Very Hard Sequel

Dans le domaine horrifique, les suites, ce n’est pas évident. Que penser alors des suites quand il s’agit d’anthologies ? La saga V/H/S (démarrée en 2012 avec le film éponyme) nous présente un quatrième film en 2021 sous le titre V/H/S 94. Après être passé par plusieurs festivals, le titre s’installe sur Shudder, un service VOD américain spécialisé en thrillers et en genre horrifique. Mais est-ce qu’une nouvelle série de vidéos valait la peine ? Est-ce que tout cela a finalement un sens ? Est-ce que plus c’est court, plus c’est bon ? On enclenche notre bon vieux magnétoscope et on se lance dans la critique !

Trame principale – Holy Hell, de Jennifer Reeder

Une équipe du SWAT débarque dans un entrepôt sordide après le visionnage d’une cassette vidéo particulièrement déroutante. Sur les lieux, ils découvrent bien vite que quelque chose de terrifiant et surnaturel se trame ; la majorité des personnes présentes sont mortes, les yeux crevés devant des écrans de télévision, ces derniers diffusant des vidéos au contenu pour le moins perturbant.

Entrecoupant les différentes séquences, cette trame principale suit les mésaventures de cette équipe du SWAT dans un lieu rempli de mystère et d’horreur. On peut saluer l’ambiance particulièrement glauque (ce qui sera un leitmotiv certain pour ce nouveau film V/H/S) et la tension qui monte crescendo. Cependant, la fin vient faire retomber le tout à plat (autre leitmotiv de ce film) et on en ressort moyennement convaincu. Cela dit, on peut enfin commencer de comprendre pourquoi il y a autant de VHS au contenu perturbant dans les différents métrages.

1er segment – Storm Drain, de Chloé Okuno

Holly Marciano (Anna Hopkins) et son caméraman Jeff (Christian Potenza) font un reportage sur Ratman (l’homme-rat pour les intimes), censé vivre dans les égouts de la ville. Alors qu’ils s’enfoncent dans les méandres obscurs des souterrains, ils rencontrent des personnages terrifiants jusqu’à leur rencontre avec le terrible Ratman.

Avec un chouette travail d’acteurs, une tension qui monte comme il se doit et un lieu propice à des rencontres peu enviables, on passe un agréable moment devant ce segment. A préciser également que la finalité de tout ça (se déroulant en direct durant un journal télévisé) vaut son pesant de trash et de malsain. Mais on ne peut nier que la créature (Raatma si l’on en croit les habitants des égouts), malsaine et grotesque, ne nous colle pas un puissant sentiment de trouille. Du moins, c’était clairement moins malaisant que le film Ratman de 1988. Finalement, un segment qui n’est pas si mal, du moins loin d’être rat…é.

A noter que, pendant ce segment, une publicité de destructeur de légumes (The Veggie Masher), réalisée par Steve Kostanski, nous est présentée. Un peu de fun dans ce monde de brutes.

2ème segment – The Empty Wake, de Simon Barrett

Hayley (Kyal Legend) doit passer la nuit au funérarium pour une veillée. Alors qu’elle se retrouve complètement seule, des événements étranges surviennent ; les lumières clignotent, le cercueil semble bouger tout seul et des coups sourds se font entendre émanant de ce dernier. Est-ce que cela vient de l’orage qui approche… ou le mort est-il moins décédé que ce qu’il n’y paraît ?

Quoi de mieux qu’une veillée funéraire pour faire monter quelque peu la tension ? Ce cadre me renvoie au film The Vigil de 2020 (excellent, cela dit) ainsi qu’à un épisode de la saison un de The Haunting of Hill House qui valait clairement le coup. Ici, c’est un peu plus posé, même si la tension monte au fur et à mesure que la nuit passe. C’est après un coup de téléphone avec l’une de ses amies que la jeune Hayley va se retrouver confrontée à l’horreur à l’état pur. Alors même si le mort en question peut paraître quelque peu… guignolesque (pour son attitude comme pour sa forme), c’est une bonne maîtrise de l’ambiance en parvenant à donner pas mal d’effet avec peu de choses.

3ème segment – The Subject, de Timo Tjahjanto

On s’en va en Indonésie pour cette troisième partie, plus précisément à la rencontre d’un médecin carrément dérangé (Budi Ross). Celui-ci tente de créer des hybrides humain-machine en kidnappant des personnes et en les « traitant » sans leur consentement. C’est ainsi qu’il créé « 99 », une jeune femme avec une caméra solidement ancrée sur sa tête. Mais une équipe d’intervention est en route pour stopper les agissements de ce taré avide de technologie.  

On peut dire ce que l’on veut ; il s’agit ici d’un segment qui dépote. Eh bien oui ; c’est Indonésien et, par le passé, la saga V/H/S a déjà prouvé que les métrages de cette contrée envoyaient du lourd. C’est toujours le cas ici. Avec un Budi Ross complètement frapadingue et une trame se déroulant principalement à la première personne (via les « yeux » du personnage de 99), le segment se déroule en deux parties d’une glauquitude exquise, la seconde particulièrement, 99 errant dans la planque du médecin pour y découvrir d’autres de ses « expériences ». Le final est également bien vu. Non, franchement, du tout bon travail. Même si, encore une fois, le « monstre » qu’est 99 prête plus à un ricanement qu’un cri d’effroi.

4ème segment – Terror, de Ryan Prows

Les First Patriots Movement Militia ne rigolent pas ; ils veulent faire péter un bâtiment gouvernemental pour montrer qu’ils sont extrêmement sérieux dans leur volonté de récupérer « leur » Amérique. Terrés dans un coin perdu du Michigan, ils mettent en place leur plan infaillible ; utiliser un produit spécifique pour déclencher l’explosion, empêchant quiconque de retrouver une quelconque trace. Ce « produit » aurait-il quelque chose à voir avec l’homme qu’ils détiennent prisonnier et qu’ils butent tous les soirs ?

Une nouvelle fois, bonne montée en tension ainsi qu’une bonne maîtrise de la gestion de l’histoire. Bien que les personnages laissent un peu à désirer (carrément caricaturaux, dirons-nous), c’est une ambiance passablement mystérieuse et glauque qui se met en place. Ceci jusqu’à un final déroutant (et pourtant totalement logique), mettant en scène une nouvelle fois une créature qui ne prête pas à une réelle terreur. On peut également y découvrir une critique cinglante sur certains groupes extrémistes, ce qui n’est pas pour déplaire à l’histoire. Sur le fond, oui, du bon taf’.

Conclusion

Ce V/H/S 94 redore un blason bien terni depuis V/H/S Viral sorti en 2014. Les quatre segments, ainsi que la trame principale, sont tous corrects et nous présentent des histoires glauques à souhait avec une touche de critique et d’humour à chaque fois. Même si on ne se retrouve pas devant des chefs d’œuvres absolus, n’en reste que d’arriver à une bonne moyenne sur l’ensemble des segments, c’est déjà une excellente chose.

Ombre au tableau ? Eh bien, principalement les créatures présentes dans les différentes histoires. Mais merde, où est passé le monstre du segment Amateur Night du premier film ? Le délire complet de Safe Haven du second ? Et l’horreur anatomique de Parallel Monsters de Viral ? Ici, plus de sourires en coin que de crissements de dents, j’en ai peur. Mais au moins, les traitements sont bons et le côté grotesque l’emporte sur une peur bien sentie, ce qui peut tout de même déclencher une certaine répulsion.

Dans l’ensemble, ce V/H/S 94 nous montre que dans les courts-métrages, il est toujours possible de bien gérer la chose, même avec peu de moyens, des acteurs pas foncièrement pros et des histoires parfois un tantinet bancales. Avis aux amateurs ; la belle époque des VHS est de retour… et c’est passablement glauque.

C’est décidé ; je rebranche mon magnéto !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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