On grandit toujours trop vite

Presque deux ans ; c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que la suite de Stranger Things arrive sur nos écrans via Netflix le 4 juillet 2019. Créée en 2016 par les Duffer Brothers (Matt et Ross de leurs prénoms), cette série s’est rapidement retrouvée au firmament grâce à ses personnages attachants, son scénario fantastique et son indubitable hommage aux années 80. L’histoire de ces pré-ados aux prises avec des monstres venus d’une autre dimension a su se faire apprécier (que dis-je, aimer) de tous les amateurs du genre à travers la planète. Après une seconde saison bien cossue, comment tout cela allait-il tourner ? Notre petit cœur va-t-il être conquis ? Les enfants ont pris un coup de vieux ; cela nous impacte-t-il également ? Short en jean et coupe mulet, on se lancer dans le visionnage de cette troisième saison non sans un certain plaisir. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Hawkins, Indiana, 1985. Une année après en avoir fini avec le passage permettant d’accéder au Monde à l’envers, Mike (Finn Wolfhard) et son équipe ont tous bien grandis. Ils se remettent de leur terrible combat contre le Flagelleur Mental et vivent leurs vies de pré-adolescents en découvrant leurs premiers émois. Pourtant, ils sont loin de se douter que leur combat contre le Monde à l’envers n’est pas encore terminé. Après la fermeture de la faille, quelque chose est resté coincé dans notre monde… et compte bien se venger de la petite troupe.

De prime abord, voir comment les enfants ont grandi, ça fiche un coup de vieux. Il faut être clair ; ce sont maintenant des adolescents. Pourtant, la timeline de la série est respectée à une année près par rapport au temps effectivement passé dans notre réalité ; il s’agit donc d’un vieillissement tout à fait naturel. Il est intéressant dès lors de découvrir ce que deviennent ces héros en herbe tant physiquement que dans leur développement psychologique.

On retrouve Winona Ryder dans le rôle de Joyce Byers. Travaillant dans un magasin peu fréquenté du centre-ville, elle est à nouveau propulsée dans une histoire incroyable, cela après avoir remarqué que les magnets ne tenaient plus sur son frigo. Tout comme les ados de cette saison, elle doit aussi remettre en ordre ses sentiments, surtout après la terrible mort de son petit ami Bob (Sean Austin). Ce n’est pas chose facile avec Jim Hopper (David Harbour) dans les parages. Colérique, prétentieux et amoureux de la belle, il est un des fers de lance de cette nouvelle saison. Deux grands acteurs et deux prestations magnifiquement jouées. Une déception ? Pas de nouvelle décoration grandiloquente made in Joyce de la maison des Byers dans cette nouvelle saison. Snif… 

Les ados ne sont pas en reste. Mike (Finn Wolfhard) découvre ses premiers roulages de patins avec Elfe (Millie Bobby Brown), tous deux surveillés de près par Jim, le père adoptif de la jeune fille. L’alchimie entre les deux jeunes gens fonctionne et on peut même mentionner que la prestation de Millie dans cette saison crève littéralement l’écran. Dustin (Gaten Matarazzo) reste un personnage clé attachant et plein de ressources. Il a même une petite amie, Suzie (Gabriella Pizzolo) que nous voyons dans le tout dernier épisode. C’est l’occasion pour les deux tourtereaux de nous balancer un des plus gros hommages aux eighties de cette saison ; accrochez-vous !

Lucas (Caleb McLaughlin) est plus présent dans cette nouvelle saison et sa petite amie Maxine (Sadie Sink) prend également une importance toute particulière. Will (Noah Schnapp) se retrouve un peu en congé. Normal après deux saisons durant lesquelles il a été le centre d’attention absolu. Pourtant, il conserve sa place dans l’équipe même s’il faut l’avouer, il se rend rapidement compte qu’il ne grandit pas aussi vite que ses amis. Le couple Nancy (Natalia Dyer) et Jonathan (Charlie Heaton) travaille pour un journal local mais se mêle d’un peu trop près des affaires du Monde à l’envers, ce qui n’est pas du goût du Flagelleur Mental.

Et que dire de Steve (Joe Kerry), le personnage le plus surprenant de la deuxième saison ? Son amitié avec Dustin ne perd rien de sa superbe et le personnage reste à la fois drôle, attachant et efficace. Sa nouvelle amie Robin (Maya Hawke) a un secret qui est balancé tel un twist en fin de saison. Comme quoi, on ne gagne pas forcément à tous les coups, Steve. Et Billy (Dacre Montgomery) prend de l’essor durant cette nouvelle saison, devenant le héraut du Flagelleur Mental et nous proposant dès lors une prestation différente mais ô combien percutante.

Pour résumer, on peut mentionner la présence courte mais remarquée de Sean Astin dans le rôle de Bob lors du premier épisode ; Cary Elwes jouant Larry Kline, le maire peu scrupuleux d’Hawkins ; et Jake Busey en journaliste misogyne. Dans les grandes lignes, la distribution est impeccablement faite.

Tout comme durant les précédentes saisons, les scénaristes ne se contentent pas de nous balancer des personnages sans explication de leur présence ou sans profondeur. Nous en apprenons plus sur chacun d’entre eux, notamment Billy et ses magnifiques souvenirs, mais aussi sur la complexité de l’adolescence et des premiers émois via les différents couples s’étant formés après la précédente saison. Ce passage de la vie n’étant pas des plus faciles, les personnages de Stranger Things parviennent cependant à bien le retranscrire, donnant un réalisme et une épaisseur supplémentaire aux différents protagonistes. 

Et l’histoire ? Vacille-t-elle comme un bateau de papier dans une mer déchaînée ou garde-t-elle le cap ? La seconde saison était un peu en-deçà de certaines attentes. Néanmoins aucunement ennuyeuse, elle nous surprenait moins que la première. Avec cette nouvelle saison, les surprises sont légion. La mythologie de la série suit son canevas et semble parfois être un peu prétexte via une introduction en Russie en 1984 où une bande de camarades tentent de créer une faille pour atteindre le Monde à l’envers.

Mais au fur et à mesure de l’avancée des épisodes, on se rend compte que les choses sont un peu plus complexes que ce qu’elles semblent être. Surfant tout de même sur un principe déjà connu en seconde saison (le complot, les expériences interdites, le laboratoire secret), n’en reste que cette troisième saison parvient non seulement à nous surprendre sur plusieurs points, mais également à raviver l’étincelle qui manquait un peu dans les neufs derniers épisodes de l’année 2017.

Dans cette saison, on s’intéresse à une démagnétisation des alentours d’Hawkins, d’un étrange message en russe capté par Dustin et de la chair de poule dans le cou de Will. Aucun doute ; quelque chose du Monde à l’envers est resté dans notre dimension. L’occasion pour la fine équipe de se mettre à enquêter et découvrir qu’un complexe ultra-secret russe se planque sous le centre commercial de la région. Une mission à la Ethan Hunt attend donc Dustin, Steve, Robin et la jeune Erica (Priah Ferguson), petite sœur insupportable de Lucas, qui à le mérite d’être tout sauf une cruche et qui apporte un peu de fraîcheur en tant que nouveau personnage.

Pendant ce temps, alors que Mike essaie de comprendre la mécanique psychologique féminine (ardu comme tâche), lui, Lucas et Will constatent que quelque chose ne tourne pas rond. Ils font donc appel à leurs petites amies Elfe et Maxine pour leur filer un coup de main. Billy semble ne plus être le même et c’est sans doute dû à l’influence néfaste du Monde à l’envers.

Les enquêtes menées par Nancy et Jonathan les mènent vers des rats au comportement troublant et à une prise de conscience sur leur positionnement en tant que couple mais aussi de leur nature humaine à ne pas laisser tomber une affaire qui vaut la peine d’être creusée. Tout cela sans compter sur les interrogations de Joyce qui vont la mener, avec le shérif Jim, à plusieurs révélations sur les véritables intentions du mystérieux complexe souterrain d’Hawkins. 

Un des principes de la série est d’effectuer un mélange des genres, donnant ainsi une agglomération émotionnelle non négligeable, notamment grâce à la prestation des acteurs et aux situations vécues par ces derniers. Les premiers émois de ces ados peuvent nous renvoyer à notre propre adolescence ; les apparitions du Flagelleur Mental nous tendent les bretelles dans notre canapé ; les blessés et morts peuvent potentiellement nous tirer une larmichette. Vous l’avez compris, Stranger Things, c’est une constellation de sensations et d’émotions en tout genre sur les huit épisodes de cette saison. On rit, on pleure, on s’insurge, on frisonne, tout est bon à prendre.

Il faut le dire ; le monstre de cette saison est sans doute le plus répugnant de la série. Masse arachnide et tentaculaire de chair, faisant passer Le Blob pour de l’art moderne, cette bestiole est un concentré de haine et de vengeance à l’état brut. Dégoûtante, déterminée, la créature va en grandissant (tout comme le casting de la série) pour devenir un antagoniste gargantuesque durant le dernier épisode. Le combat dans le centre commercial envoie du lourd et on n’aimerait surtout pas se retrouver face à ne serait-ce qu’un centimètre carré de la monstruosité que doit combattre la petite équipe.

A ce titre, les effets spéciaux de cette saison semblent monter d’un cran par rapport à la précédente. Si le combat final est digne d’un film à bon budget, les différents effets collent bien à l’atmosphère. Toujours un Monde à l’envers magnifiquement construit et des morts parfois bien graphiques. On peut mentionner quelques légers ratés, notamment une scène d’explosion de rats un peu synthétique. Pourtant, dans l’ensemble, c’est grand, c’est beau, c’est bien foutu. 

Et les hommages aux années 80, on en a ? Parce qu’au fond, c’est un peu ça que certains d’entre nous, venant de cette génération, avons grandement aimé dans Stranger Things. Chers amis, ne vous en faites pas ; les hommages sont là, bien là, admirablement là. Sans en faire la liste absolue, on peut mentionner les musiques présentes dans la série qui nous font revivre toutes les sensations des eighties sans machine à voyager dans le temps, notamment une scène de shopping sur Material Girl de Madonna. On peut aussi mentionner un magnifique clin d’œil à Retour vers le futur en fin de saison (et ça colle des frissons) et que dire de la reprise de L’histoire sans fin et de son hommage musical ? Franchement, les gars, y’a de quoi faire pour virer quelques instants dans une nostalgie bienfaitrice.

Cette saison parle clairement du passage à l’âge adulte. On s’en doute lorsque nous voyons nos ex-bambins s’arracher les cheveux sur les relations de couple ou encore sur les interrogations des pré-adultes comme Nancy et Jonathan sur leur avenir. Cela s’intensifie en fin de saison lorsque toute notre équipe se retrouve confrontée à l’horreur du Flagelleur Mental, au deuil et au changement de vie, ce dernier illustré par un départ d’Hawkins de plusieurs protagonistes. Grandir implique des sacrifices, de la douleur et des expériences parfois ratées. Mais le shérif Jim, par ses propres mots, parvient à résumer la saison lors d’un dernier discours fichtrement bien écrit à grands coups de tripes.

La fin de saison pourrait clore l’histoire, chacun devant aller de l’avant et faire face à un avenir incertain mais rempli d’aventures et de potentielles promesses. Mais durant le générique, la neige se met à tomber, l’écran recommence à diffuser des images et nous nous retrouvons en Russie pour un dernier barouf d’honneur. Et là, on se demande si saison quatre il y aura ou non. Existe-t-il encore quelque chose à puiser dans la mythologie de la série ? Y a-t-il un risque d’essoufflement ? Trop tôt pour le dire mais avoir une suite, surtout après cette troisième saison, serait sans doute un plaisir.

Amateurs de séries à suspense, aficionados des années 80, compagnons des histoires où l’on peut passer du rire aux larmes en quelques instants, amis des prestations d’acteurs bien fichues, n’attendez plus ; ruez-vous sur cette troisième saison de Stranger Things. L’histoire continue pour notre plus grand plaisir et même si certains aspects semblent répétitifs, n’en reste que les acteurs en veulent et continuent de nous offrir un spectacle unique. Armez-vous de votre meilleur regard et appuyez sur le bouton « Play » ; il se pourrait que vous kiffiez ça.

Vieillir avec Stranger Things, ça fait un bien fou !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page