Pied au plancher

Le réalisateur Edgar Wright reste l’un de mes préférés ; Shaun of the Dead (2004), Hot Fuzz (2007), Scott Pilgrim (2010) et Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013) ; pour ma part, que du bon. Logique donc que je procède au visionnage de Baby Driver sorti en 2017, également réalisé par ce britannique de talent. Eh bien, sur les 113 minutes de métrage, je ne pensais pas qu’on pouvait faire aussi prenant avec un synopsis aussi court. Reste-t-il un bon film d’action ? La vitesse va-t-elle nous griser ? La musique est-elle un pilier dans notre vie ? On passe la seconde et on se lance dans la critique.

Dans la ville d’Atlanta, Baby (Ansel Elgort) est chauffeur pour une bande de braqueurs. Celle-ci, dirigée par Doc (Kevin Spacey) parvient toujours à s’en sortir grâce aux talents de pilote du jeune homme. Pensant s’être émancipé du milieu criminel dans lequel il évolue, Baby démarre une relation avec Debora (Lily James). Mais le passé nous rattrape toujours…

Oui, c’est le type d’histoire que l’on rencontre beaucoup dans le cinéma d’action ou dramatique ; un individu souhaitant vivre une vie normale après un passage par la case « Criminel », mais qui n’y parvient pas. Pourtant, malgré une normalité affligeante dans l’idée, Edgar Wright nous bluffe avec un métrage rythmé, bien fichu et dans lequel on ne s’ennuie pas. Pourquoi ? Voyons ça ensemble.

Tout d’abord, l’idée du film date de loin dans la tête du réalisateur, qui signe également le scénario. Pour libérer une partie de cette idée, il dirige le clip de la chanson Blue Song du groupe Mint Royale en 2003 (que vous pouvez retrouver en cliquant sur CE LIEN), ressemblant beaucoup à l’introduction du film présenté ici. Pour l’anecdote, dans le clip en question, nous retrouvons un certain Nick Frost, un des acteurs de prédilection du réalisateur (ainsi que Noel Fielding, Julian Barratt et Michael Smiley).

Donc, Baby Driver sort en 2017. Pourquoi est-ce que ça fonctionne ? Tout d’abord grâce aux acteurs. Ansel Elgort interprète un Baby taciturne, quelque peu étrange et paraissant ne pas vivre dans le même monde que nous. N’empêche qu’il possède une immense présence à l’écran, faisant de lui l’un des piliers du métrage, son apparente fragilité cachant un terrible drame ainsi qu’une force de caractère bien trempée.

Kevin Spacey fait son travail en tant que chef de gang organisé, ressemblant étrangement à un certain Professeur dans la série La casa de papel ; Lily James, rêveuse H24 et étonnamment combattive, joue bien le rôle de Debora ; Buddy (Jon Hamm) et sa petite amie Darling (Eiza González) sont de véritables Bonny & Clyde modernes ; et Bats (Jamie Foxx) s’avère être un personnage particulièrement imprévisible et violent. A noter la présence courte mais remarquée de Jon Bernthal (The Walking Dead, The Punisher) ainsi que la performance touchante et sympathique de CJ Jones, acteur sourd parvenant à faire beaucoup de bruit.

Mais ce qui fait aussi la saveur de tout ça, c’est le nombre incroyable d’artistes musicaux jouant des seconds rôles : Flea (bassiste et co-fondateur des Red Hot Chili Peppers), Sky Ferreira (chanteuse), Big Boi (duo OutKast), Killer Mike (rappeur et fondateur du label Grind Time Official Records), Paul Williams (auteur-compositeur américain) et Jon Spencer (groupe Jon Spencer Blues Explosion) entre autres.

Pourquoi autant d’artistes musicaux ? Eh bien parce que la musique a une importance capitale dans Baby Driver. Le principe de mettre un morceau durant le temps du braquage (idée existante dans Hudson Hawk de 1991 avec Bruce Willis) ainsi que l’omniprésence des écouteurs dans les oreilles de Baby nous permettent d’apprécier une foule de morceaux ; Bellbottoms de Jon Spencer Blues Explosion durant la séquence d’ouverture ; Harlem Shuffle de Bob & Earl durant le générique ; Tequila de The Button Down Brass pendant une fusillades intense ; mais aussi Easy des Commodores, Debora de T-Rex, Brighton Rock de Queen ou encore Baby Driver de Simon & Garfunkel. Et ça, ce n’est qu’une petite partie.

La bande son est idéalement placée dans le film, nous transportant musicalement dans l’émotion des scènes visionnées. A l’image de Baby, possédant plusieurs appareils MP3 suivant son humeur ou la situation qu’il traverse, les différentes chansons permettent de nous mettre à sa place et de ressentir directement ce que lui ressent. L’utilisation de la musique est donc partie intégrante du film sans pratiquement aucun temps mort. P’tain, c’est bien vu !

On peut déjà combiner bons acteurs et musique présente sur toute la durée du métrage, donnant un dynamisme tout particulier au rendu final. A cela, on peut ajouter que les courses-poursuites sont orchestrées magistralement, permettant une fluidité de visionnage rare dans ce genre d’occasion. Pour en ajouter une couche, les détails visuels chers au réalisateur ponctuent un travail d’orfèvre en matière de montage, par exemple l’ajout d’une partie des paroles sur des graffitis ou des affiches dans la rue pendant l’écoute du générique.

Comme je le disais au départ, le scénario tient pourtant sur un timbre-poste et on a déjà vu et revu ce dernier dans de nombreux films. Si l’on met de côté certaines facilités scénaristiques (je pense notamment au revirement de Doc en fin de métrage), il faut avouer que l’on ne s’ennuie pas. Même si le chemin semble balisé au possible, le fun, le rythme et la consistance sont tout de même présents.

Alors oui, le final est quelque peu conventionnel mais s’avère être (à mon avis) un hommage aux films de genre, en nous présentant une cohérence avec le reste du récit et surtout une finalité que l’on n’aurait pas cru possible au vu des mésaventures subies par notre jeune chauffeur préféré.

Assumer ses choix, toujours avoir une longueur d’avance, réussir à échapper à son passé sans pour autant l’oublier, protéger ceux que l’on aime, plusieurs thèmes peuvent se retrouver dans l’histoire et permettent de donner une couche supplémentaire aux personnages et à nous les faire apprécier d’un bout à l’autre du film. En restant simple, le background des personnages est suffisant pour nous contenter.

Ce métrage nous prouve d’ailleurs que lorsque l’on sait comment manier une histoire et la rendre intéressante en construisant un univers complet autour, il est tout à fait possible d’avoir une idée somme toute banale pour en faire quelque chose de grandiose. C’est ce que parvient à nous concocter ce film prouvant ainsi qu’Edgar Wright connaît son boulot.

Avec de bons acteurs, un rythme effréné, des poursuites lisibles, une histoire où l’on ne s’ennuie pas et une excellente bande musicale, Baby Driver peut se laisser regarder sans aucun souci. Sachant faire juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine, le réalisateur nous pond une histoire bien rodée, appréciable et fonçant ventre à terre dans sa filmographie. Un conseil ; regardez ce film parce que ça donne la patate !

Et faites quand même gaffe aux excès de vitesse.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page