Toujours pas prêt pour l'asile ?

Avec le premier film, les Vicious Brothers ont réussi leur pari de coller la trouille à leur public, parvenant à instaurer une ambiance et une histoire dans un métrage de type found footage. Dès lors, pourquoi ne pas faire un numéro deux ? Ici, c’est le jeune réalisateur John Poliquin qui se retrouve aux commandes, toujours sur un scénario des Vicious Brothers. Le Johnny, il ne se débrouille pas trop mal. Mais la question est toujours la même ; ces suites, est-ce bien utile ?  

Alex et ses amis, Jennifer, Trevor, Tessa et Jared, tournent actuellement un film d’horreur. Critique de cinéma à ses heures, le jeune homme trouve le film Grave Encounters pas si bien que ça. Du moins, c’était avant de recevoir un mystérieux message d’un dénommé « DeathAwaits », le mettant sur la piste d’une révélation au sujet du film ; tout serait vrai. Lui et ses amis découvrent le véritable asile où le film a été tourné et décident de s’y rendre pour réaliser un documentaire sur le sujet.

Attention ! Concernant Grave Encounters 2, soit on aime le concept, soit on n’aime pas. Personnellement, j’ai trouvé l’idée originale et vous allez rapidement comprendre de quoi il en retourne. Le film se passe 9 ans après les faits de Grave Encounters, ce dernier se déroulant en 2003 (on bataille déjà avec les dates et on n’a pas encore commencé). L’ouverture du film montre plusieurs critiques en vidéo du premier opus et je dois dire que ça instaure une ambiance… particulière. On se retrouve dans un film type found footage « réel » qui va nous parler d’un autre film en found footage « faux » mais qui va s’avérer « vrai » tout ça pour qu’au final, on nous dise que c’est « faux » mais qu’en fait s’était « vrai ». ‘Me suivez ?

Là, il faut simplement switcher le bouton dans notre cerveau, partant du principe que le premier film était tout ce qu’il y a de plus vrai. L’enquête des jeunes gens va les conduire à rencontrer la mère de Sean Rogerson qui jouait Lance Preston dans Grave Encounters. L’acteur est donc un personnage tout ce qu’il y a de plus réel. Une manière de fractionner la réalité pour mieux mettre le spectateur en immersion… et ça fonctionne, du moins partiellement.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit tour du côté des acteurs. Richard Armon est Alex, le leader de ce petit groupe, totalement obsédé par le premier film de Grave Encounters. Sombre, parfois difficile à cerner, on le sent pourtant monter comme une mayonnaise jusqu’à un final violent et radical. Tout le reste de la petite équipe composée de Jennifer (Leanne Lapp), Trevor (Dylan Playfair), Tessa (Stephanie Bennett) et Jared (Howard Lai) suit le protagoniste principal de près, jouant leurs rôles et apportant de la chair fraîche aux patients de l’hôpital. Le reste du casting se débrouille relativement bien, principalement Sean Rogerson dans son propre rôle, complètement tagada du système, apportant même par moments une touche presque humoristique.

Car c’est là que le métrage se perd en convention au bout de sa première moitié. Dans celle-ci, on découvrira les étudiants et leur monde, teinté de fêtes, d’enquêtes surnaturelles et de mystères à élucider, tels des jeunes gens accompagnés d’un chien et d’un van vert. Comme c’est beau, l’insouciance ! Dès leur arrivée dans l’asile (après avoir passé le sous-boss qu’est le gardien de la sécurité), on les sent totalement en confiance malgré le fait qu’ils se trouvent (et ils le savent !) à un endroit où s’est clairement joué un drame. Qu’importe, les p’tits gars, on va le tourner, notre documentaire ! L’apport d’éléments nouveaux comme les bâtons fluorescents, les klaxons ou la caméra thermique semblent être d’excellentes idées… mais seront relativement sous-exploités par la suite.

Puis le film passe par une phase de transition intéressante sous la forme d’une planche oui-ja du pauvre, taillée à même une table. Dès cet instant, on tombe dans l’horreur et on retrouve, avec grand plaisir, les émotions du premier film. Cela durera un petit moment, le temps qu’ils se rendent compte qu’ils sont piégés, de faire un petit tour par l’aile des enfants, de vivre une désillusion profonde et de croiser la route de Sean Rogerson, piégé dans l’asile depuis neuf longues années et devenu complètement maboule. Ça tombe bien, c’est un asile de fous !

Et là… on ne sait pas vraiment pourquoi, ça part en cacahuète. Bien que le scénario reste suivi dans son ensemble, les buts à atteindre deviennent quelques peu étranges, partant dans une mouvance paranormale à outrance et faisant fi de quelques points de cohérence. Nous ne sommes plus des visiteurs apeurés de l’asile ; on s’en est presque fait un pote, de cet endroit-là. Cependant, plusieurs réponses sur des questions en suspens depuis Grave Encounters seront formulées et l’utilisation des éléments du premier film dans celui-ci donne une immersion d’autant plus intéressante. Mais, franchement, ce lieu aurait dû rester d’une facture meurtrière et maléfique. On a clairement l’impression d’ouvrir une porte qui ne donne sur nulle part… hem.  

Aura-t-on peur, me demanderez-vous ? Tout comme dans son grand frère, Grave Encounters 2 va jouer la carte de l’information dans sa première partie, puis viendra un moment de réelle tension où le flip commencera gentiment de grimper le long de notre colonne vertébrale (l’aile des enfants, la fuite). Malheureusement, la dernière partie du métrage nous mettra plus en mode « WTF » qu’en position fœtale sur notre canapé. On est consternés, subjugués voire même étonnés, mais certes pas apeurés.

Car la fin, même si elle colle au reste du film, ira un peu trop loin pour que le tout reste un found footage « réel » retrouvé. Vous en jugerez vous-même, mais en alliant des effets spéciaux parfois too much (sérieux ? des caméras qui volent ?) et le comique de situation de certains passages (discussion avec un ancien patient et un coco-dingo), la phase finale de Grave Encounters 2 risque de déplaire à plus d’un.

En-deçà de son grand frère, ce film est ingénieux dans son traitement en jouant entre la réalité et la fiction. Comme mentionné en début d’article, argument utilisé pour plonger le spectateur un peu plus profondément dans l’ambiance et ainsi intensifier la peur. Mais déception de voir que là où le premier film nous collait les chocottes avec le moindre coin sombre, nous renvoyant d’office à l’enfance, celui-ci nous fait prendre conscience que notre statut d’adulte, c’est peut-être, parfois, d’un peu trop chercher la petite bête. Du coup, les écarts finaux du film passent mal.

Grave Encounters 2 reste un film d’horreur correct, que les amateurs auront plaisir à regarder un soir d’orage, tranquillement installés sur leur canapé. Il n’y aura sans doute pas beaucoup de sursauts (donc pas beaucoup de pop-corn à ramasser parterre) mais au moins, on ne se retrouve pas piégé dans un asile hanté.

Par contre, depuis que j’ai vu ce film, je flippe de prendre l’ascenseur. Pas vous ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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