Que votre vœu soit exaucé

Sorti en 1997, Wishmaster surfe sur la vague horrifique du moment, mais en nous proposant une histoire en mode Aladdin trash. Pour réaliser le film, on fait appel à un certain Robert Kurtzman, surtout connu pour être un maquilleur de génie et un spécialiste des effets spéciaux, ayant notamment travaillé sur Predator, Evil Dead II et Scream, entre autres. Mais voilà, un film des années 90 parlant d’un djinn qui exauce des vœux, est-ce que ça vaut encore le coup aujourd’hui ? Un pro des effets spéciaux peut-il réaliser un film correct ? Les djinns possèdent-ils un syndicat ? Dans tous les cas, si vous tombez sur une opale rouge, évitez cruellement de la frotter. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Lors de l’arrivée d’une statue antique sur sol américain, un accident a lieu et la relique se brise, laissant apparaître en son centre une magnifique opale rouge, aussitôt volée par un employé peu scrupuleux. La pierre se retrouve dans une salle des ventes pour être analysée par Alexandra (Tammy Lauren). Durant son expertise, sans qu’elle ne s’en rende compte, elle libère un djinn (Andrew Divoff), créature maléfique exauçant les vœux des humains. S’il parvient à retrouver Alexandra et à lui faire faire trois vœux, des légions de djinns pourront déferler sur le monde.

Alexandra est une jeune femme active et professionnelle. Son travail ayant découlé sur l’arrivé du djinn dans notre monde, elle va alors se mettre en quête de réponses pour trouver comment en finir avec cet individu peu recommandable. Son patron Nick (Chris Lemmon) s’avère être quelqu’un de vénal, bien que sympathique, et va en payer le prix. Wendy Derleth (Jenny O’Hara), spécialiste en histoire et folklore, apporte son aide à Alexandra pour mieux comprendre ce bazar. A noter que le nom de famille du personnage fait écho à un certain August Derleth, connu notamment pour son implication dans l’œuvre de H.P. Lovecraft.

Et puis, il y a le djinn, joué avec patate par Andrew Divoff. Ce qu’il faut dire, c’est que l’acteur possède clairement la gueule de l’emploi et alterne entre sourire carnassier et moue rageuse. La prestation de cet acteur est tout à fait correcte, si l’on prend en considération le fait que le sur-jeu, l’ironie et les sourires en pagaille sont un atout. Il s’agit surtout de montrer que le djinn s’avère être au-delà de tout sentiment humain et en jouant la créature de cette manière, ça fonctionne. Comme il le dit à un moment du film, imaginez-vous avoir des pouvoirs illimités mais ne pouvoir les utiliser que sur demande d’une autre personne. Son jeu d’acteur reflète bien cela, tiré entre l’ironie et l’insatisfaction.

Pour en terminer avec le casting, on peut mentionner la présence de Robert Englund (Freddy pour les intimes) en collectionneur d’art accompli ; Angus Scrimm (The Tall Man pour les connaisseurs) en narrateur de début de métrage ; Ted Raimi (le frère de Sam) en assistant malchanceux ; et Tony Todd (Candyman pour les initiés) en voiturier qui voudrait changer de métier mais qui va le regretter.

Le casting comprend donc de grands noms de l’horreur des années 80-90, un Andrew Divoff en roue libre mais acceptable, et d’autres acteurs par-ci, par-là. Les prestations ne sont pas d’un exceptionnel à faire pâlir la statuette des Oscars, mais il faut dire que, comme le reste du film, c’est un très bel hommage au cinéma de genre et à la section « B » des vidéos shop. On pourra même voir apparaître une certaine statuette du film L’Exorciste au détour de la collection d’art, à laquelle devait s’ajouter la statue d’Ahura Mazda contenant l’opale du djinn.

Est-ce que l’hommage aux films continue dans le scénario ? Oui, totalement. L’histoire est simple ; un djinn est libéré, il doit « recharger » sa gemme avec des âmes humaines en exauçant des vœux, après quoi il devra retrouver son libérateur et accéder à trois de ses souhaits pour que des armées de djinns débarquent. Simple dans son contenu, la créature doit donc retrouver son bienfaiteur pour lui accorder ses vœux. S’enclenche alors une course entre les deux personnages principaux, teintée de manipulation, de coups fourrés et de vœux réjouissants. A cela, il faut ajouter que la cohérence n’est pas toujours au rendez-vous, les règles étant parfois modifiées pour que le scénario tienne la route (le gardien de la sécurité se verra attribuer apparemment deux vœux au lieu d’un seul, sans raison évidente). Donc, plusieurs prises de pied dans le tapis sont à noter.

Ce qui fonctionne bien dans Wishmaster, c’est ce fameux système de souhaits. Le djinn les retourne systématiquement contre ceux qui les énoncent de manière à pouvoir leur en faire baver des ronds de chapeaux. De plus, avec un maître des effets spéciaux à la barre, les débordements seront forcément de la partie, pour notre plus grand plaisir bien entendu. 

Entre le type qui souhaite ne pas voir ce qu’il a vu, celui qui veut changer de métier et celle qui aimerait être belle éternellement, les astuces de notre génie de la pierre jouent habilement sur les mots pour permettre quelques scènes sympathiques. Les massacres en début et fin de métrage sont tout bonnement un melting-pot horrifique de ce que l’on a pu trouver dans le cinéma de genre dans les années 80 et 90. Encore un bel hommage.

Côté horreur, il n’y a pas de tension ou d’épouvante particulière. Tout réside uniquement dans l’aspect trash et décomplexé du métrage. Les effets spéciaux ont pris quelques rides, mais fonctionnent toujours autant bien dans le contexte du film. Ne vous attendez donc pas à sursauter comme un petit fou sur votre canapé. Ici, c’est pour le graphique et l’humour noir que nous campons devant ce film.

Le djinn en lui-même est une bonne réussite. Lorsqu’il se trouve sous son véritable aspect, il envoie du lourd en conservant ses manies faciales et son langage propre. Le design de la créature est inspiré d’un mort-vivant du film Nightbreed de Clive Barker. Chaque apparition à l’écran du djinn annonce forcément du mauvais pour l’un des protagonistes… et on aime ça.

Et puis, Wishmaster joue également la carte des tares humaines. La vengeance, l’avarice, l’orgueil, tout cela se voit au travers des souhaits des différents « clients » du djinn. Pas de morale pompeuse dans ce film ; simplement des gens qui souhaitent ce que beaucoup (j’en suis sûr) souhaiteraient… et cela se retourne indubitablement contre eux. En maniant les raisons de l’accomplissement des vœux ainsi, le scénario permet au spectateur de s’identifier aux personnages et là, on tient le bon bout.

Hommage aux films d’horreur des années passées, Wishmaster est un petit métrage sympathique à regarder avec un air détendu et sans en attendre des caisses. Les personnages ne sont pas mal, le scénario quelque peu lacunaire mais original, et les effets spéciaux fonctionnent même si le temps n’a pas totalement aidé à la chose. Quoiqu’il en soit, en matière d’hommage, Robert Kurtzman fait très fort et nous propose quelque chose de visuellement intéressant et léger. Conseillé à tous les amateurs de fantastique débordant de scènes terribles et aux minéralogistes en devenir.

Et vous, quel serait votre vœu ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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