Allumez le feu de camp

Les histoires qui font peur sont idéales à raconter autour d’une bonne thermolyse de bois avec des marshmallows à faire griller. Ce qui nous est conté dans Scary Stories est idéal pour ce genre de cadre. Tout commence en 1981 avec la sortie de Scary Stories to Tell in the Dark de l’auteur Alvin Schwartz, avec un coup de crayon de Stephen Gammell pour les illustrations. A l’origine destiné à un public relativement jeune, les écrits ont été la cible de beaucoup de critiques de parents, argumentant que c’était loin d’être une littérature pour enfants. Cela a valu aux livres d’être parfois purement et simplement bannis des bibliothèques scolaires américaines. En 2019, Scary Stories débarque sur les écrans sous la houlette d’André Øvredal, réalisateur norvégien déjà au fait de The Troll Hunter (2010) et The Jane Doe Identity (2016). Est-ce pour les enfants ? Que donne la transposition du livre en film ? Les histoires effrayantes font-elles peur ? On remet une bûche dans le feu et on lance la critique.

En 1968, le soir d’Halloween, Stella (Zoe Margaret Colletti) et ses amis décident de se rendre dans la vieille maison de Sarah Bellows (Kathleen Pollard). La légende veut que cette femme ait été enfermée par sa famille à cause de son apparence peu commune. Pour se passer le temps, elle narrait des histoires effrayantes au travers d’un mur aux enfants qui se rendaient dans la maison… qui disparaissaient ensuite mystérieusement. Dans une pièce secrète de la masure, Stella trouve le livres d’histoires de Sarah et décide de le ramener chez elle. Bonne idée ? Je ne crois pas.

Un jeune casting avec un bon potentiel, se voulant être une sorte de Club des Ratés en version light. Stella, avide de lecture et d’écriture, entreprend bien son rôle, de même que Ramon (Michael Garza), Auggie (Gabriel Rush), Chuck (Austin Zajur) et sa sœur Ruth (Natalie Ganzhorn). Les jeunes se fondent bien dans leurs personnages et parviennent à nous transmettre à la fois un sentiment de normalité de manière globale et d’angoisse lors de situations stressantes. Leurs griefs avec d’autres jeunes de leur lycée aident beaucoup dans ce sens.

On peut noter la présence de Dean Norris (Breaking Bad) interprétant Roy, le père de Stella et Gil Bellows (Ally McBeal) en Turner, chef de la police quelque peu antipathique. Un film de monstres ne serait pas complet sans la présence de Javier Botet et Mark Steger, deux acteurs dont le leitmotiv est de donner vie aux créatures les plus terrifiantes.

Le scénario se suit sans aucun mal ; de l’énoncé de la légende de Sarah Bellows au début des disparitions orchestrées par cette dernière en passant par la trouvaille du livre, l’histoire est certes convenue mais bien construite et prenante. Plusieurs clins d’œil à l’œuvre d’Alvin Schwartz sont parsemés dans le métrage, montrant une réelle appréciation du matériau d’origine.

Il s’agirait donc d’un film adapté d’histoires d’horreur pour enfants. Il faut préciser que par « enfants » il vaut mieux utiliser le terme « adolescents », les histoires étant tout de même relativement crues. On parle de zombies, de monstres, de meurtres et d’une femme gangrénée par une colère qu’elle ne peut réfréner. De plus, le film possède une ambiance étrange et parfois dérangeante, extrêmement bien orchestrée par le réalisateur qui avait déjà fait un même coup d’éclat avec The Jane Doe Identity.

Alors oui, des monstres, on va en avoir ! Malgré plusieurs années de visionnages horrifiques et étant manifestement en présence d’un film pour « jeunes », je dois dire que le bestiaire vaut carrément le coup d’œil ! L’adaptation du livre au film a été notamment faite par un certain Guillermo del Toro, grand professionnel de la mise en image de créatures tout droit sorties de nos pires cauchemars.

Un épouvantail retors, un zombie à la recherche de son orteil, une Sarah Bellows bien dans l’ambiance et un croque-mitaine amovible doté d’une tête au design approchant celle d’un certain Jeepers Creepers ne sont que quelques-unes des joyeusetés du film. Standing ovation pour la Pale Lady qui obtient sans nul doute le score d’une des créatures les plus dérangeantes qu’il m’ait été donné de voir dans un film. Sans compter sur la fidélité de la reprise des dessins de Stephen Gammell qui est assez impressionnante.

Pourtant, nous nous trouvons bien dans un film s’adressant principalement à un public relativement jeune. Si les jump scares sont tout de même présents, que le scénario est bien construit et que les monstres sont cools, n’en reste qu’il ne faut pas appréhender ce film comme un métrage d’épouvante traditionnel à la sauce Conjuring ; c’est beaucoup plus soft.

Tout cela pour en arriver à une fin cohérente et sympathique qui fleure bon la suite potentielle. Alvin Schwartz ayant écrit plusieurs livres dans la même veine, il ne serait pas impossible que tout ne soit pas encore terminé. Quoiqu’avec la mise en place finale, cela pourrait tout aussi bien boucler la boucle sans avoir besoin d’en dire plus. A voir donc si les studios relancent quelque chose… ou pas. Pour ma part, on pourrait très bien en rester là.

Le film se passant en 1968, nous avons quelques passages relevant le racisme ambiant de cette époque-là, via notamment les dialogues entre les personnages de Ramon et Turner, le chef de la police. La guerre du Viêt-Nam ainsi que l’élection de Richard Nixon sont aussi mentionnées en toile de fond, ce qui n’est pas pour déplaire. On sent bien que le réalisateur veut également nous montrer le contexte dans lequel évoluent les personnages sans simplement les balancer au milieu de l’écran dans l’attente qu’ils fassent des rencontres atroces.  

S’adressant à un jeune public et ayant certainement déçu passablement d’amateurs horrifiques, Scary Stories nous propose tout de même un contexte entier et cohérent, agrémenté de plusieurs histoires d’épouvante sympathiques et rafraîchissantes. Loin d’être un chef d’œuvre absolu, n’en reste que ce genre de film arrive à rester fidèle à lui-même d’un bout à l’autre en nous gratifiant d’une ambiance particulière et bien menée. Cela sans compter sur le bestiaire qui, à lui tout seul, vaut un visionnage. Idéal pour ceux qui veulent s’essayer aux métrages d’horreur et pour les fans d’Alvin Schwartz. Lire ses bouquins serait également une bonne alternative… tout cela la lumière éteinte, bien entendu. 

Mince, le feu s’est éteint. C’est quoi ce bruit ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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