Sortie de l'enfance

ATTENTION : des spoilers concernant le premier film Esther se trouvent directement dans l’introduction !

En 2009, Esther débarque sur les écrans. Réalisé par Jaume Collet-Serra, le film semble surfer sur la tendance des enfants assassins avant de nous faire un revirement final magnifique en nous montrant que la charmante petite fille de 9 ans a en fait… 33 ans. Twist final bienvenu, film sympatoche, frissons au rendez-vous et on peut aussi compter sur la performance de la jeune actrice Isabelle Fuhrman, qui avait effectivement 12 ans au moment de la sortie du film.

Puis, des rumeurs apparaissent ; une suite serait en préparation, s’avérant être finalement une préquelle. Le réalisateur est William Brent Bell (Stay Alive, The Devil Inside, The Boy) et on apprend qu’Isabelle Fuhrman reprend son rôle… treize ans plus tard. Au moment du tournage, elle avait… 24 ans. Comment cela est-ce possible ? Une suite était-elle vraiment nécessaire ? Peut-on encore être surpris ? On signe les papiers d’adoption et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers, mentionnés par une balise

Détenue dans un centre psychiatrique, Leena a un sérieux pète au casque et souffre de panhypopituitarisme, lui donnant l’apparence d’une petite fille malgré sa trentaine. Parvenant à s’évader, elle usurpe l’identité d’une enfant américaine disparue, Esther. Sa maman vient la rechercher et la ramène dans sa famille pour recommencer une vie remplie de joie et de rires tous ensemble. Mais les apparences sont, dans tous les cas, trompeuses.

« Comment encore surprendre ? » me demandais-je alors que le film démarrait. Après les révélations dans Esther et le début de ce nouveau métrage, aucun doute possible ; l’histoire n’allait pas tenter de nous créer une bouche bée en faisant passer Esther pour ce qu’elle n’était pas. « Me voilà certainement parti pour 1h40 d’ennui » pensais-je. Et puis, quelle idée de prendre une actrice de 24 ans pour interpréter Esther ?

Eh bien, il s’agit ici d’un point fort du métrage ; Isabelle Fuhrman. La jeune femme reprend idéalement l’interprétation d’Esther, permettant un autre degré de rôle en étant maintenant une actrice adulte. On retrouve alors les mimiques et les regards sombres du personnage avec un certain plaisir. Comme l’a également précisé le réalisateur, il s’agit de tout mettre en œuvre par des effets pratiques pour donner l’illusion que nous avons affaire à une fillette et non à une femme adulte. Pari réussi ; c’est audacieux, mais ça fonctionne.

Le reste du casting se débrouille bien également ; Tricia (Julia Stiles) est une mère complexe et un peu fofolle ; Allen (Rossif Sutherland), son mari, aime la peinture et les repas en famille ; Gunnar (Matthew Finlan), le fiston, pratique l’escrime et a un petit souci de maîtrise de la colère ; et l’inspecteur Donnan (Hiro Kanagawa) soupçonne Esther de ne pas être la fillette recherchée. Dans l’ensemble, ça colle bien.

Il faut avouer que la première moitié du film, on se demande ce que l’on vient faire ici. Certes, nous découvrons une Esther qui n’a aucune pratique et qui fait passablement de bourdes, étant même dans l’obligation de s’envoyer une petite bouteille d’alcool derrière le cornet lors de son retour aux Etats-Unis pour tenir bon la barre. Mais honnêtement, rien qui ne laisse à penser que ça peut bien se dérouler (pour nous spectateurs, hein).

Son arrivée dans la famille se fait sans réels heurts et là encore, même si on reste passablement tendu pour savoir comment elle va se sortir de certaines situations, notre psychopathe miniature n’envoie pas réellement de frissons comme cela a été le cas dans le premier film. C’est bien entendu l’erreur de vouloir faire une suite après un premier métrage concocté avec une révélation aussi énorme.

Puis, arrive le milieu du film où… tout bascule. La révélation faite à ce moment-là (j’y reviendrai dans la section « Spoilers ») change complètement la donne et a même réussi à me figer devant l’écran en mode « Non… quand même… ils n’ont pas osé ? ». Et pourtant ; oui, ils ont osé… et c’est tant mieux, car les enjeux changent totalement à partir de ce point.

Malgré cela, pas de réels frissons à noter même sur la seconde partie du métrage. On suit toujours notre Esther préférée, étant obligée de revoir son plan, mais ne basculant pas dans des trips manipulatoires ou des séquences vicieuses à souhait comme on aurait pu s’y attendre. Ça reste « bon enfant », si j’ose dire.

Tout cela jusqu’à un final attendu vu que nous sommes en présence d’une préquelle. Cependant, à l’issue du visionnage, on se dit que le parti pris au milieu du film était quand même sacrément culotté et que sans ce dernier, c’était la léthargie assurée. Ceux présents à l’écriture ont réussi à faire un nouveau twist avec la suite d’un film qui possédait pourtant l’un des plus maîtrisés en la matière.

ATTENTION : spoilers à partir de ce point

Si, dans le premier film, nous étions tous scotchés de découvrir que la gamine quelque peu dérangée n’était en fait pas une gamine, attention à ce nouveau métrage qui nous permet, une nouvelle fois, d’avoir un décrochement de mâchoire. Au milieu de celui-ci, nous apprenons avec une certaine stupeur que Tricia (la maman) et Gunnar (le fiston) savent très bien qu’Esther n’est pas de la famille. En effet, la véritable Esther a été tuée accidentellement par Gunnar et ce sordide événement a été couvert par la maman.

C’est donc au milieu du film (non sans en foutre plein la gueule à l’inspecteur Donnan) que la révélation est faite. Esther est démasquée mais joue tout de même un rôle crucial dans la famille, permettant à la mère de retrouver son cher mari, dont la dévastation a disparu au moment du retour d’Esther, ce dernier n’étant pas au courant de l’horreur commise par les siens envers sa véritable fille.

Du coup, l’on passe clairement du côté de la « méchante » du film, celle-ci confrontée à deux adversaires tout aussi dangereux et déterminés qu’elle. En la mettant en position de victime, le film prend alors une tournure du mal contre le pire et ça, il fallait oser !

Cela permet également de construire l’histoire autrement et, même si celle-ci reste très gentillette, le final met le feu aux poudres et le film se termine avec une Esther prête à tout, ayant même pu apprendre quelques petits trucs de la part de sa môman tarée d’adoption.

FIN DES SPOILERS à partir de ce point

En découvrant les débuts d’Esther, le film nous permet d’en apprendre plus sur cet énigmatique personnage et de constater que même les manipulateurs les plus affutés ont bien dû commencer quelque part. On retrouve également le thème de la confiance, de la survie et du paraître, ce dernier s’étalant sur toute la longueur du métrage et nous apportant, tout de même, quelques bonnes idées.

Mais même si le scénario couillu permet de passer un moment auquel on ne s’attendait pas, le reste du métrage surfe sur des tendances déjà connues, ce qui peut paraître passablement poussif. Si l’on excepte quelques scènes bien senties (la débâcle de l’inspecteur, les moments de tension en famille, l’attirance d’Esther pour Allen et sa confrontation avec sa « mère », le combat final), le film reste une préquelle n’apportant pas réellement plus de claques que l’énorme baffe que l’on se prend en milieu de métrage.

Possédant des acteurs bien dans leurs rôles, une manière de filmer maîtrisée, une révélation choc en plein milieu et des moments délicieux en tension, Esher 2 : Les Origines reste justement une « préq-suite » relativement pépère dans ses exactions et dévie parfois un peu dans sa propre cohérence. Cela fait cependant plaisir de retrouver Isabelle Fuhrman dans ce rôle et la tournure du film reste une idée de génie. S’il n’y avait qu’une seule possibilité convaincante pour une suite à Esther, c’était celle-ci.

Donc, méfiez-vous des apparences… de TOUTES les apparences.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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