Sept à la maison

Les métrages où un acteur joue plusieurs personnages, il en existe pas mal. On peut notamment citer l’excellente série Orphan Black qui illustre à merveille le genre tout en ayant une pléiade de personnages (tous joués par Tatiana Maslany) clairement définie. En 2017, sort Seven Sisters, film de science-fiction basé sur un même principe ; une actrice, plusieurs personnes. Le métrage est réalisé par Tommy Wirkola, notamment connu pour avoir été aux manettes de Dead Snow 1 & 2. Diriger une actrice dans plusieurs rôles, est-ce faisable ? Le futur est-il à craindre ? Si elles avaient été douze, aurait-on eu, comme prénoms, les mois de l’année ? Le futur qui s’annonce n’est pas rose bonbon et certains films le dépeignent ainsi mieux que d’autres. ATTENTION : cet article contient des spoilers

2043. La surpopulation sur Terre devient un réel problème. Le Bureau d’Allocation des Naissances voit le jour, dirigé par Nicolette Cayman (Glenn Close). Son but ; contrôler d’une main de fer la politique de l’enfant unique, pour le bien-être de l’Humanité. 2073. Cela fait maintenant plus de trente ans que sept sœurs parviennent à vivre dans leur appartement, sortant une seule à la fois sous l’identité de Karen Settman (Noomi Rapace), et ayant pour prénoms les jours de la semaine. Mais lorsque Lundi ne rentre pas à la maison, l’angoisse monte d’un cran. Auraient-elles été découvertes ? 

Le film tient principalement sur ses sept rôles principaux, tous interprétés par Noomi Rapace ; la déterminée Lundi, la stressée Mardi, la sportive Mercredi, l’irascible Jeudi, la timide Vendredi, la fêtarde Samedi et la posée Dimanche. On retiendra surtout cela des personnages, les différentes personnalités n’étant pas poussées à leur paroxysme. On note une différence notable de look ainsi qu’une volonté de donner un caractère différent à chaque sœur, mais le constat final est qu’elles se ressemblent énormément. Pas de coupure nette des caractères comme dans Orphan Black. On est ici dans du plus feutré, tout en restant tout à fait honnête. Noomi Rapace, malgré la complexité de jouer sept rôles, se débrouille finalement bien.

Il faut aussi mentionner les autres membres du casting, à commencer par Glenn Close dans le rôle de Nicolette Cayman. Quand il s’agit de sauver le monde de la surpopulation, cette dame ne rigole pas. La cryogénisation des enfants « en trop » est une poudre aux yeux et son programme de campagne électorale fait froid dans le dos. Bonne prestation dans l’ensemble. Quel plaisir de retrouver Willem Dafoe dans le rôle de Terrence Settman, le grand-père des septuplées. Les éduquant avec amour et fermeté, il ne recule devant rien pour que ses petites-filles puissent toutes survivre. Marwan Kenzari (La Momie, 2017) est Adrian, l’amoureux transi d’une des sœurs et Christian Rubeck endosse le rôle du terrible chef de la sécurité du Bureau d’Allocation des Naissances (le BAN).

Seven Sisters, un film de science-fiction ? Fort est de constater que nous sommes dans un futur (pas si) lointain et que la surpopulation devient un réel problème. Pour parer à cela, la politique de l’enfant unique voit le jour, comme en Chine de 1979 à 2015. Sauf qu’ici, les enfants en trop sont cryogénisés dans l’attente d’un monde meilleur. Enfin, ce serait plutôt l’inverse de la cryogénisation dans le cas présent. Pourquoi conserver ce qui pourrait être un problème pour l’avenir de l’Humanité quand on peut le détruire par le feu ? Hein ? Franchement.

En plus de cela, le contrôle des autorités sur la population est digne d’un régime totalitaire en devenir ; bracelet au poignet, portiques d’identification parsemés un peu partout, embarquement d’enfant « illégaux » en pleine rue ; on ne plaisante pas avec l’avenir de la planète. Donc, dans ce cadre-là, oui, nous sommes bien dans un film de science-fiction, où le futur n’est pas des plus sympatoches. L’effet de masse de la population est d’ailleurs bien rendu à l’écran, donnant presque parfois une sensation d’étouffement.

Sans faire de fioritures énormes sur la technologie du futur et restant très sobre dans les idées présentées à l’écran (bracelet avec Internet en projection intégré), Seven Sisters joue surtout la carte d’un scénario bien ficelé bien que ne prenant pas trop de risque. Une grande partie du film se joue dans l’appartement des sœurs et on va plus rester sur un élément de tension (elles doivent continuer de sortir une par une pour découvrir la vérité) que sur un road-movie qui bouge. Les scènes d’action sont pourtant bien présentes et, pourrait-on dire, même relativement violentes.

Car dans ce film, on ne va pas rester dans le rose bonbon avec des girafes multicolores pétant des arcs-en-ciel à tout va ; ça va cogner… et des gens vont mourir. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point on se permet de dézinguer à tout de bras une bonne partie des rôles principaux (les sœurs, vous l’aurez compris). Mais tout ça à un but ; celui de finir le métrage sur une note optimiste qu’on ne voit pas arriver.

L’histoire souffre pourtant de quelques lacunes (Terrence, que deviens-tu ?) et prend parfois certains raccourcis. Cela ne dérange pas vraiment le visionnage, mais on se demande pourquoi un film bien rodé comme celui-ci a été obligé de sabrer certains détails aussi importants. A quelques explications et scènes près, on tenait un truc vraiment énorme. Dommage. Bon, heureusement, on ne s’ennuie pas.

Dans cette atmosphère surpeuplées et meurtrière, les sœurs devront s’unir pour en finir une fois pour toute avec le BAN et révéler au monde ce qui advient vraiment des enfants « en trop ». En prenant cette idée, le film a une portée psychologique et politique non négligeable, utilisant l’idée de l’enfant unique pour pousser à la réflexion les spectateurs. En cas de surpopulation effective, est-ce que ça serait vraiment une solution de procéder ainsi ?

Il y a aussi la quête de l’identité qui ressort clairement. Même si les caractères sont définis chez les sœurs sans être vraiment profonds, on note la terrible phrase prononcée par Dimanche au crépuscule de sa vie, se demandant qui elle est. La survie, dans ce monde du contrôle des naissances, implique une dépersonnalisation de l’individu, forcé de devenir ce qu’il n’est pas pour passer entre les mailles du filet. Cela aura fonctionné trente ans pour les sept sœurs… avant que la survie ne prenne le dessus sur l’une d’entre elles.

On ne s’ennuie pas devant Seven Sisters et c’est bien ça l’essentiel. Même si le scénario comporte plusieurs lacunes, que les rôles sont sympathiques mais pas extrêmement profonds, et que le futur ne se ressent pas énormément, n’en reste que les deux heures de métrage passent comme une lettre à la poste. Un bon film pop-corn avec des idées et permettant de s’interroger sur l’avenir du monde et la personnalité de l’individu par rapport à la masse. Pas mal pour un métrage de science-fiction de 2017, non ?

Et vous, c’est quand votre jour de sortie ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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