Piles incluses

Jeu d’enfant réalisé par Tom Holland en 1988 ayant fait son petit effet, il était normal de voir débarquer une suite deux ans plus tard. C’est donc Chucky, la poupée de sang qui continuera les aventures macabres du poupon meurtrier, avec John Lafia à la réalisation, déjà présent en tant que scénariste sur le premier opus. Ce film va-t-il être tout aussi bien que son prédécesseur ? Chucky va-t-il continuer de nous coller la trouille ? Le lobby du jouet s’en prendra-t-il un coup ? On insère les piles dans l’espace prévu à cet effet et on active le bouton « ON » pour trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Plusieurs mois se sont écoulés depuis la tragédie vécue par la famille Barclay. Chucky est mort, Andy est en foyer d’accueil et sa mère envoyée à l’hôpital psychiatrique. Seulement, l’entreprise ayant commercialisé la poupée « Brave Gars » décide de passer par-dessus ces quelques problèmes de produit en remettant dans les rayons le fameux jouet. Pour montrer au monde qu’il n’y a aucun risque, les patrons se procurent la poupée des meurtres et la restaure. Il n’en faut pas plus pour Chucky. Revenant à la vie, il est déterminé à retrouver le petit Andy dans sa nouvelle famille et lui transférer son âme meurtrière une fois pour toute.

Au casting, on retrouve avec plaisir Andy (Alex Vincent). Traumatisé par les événements du premier film, il doit maintenant se reconstruire dans une famille d’accueil fraîchement trouvée, les Simpson (non, ils ne sont pas jaune avec de gros yeux globuleux). Prestation tout à fait correcte du jeune garçon, c’est une nouvelle fois un bon personnage. Dans sa nouvelle famille, nous avons Joanne (Jenny Agutter), mère aimante et souhaitant le meilleur pour le petit Andy, convaincue que ce dernier peut devenir équilibré en grandissant dans un cadre attentionné. Son mari, Phil (Gerrit Graham), strict mais juste, est beaucoup plus réticent à la venue d’Andy. Cependant, tout comme son épouse, il ne croira pas une minute l’histoire abracadabrante d’une poupée tueuse, à ses dépens. Kyle (Christine Elise), adolescente rebelle, fumant comme un pompier, sera l’un des personnages les plus surprenants du métrage. Si sa prestation est tout à fait correcte, l’écriture du perso le sera beaucoup moins. A noter l’apparition de l’actrice Beth Grant dans le rôle de Miss Kettlewell, une prof qui aura une punition assez musclée de la part de Chucky.

En parlant de lui, nous retrouvons bien entendu Brad Dourif dans son rôle de prédilection ! Grâce à cette prestation, nous tenons ici une bonne raison de voir cette suite ; l’évolution du personnage de la poupée tueuse. Discret et relativement silencieux dans le premier film, il va ici s’émanciper pour passer à l’action. Nous verrons surtout l’humour noir du personnage prendre l’ascenseur et devenir beaucoup plus acerbe et cynique, donnant plus de consistance à ce jouet meurtrier. Un rôle vocal, mais un excellent rôle quand même.

Car dans cette suite, pas grand-chose de nouveau. L’effet de surprise de Jeu d’enfant est épuisé (on sait maintenant ce qu’est Chucky et pourquoi il fait ça) et le scénario est relativement bancal. Quelle société se procurerait une poupée accusée de meurtres (même si cela paraît effectivement débile) pour la remettre en état ? C’est grâce au lobby du jouet que notre tueur en série miniature pourra à nouveau tuer. Déjà, l’explication de son retour est passablement foireuse.

Foireux mais justifié par le fait de la critique commerciale, déjà présente dans le premier film. Les administrateurs de l’entreprise vendant la poupée « Brave Gars » se fichent pas mal des conséquences de leurs actes. Au lieu de mettre tout ça sous le tapis et se lancer de nouveaux défis, ils rejettent en bloc une possible vérité au profit de se faire plus d’argent. Merci les gars, grâce à vous, y’a un tueur dans la nature.

Passé le début du film, on avance sans peine dans le scénario, Chucky continuant ses crimes comme si de rien n’était, faisant toujours accuser le pauvre Andy à sa place. Dès lors, les meurtres se voudront plus graphiques et sanglants que dans Jeu d’enfant, et la poupée beaucoup plus prompte à faire quelques blagues avant de porter le coup de grâce.

C’est donc sans surprise que nous dériverons ainsi jusqu’à un final tout trouvé dans l’usine de fabrication de la poupée « Brave Gars », l’occasion d’une course-poursuite confinant pratiquement au ridicule dans sa dernière ligne droite. Un Chucky mutilé, avançant péniblement sur un petit chariot en direction d’Andy, jurant qu’il va lui faire subir moult tourments, avant de s’en prendre, littéralement, plein la tête. Petit mais coriace, ce brave gars ! Tout ça pour finir sur un plan global et un dernier dialogue entre Andy et Kyle, promettant des lendemains difficiles, mais lendemains quand même. 

Outre la non-surprise du scénario qui restera pile dans les clous (on prend les mêmes et on recommence), le film souffre également de quelques écritures de personnages étranges, et principalement l’histoire de Kyle. Adolescente rebelle, sans cesse rejetée, elle va se transformer en super grande sœur protectrice, nous gratifiant même d’un passage à la Indiana Jones histoire d’aller sauver son petit frère d’adoption. On veut bien qu’elle souhaite aider l’enfant en question, mais pourquoi nous la présenter en tant que rebelle ? La réponse, peut-être, dans les suites récemment sorties de cette saga.

Heureusement, nous avons Chucky ! La poupée devient plus loquace et développe un humour bien à elle dans ce nouveau film. Entre son accrochage sur le devant d’une voiture tout en râlant sur la conduite des femmes au volant, ses doigts d’honneur en pagaille et sa réplique presque culte « Dorlote-moi ça ! », on peut dire que le personnage tient le métrage principalement sur ses petites épaules.

Car côté trouille, on repassera également. Là où le premier film mettait une tension palpable dans son ambiance et jouait énormément sur le hors-champ et le fait de faire monter la mayonnaise, il n’en sera rien ici. On s’attend à beaucoup de choses et même si les crimes de Chucky restent originaux (on le rappelle, on est en 1990), cela ne permettra pas d’avoir une réelle peur à quelque moment que ce soit du film. Sauf pour tous les phobiques des poupées, bien entendu. Cela dit, les effets spéciaux sont toujours d’actualité et Chucky rend toujours aussi bien lors de ses déplacements et surtout de ses mimiques faciales.

Surfant sur un conventionnel presque affligeant, Chucky, la poupée de sang nous offre un film d’horreur correct mais égratigné, à l’image du poupon dans les derniers instants du film. Linéaire, comportant des personnages à l’humeur changeante, on ne peut pas qualifier le film de « bonne suite ». Heureusement, notre « Brave Gars » préféré est là pour remonter un peu la pente. Reste à voir ce que ça donnera avec le troisième opus (hem, hem…).

Au moins, les piles étaient incluses. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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