaire et convenu. Pas de réelles surprises à noter durant l’intégralité du métrage, si ce n’est éventuellement les quelques scènes décrites ci-dessus, ou le coup de la guillotine qui peut surprendre (et faire mal). On reste dans un bon vieux slasher bien rodé, n’osant pas aller jusqu’où il aurait pu. Pour l’histoire d’un tueur dans un parc de l’horreur, c’est gentillet. Même les séquences où le tueur se met à l’œuvre n’envoient pas des briques ; des blocs de mousse, tout au plus.

Y a-t-il une morale à tirer de tout cela ? Tout d’abord, faire un film d’horreur dans un contexte horrifique avec un individu masqué, ça ne fonctionne pas. On nous aurait proposé un malade avec le même masque dans un parc d’attraction familial, je pense que la teneur aurait été toute différente (et le scénario aussi par la même occasion). Ensuite, le ton du film décrit une ambiance à la fois festive et sympatoche. On est entre potes, on s’amuse bien et même s’il y a un tueur et que les autorités mettent du temps à admettre que quelque chose cloche, c’est trop tard pour inquiéter le spectateur. Dur, dur de faire peur dans un contexte global comme celui-là.

Hell Fest n’inquiète pas du tout et reste très conventionnel d’un bout à l’autre de la bande. Sans surprise, sans sursaut, sans fioritures, on mate le film en se demandant si l’on a bien racheté du papier toilette et en terminant les niveaux sur un jeu de son téléphone portable. La fin relève à peine le niveau mais dans l’ensemble, ça ne parvient pas à convaincre. Bravo cependant aux acteurs qui se débrouillent bien dans un contexte qui n’était clairement pas évident à mettre en place. Pour le prix du billet, on repassera. Rien ne vaut le festival éponyme au lieu de celui-ci.

En plus, le prix du pop-corn doit être dérisoire dans ce genre d’endroit.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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