La fin d'une ère

En 1993, Steven Spielberg nous servait un monument du cinéma avec son Jurassic Park. Devenu irrémédiablement culte et étant un incontournable de tout fan de ciné qui se respecte, ses suites Le Monde perdu en 1997 et Jurassic Park 3 en 2001 n’ont pas fait l’unanimité mais se valaient comme explorant intelligemment l’univers mis en place dans le premier film.

Puis, en 2015 débarque Jurassic World de Colin Trevorrow, remaniant la franchise et repartant pour un tour avec, cette fois-ci, une touche de génétique pour rendre certains dinos plus… agressifs. L’aventure continue avec Jurassic World : Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona en 2018, nous présentant un final explosif et une puissante envie de découvrir comment tout cela allait se terminer. Le court-métrage Battle at Big Rock en 2019, où Colin Trevorrow reprend sa place derrière la caméra, nous promet du TRÈS lourd pour le final de cette nouvelle trilogie.

C’est en 2022 que débarque Jurassic World : Le Monde d’après toujours du même réalisateur. La finalité d’une franchise débutée il y a 29 ans se devait d’être épique et nous proposer du contenu qui ébranle nos convictions de fans de ciné et de dinos au plus profond de nous. Qu’en est-il ? Le film réussit-il à nous combler ? Avons-nous droit à un final digne de ce nom ? Mesdames et Messieurs, bienvenue dans ce dernier volet de l’ère jurassique. On se lance dans la critique ! ATTENTION : des spoilers sont potentiellement présents dans cet article

Quatre ans après le cataclysme sur Isla Nublar, Owen et Claire vivent reclus au milieu de nulle part avec Maisie, clone humain de son état. L’entreprise Biosyn mène des recherches sur les dinosaures, ces derniers pouvant potentiellement apporter des réponses à certaines maladies génétiques et aider à leur guérison. Mais quand une importante nuée de criquets génétiquement modifiés dévaste les récoltes aux Etats-Unis et que Maisie est enlevée, il est temps pour les survivants de Jurassic Park comme pour ceux de Jurassic World de faire front commun et faire la lumière sur les sombres desseins de Biosyn.

Concernant mon ressenti sur le film, j’en ai déjà touché deux mots dans la vidéo de mon bilan du mois de juillet (que vous retrouverez en CLIQUANT ICI). Perso, je m’attendais à un Battle at Big Rock sur-vitaminé, faisant déferler les dinosaures à travers le monde pour foutre un bordel dantesque et risquer l’extinction de la race humaine. Ben… je me suis planté. Avais-je trop d’attentes ?

Le film démarre en nous présentant la vie des protagonistes après la débâcle du dernier parc. Owen (Chris Pratt) vit maintenant avec Claire (Bryce Dallas Howard) au milieu de nulle part. Lui se dresse contre les braconniers qui cherchent à commercer du dino et elle sauve ceux-ci des élevages illégaux. Tous deux s’occupent de la jeune Maisie (Isabella Sermon), clone de Charlotte (sa maman), créée par son grand-père, Benjamin Lockwood.

En parallèle, Ellie Sattler (Laura Dern) enquête sur des essaims de criquets possédant des caractéristiques de l’ère des dinosaures et qui s’amusent à décimer les récoltes au milieu des Etats-Unis. Convaincue que l’entreprise Biosyn est derrière tout ça, elle demande à son ancien compagnon Alan Grant (Sam Neil) de bien vouloir l’aider à enquêter. Ils se rendent donc chez Biosyn et y rencontrent un vieil ami, Ian Malcolm (Jeff Goldblum), conférencier apprécié de l’entreprise de génétique.

On constate donc que l’on retrouve toute la clique des survivants des différents parcs. On peut également noter la présence de Barry (Omar Sy), ancien partenaire d’Owen ; Henry Wu (B.D. Wong), toujours dans les environs quand ça part en cacahuète ; ou encore Zia Rodriguez (Daniella Pineda), véto pour dinos. Dans les nouveaux venus, on peut citer Kayla Watts (DeWanda Wise), une mercenaire au grand cœur, ou encore Soyona Santos (Dichen Lachman) une contrebandière pro dans l’art de dresser les méchants dinosaures.

Mais le fait de casting le plus notable est celui du retour d’un personnage passablement oublié depuis Jurassic Park ; Lewis Dodgson (Campbell Scott), PDG de Biosyn, n’étant personne d’autre que l’homme au chapeau rencontrant Dennis Nedry au début du tout premier film. Eh oui, Dodgson est parmi nous ! Dodgson est là ! Antagoniste majeur dans les romans de Michael Crichton, il a été passablement mis de côté durant les cinq précédents films pour faire son arrivée dans ce dernier volet. A noter que l’acteur Campbell Scott n’est pas l’acteur de 1993 ; ce dernier ayant eu des démêlés judiciaires pas franchement jolis-jolis, il n’a pas repris son rôle.

Donc, nous avons les personnages des deux franchises distinctes, un antagoniste majeur qui fait son grand retour et des dinos à disposition ; tout ce qu’il faut pour que le final soit grandiose, non ? Eh bien… non.

Tout d’abord, là où l’on s’attend à une puissante arrivée en force des dinosaures dans notre monde, nous n’avons quelques bribes de situations en début et fin de métrage. La majorité de ce dernier se déroulant… dans un parc, le refuge des dinosaures de Biosyn si l’on veut être précis. Pas de T-Rex dévastant Sans Francisco, ni d’attaque de raptor dans un camping du Wyoming, ni de Compsognathus se défoulant sur une bande d’enfants en course d’école dans un coin de l’Europe. On centre l’action à un endroit précis et si possible, un parc.

Outre cela, le rendu du scénario fait furieusement penser à ce que l’on peut voir ces dernières années ; une entreprise malveillante veut avoir mainmise sur le monde et créé de vilains criquets qu’eux seuls peuvent stopper afin d’avoir tout le pognon dans leurs caisses. Même si les recherches de Biosyn sont faites dans une optique louable (combattre les maladies et sauver les dinosaures), on a une terrifiante impression de déjà-vu.

La présence des anciens acteurs aide beaucoup à nous propulser dans un élan de nostalgie bienvenu mais l’histoire semble assez redondante. De plus, tout l’aspect génétique (notamment le parallèle évident entre Maisie et Beta, le petit du Vélociraptor Blue) prend une place immense, initiée dans le précédent film de la saga. Cela étant, on peut effectivement voir cela comme une évolution de l’histoire, la suite logique après la création d’animaux disparus étant, bien entendu, la création d’êtres humains.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ; Jurassic World : Le Monde d’après reste un excellent spectacle pop-corn à visionner avec grand plaisir. Retrouver les anciens acteurs est simplement un élan bénéfique de nostalgie et la découverte des nouveaux permet de continuer l’extension de l’univers de Jurassic Park.

Même si le scénario reste assez prévisible et parfois capillotracté, la conclusion du film est faite tout en douceur en nous présentant les choses comme suit ; l’humain n’a pas l’ascendant sur la nature et doit apprendre à vivre avec elle et non au-dessus d’elle. Les dernières images montrant les dinosaures en liberté nous offrent la perspective d’un monde où humains et dinos pourront trouver un terrain d’entente et apprendre à vivre ensemble. Cela n’empêchera pas le braconnage, les trafics et les élevages illégaux mais il y aura toujours des gens pour défendre ces animaux de retour sur Terre après 65 millions d’années d’absence. Il y a clairement eu un monde avant Jurassic Park et après Jurassic Park. D’ailleurs, dans le monde du cinéma également.

Il faut aussi mentionner que les scènes d’action sont bien fichues et parviennent à nous coller une certaine tension (une poursuite à moto avec des dinos à Malte, l’attaque d’un avion par des Quetzacoatlus, un crash sur un lac gelé et la traque d’un Therizinosaurus, une balade dans des souterrains avec des Dimetrodons). Il faut aussi compter sur la présence d’un Giganotosaurus et d’un combat final épique avec un T-Rex. Ne vous en faites pas ; l’emblème de Jurassic Park n’a pas dit son dernier mot.

Et l’élément à ne pas négliger est bien entendu le retour de l’antagoniste principal de la série ; Lewis Dodgson. Même si ce dernier était anecdotique dans le premier épisode, il reste tout de même le rival absolu d’InGen et d’Hammond dans l’histoire des livres. Dès lors, débuter la franchise avec une courte apparition et le voir en magnat de la génétique obsédé par sa réussite dans ce nouveau volet, c’est réellement un plaisir.

Le film est-il donc apte à terminer la franchise ? Si l’on considère que celle-ci n’est pas potentiellement terminée (Colin Trevorrow a précisé que la saga devait avancer et éviter le reboot) et que le personnage de Kayla Watts semble être potentiellement utilisable pour lancer une suite, cela veut dire que l’on repart pour un tour. Mais initialement, concernant la fin de l’ère de Jurassic Park, non, on ne peut pas dire que le film effectue son travail.

Bien qu’il reste un excellent divertissement, trop de place est laissée à une intrigue en demi-teinte au lieu de nous présenter de l’action à l’état pur. Même si l’argument éthique était bien présent dans le premier film (et même bien mis en avant), n’en reste qu’avec le temps, on s’attend à avoir des dinosaures en pétard qui déferlent sur le monde, forçant l’humanité à changer ses habitudes et apprendre à survivre plutôt qu’un joli petit sanctuaire pour dinos où tout se passe bien dans le plus beau des mondes.

Le cataclysme annoncé par Malcolm dans le premier film n’a donc pas lieu. Oui, l’humanité a dû s’adapter mais nous sommes loin d’une problématique magnifiquement soulevée dans Battle at Big Rock. Ce dernier film sonne comme la fin d’une ère, celle où les dinosaures régnaient sur le cinéma. Espérons que si suite il y a, la possibilité d’avoir plus d’interactions en dehors d’un parc puisse être envisagée, intensifiant l’aspect thriller SF que l’on retrouvait dans le premier film.

Pour résumer, Jurassic World : Le Monde d’après ne change pas la face du cinéma. Il reste un bon divertissement à consommer avec un paquet de pop-corn et une bonne dose de nostalgie. Seulement, avec un scénario qui devient de plus en plus bancal (des criquets… sérieusement ?) et des dinosaures gentiment relégués au rang de figurants, nul doute que la franchise, si elle continue, devrait prendre son envol, à l’image des Ptéranodons à la fin de Fallen Kingdom, surplombant Las Vegas. Bonnard à regarder mais clairement pas impérissable et malheureusement trop faiblard pour terminer cette fabuleuse saga initiée il y a 29 ans avec l’indétrônable Jurassic Park.

Bon, au moins l’avantage, c’est qu’il n’y a plus besoin de prendre de ticket pour voir des dinos.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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