Le justice se ligue

Dans les comics adaptés au cinéma, deux géants s’affrontent : Marvel (le MCU, Marvel Cinematic Universe) et DC Comics (le DCEU, DC Extended Universe). Et on le sait ; DC Comics est à la traîne. Au moment de la sortie de ce métrage, on ne compte que cinq films pour DC Comics depuis 2013 contre dix-sept pour le Marveliverse depuis 2008. Justice League est l’occasion pour la franchise d’en mettre plein les mirettes aux spectateurs en leur montrant l’alliance de ses héros à la manière d’un Avengers chez Marvel. Pour mettre cela en images, qui de mieux que Zack Snyder, celui qui a déjà été aux commandes de Man of Steel (2013) et Batman v Superman (2016). Son style visuel propre devrait faire l’affaire. En post-production, suite à la perte tragique de sa fille, Zack Snyder a passé la main à un autre pro de l’image pour la finalisation du montage et le reshoot de certaines scènes ; Joss Whedon. Mais comment justifier le film ? DC Comics peut-il rattraper le retard ? La justice, est-ce que ça balance ? Le petit truc à savoir, c’est que l’abréviation « DCEU » est une anagramme de « déçu »… ATTENTION : cet article contient des spoilers

Tandis que le monde entier pleure la mort de Superman (Henry Cavill), un extra-terrestre particulièrement déterminé, Steppenwolf (Ciarán Hinds), débarque sur Terre avec son armée de paradémons dans le but de récupérer les Boîtes-mères, de puissants artefacts pouvant déclencher une terraformation destructrice. Pour contrer ce monstre, Bruce Wayne alias Batman (Ben Affleck) décide de monter une équipe de super héros ; Wonder Woman (Gal Gadot), Flash (Ezra Miller), Aquaman (Jason Momoa) et Cyborg (Ray Fisher) vont se liguer contre cette menace d’un autre monde, en espérant qu’il est encore temps de sauver les meubles.

Oui, il y a beaucoup de personnages DC Comics dans ce film, il faut en convenir. On retrouve donc les bases de la Justice League ; Bruce Wayne/Batman, à qui la détermination peut valoir comme un super pouvoir à part entière ; Diana Prince/Wonder Woman, armée de ses artefacts de guerrière et de sa foi en l’humanité ; Barry Allen/Flash, traçant de tous les côtés de l’écran aussi vite qu’une balle et armé d’un humour à toute épreuve ; Arthur Curry/Aquaman, aidé de son trident et de sa médaille d’or en natation ; et Victor Stone/Cyborg, un œil vif et l’autre rouge, développant ses connaissances pour le bien de l’équipe. Et… Clark Kent/Superman, revenant parmi les vivants pour donner un coup de main (d’acier) à la ligue fraîchement formée.

Dur de voir une irrégularité dans les rôles car la plupart sont actifs à l’écran pour la première fois. Pour faire simple, disons que les personnalités de chacun sont respectées et que certains font même plaisir à voir. On note un Flash complètement en roue libre, nous faisant esquisser plusieurs fois un sourire, et un Cyborg tiraillé (bien que peu) entre son état humain et ses capacités de machine. Et Gal Gadot, ben, c’est toujours un plaisir de la revoir, surtout après le mirifique Wonder Woman. Batman et Superman sont dans le tir et Aquaman… on espère en apprendre un peu plus sur lui à l’occasion d’un film sortant en 2018 qui devrait être centré sur le personnage.

Plein d’autres acteurs déjà vu dans le DCEU reprennent du service ; Amy Adams en Lois Lane, journaliste intrépide et petite amie de Superman ; Jeremy Irons en Alfred, majordome et protecteur de Bruce Wayne ; ou encore Diane Lane jouant Martha Kent, la mère de Clark, située pile dans le ton que l’on attend d’elle. Globalement, on s’en tire bien avec le casting.

Et puis, il y a le méchant de l’histoire ; Steppenwolf. Vous connaissiez ? Les fans de comics répondront « Oui ! » en se tapant fièrement le torse de leur poing. Les autres… ben y’a Internet pour se renseigner. Affilié à Darkseid, grand méchant de l’univers DC, c’est donc ce personnage au casque à cornes que nous avons comme antagoniste principal de ce Justice League. Obnubilé par son histoire de Boîtes-mères, il faut avouer qu’il s’avère compliqué à vaincre. Mais ce n’est pas évident de lui en mettre plein la tronche quand il disparaît dans son petit halo bleu en l’espace de quelques secondes. Fuyard, vous dites ?

Ce méchant débarque sur Terre avec ses armées de paradémons et la ligue va se former pour en finir avec lui avant qu’il ne détruise le monde. Voilà, le pitch est fait. Heureusement, le scénario s’étoffe un peu en incluant une certaine profondeur dans les personnages (le père de Barry joué par Billy Crudup, la rencontre avec les habitants d’Atlantis, comment Victor est devenu Cyborg), mais sinon, ça n’en reste qu’un déroulement linéaire et logique pour en arriver à une baston finale bien sentie mais sans grands enjeux scénaristiques.

Dans Justice League, il y a de l’action, ça c’est sûr. Et concernant les effets spéciaux, on peut faire confiance à Zack Snyder qui nous a pondu des merveilles technologiques comme 300, Sucker Punch ou The Watchmen. Son style, à fond dans les fonds verts, est bien présent dans ce film et même si parfois on voit la supercherie, cela reste dans l’univers visuel de ce cinéaste visionnaire, également adepte de bons sons en nous proposant une bande originale fortement sympathique. De ce côté-là, tout va bien.  

Mais trop d’action, est-ce que ça tue l’action ? Avec un scénario simpliste, un balancement rapidos de plusieurs personnages encore inconnus et un méchant peu célèbre dans nos contrées, Justice League doit donc se concentrer sur le plein de visuel pour satisfaire le public. Dans un sens, ça marche et cela en fait un véritable bon film pop-corn, où l’on apprécie les apparitions de nouveaux héros sans que l’on se prenne trop la tête.

Malheureusement, on sent bien quelque chose de défavorable pour les écuries DC Comics ; on les sent pressées par le temps. Le Marveliverse s’est rapidement imposé au cinéma comme un contexte cinématographique au top et DC se trouve être loin derrière. Avec Justice League, on dirait qu’ils cherchent à rattraper le temps perdu, ce qui est impossible surtout en précipitant les choses ainsi. On se retrouve alors avec un film blindé de super héros desquels on n’en saura plus que dans les prochains opus, eux centrés sur chaque personnage individuellement. Mais… qui fait ça, franchement ?

En voulant se grouiller, on en perd en consistance, en scénario, en personnages et… en crédibilité. DC Comics, qui se veut être plus sombre et complexe que Marvel, semble alors devenir une sorte de farce. Divertissante, certes, mais une farce quand même. En faisant l’effort d’avoir un style moins rude que dans les précédents opus et en mettant un accent un peu plus poussé sur l’humour, Justice League parvient donc à nous distraire… mais pas à nous convaincre. Ah ! C’est con ; on y était presque.

Y a-t-il encore de l’espoir pour le DCEU ? La sortie du film Aquaman cette année devrait apporter une nouvelle pierre à l’édifice, en espérant qu’il fasse aussi bien au niveau qualité et critique que Wonder Woman et puisse donner de l’élan à la suite de cet univers. Et puis, il y a cette scène post-générique dans Justice League, où Jesse Eisenberg revient en tant que Lex Luthor et propose un partenariat à… Deathstroke, joué courtement mais de manière trépidante par Joe Manganiello. Espérons que cela soit de TRÈS bonne augure pour la suite.

Justice League a essayé de faire trop d’un coup et la mayonnaise n’a pas réussi à prendre. Un contexte évidemment classe, un humour plus présent, des acteurs avec un excellent potentiel (développé ou à développer), mais une mise en scène parfois bancale, un scénario prétexte et une certaine consistance fade si l’on prend en considération qu’il s’agit de la seconde plus grosse fabrique de super héros de la planète. Malgré tout, on continue d’y croire.

C’est aussi ça, l’espoir. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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