Un aller simple ?

Quel est le point commun entre des animaux de compagnie, trois frères, une jeune écrivaine, un magnat de l’industrie pharmaceutique, une institutrice et une fête d’entreprise ? Un bus ! Vous allez penser que j’ai radicalement pété une case mais c’est le postulat de départ de la série anthologique Bloodride. Les passagers d’un bus mystérieux, conduit par un type des plus étranges et s’élançant dans un décor froid et glauque, vont faire les frais de leurs propres histoires. Venant de Norvège et possédant un cachet typique des productions du Nord, les créateurs Kjetil Indregard et Atle Knudsen ont six épisodes pour nous convaincre que l’horreur fraîche a aussi sa place dans les séries anthologiques. On prend son billet, on s’installe confortablement et on profite du voyage. Vu qu’il s’agit d’une histoire par épisode, découvrons-les ensemble !

Episode 1 – Sacrifice ultime

Molly (Ine Marie Wilmann) se voit contrainte d’aller vivre à la campagne avec son époux, sa fille et leur chien afin de remonter la pente financière. Sur place, elle remarque que les locaux sont très attachés à leurs animaux de compagnie. Trouvant cela bizarre, elle va découvrir le terrible secret de la région.

Un début en douceur avec un premier épisode tout en nuance. D’un côté, nous avons des événements étranges intervenants dans la campagne norvégienne. De l’autre, une femme citadine à outrance qui peine à s’adapter… mais qui va faire preuve d’une conciliante compréhension à vitesse grand V, retournant sa veste de manière radicale en milieu d’histoire. Disposant d’une fin que l’on peut voir venir légèrement à l’avance, n’en reste qu’il s’agit d’une belle écriture pour ce premier acte. Les nouveaux voisins sont délicieusement étranges, l’atmosphère calme et posée de la campagne donne une ambiance particulière à l’histoire et les actes commis en cours de route sont assez terribles.

Mon chien, lui, a peu apprécié cet épisode.

Episode 2 – Trois frères fous

Erik sort d’institution psychiatrique après trois ans. A peine retourne-t-il à la maison que ses deux frères viennent pour lui proposer une virée au chalet familial afin de descendre quelques godets. Mais la psychose d’Erik est-elle bien guérie ?

Là, on part dans le délire psychologique ; le visionnage de cet épisode vous le prouvera. On démarre gentiment en nous présentant les protagonistes et Erik semble clairement être le moins taré de la bande de frangins, Otto le dépassant d’une bonne centaine de mesures. En se rendant au chalet, l’intervention de la jeune Monika va déclencher des événements à la fois terribles et foutraques. La finalité de l’épisode laisse pas mal de zones d’ombre qui sont, à mon avis, peu utiles à la compréhension globale. L’important est de retenir que nous assistons ici à la mise en place d’un scénario qui cherche à nous twister un maximum, ce qui fonctionne mais sans nous convaincre complètement.

RIP le panneau de glaces…

Episode 3 – Un terrible écrivain

Olivia (Dagny Backer Johnsen) prend des cours d’écriture pour perfectionner son style. A côté de cela, elle vit une idylle parfaite avec son petit ami, a une bande de copines formidables et des parents plein aux as. Pourtant, après sa rencontre avec Alex (Henrik Rafaelsen), tout va partir en vrille. Est-il responsable des terribles événements vécus par Olivia ?

Perso, j’ai énormément aimé cet épisode. Cela vient-il de mon côté écrivain qui a été touché ou de la structure qui parvient aisément à nous bluffer d’un bout à l’autre de l’histoire ? Je n’en sais rien. Quoiqu’il en soit, une fois la présentation des personnages effectuée, on assiste à la descente aux Enfers d’Olivia jusqu’à un final dévastateur où le réalisme brut qui en émane côtoie la folie pure de la situation. Intéressant, osant jouer avec l’esprit du spectateur sans (trop) se brouter, cet épisode montre qu’en Norvège, on sait comment pourrir la vie de ses personnages.

Je ne verrai plus les barbecues de la même manière.

Episode 4 – Rats de laboratoire

Edmund (Stig. R. Amdam) est un puissant magnat de l’industrie pharmaceutique. Il organise une soirée avec ses plus proches collaborateurs pour fêter la création d’un nouveau prototype. Seulement, ce dernier est dérobé par l’une des convives. Ne reste plus à Edmund que l’intimidation pour retrouver le coupable.

Stig R. Amdam nous livre une prestation extrêmement sympathique. Imbu de lui-même, convaincu d’être le plus intelligent sur tous les plans, il va donc s’amuser à humilier ses invités (y compris sa femme) pour découvrir qui a volé le précieux McGuffin. Seulement, outre le personnage que l’on aime détester, le reste de l’épisode reste d’un ennui assez révélateur. Ne franchissant pas des standards trop osés (simplement désaper les invités et les mettre dans une boîte suffira), on assiste à un développement assez morne non sans prendre un essor fort sympathique dans les toutes dernières minutes. Mais cela ne rattrape pas le fait qu’au niveau tension, ça sent le gaz.

L’intelligence sans mémoire, ça ne vaut rien.

Episode 5 – La vieille école

Sanna (Ellen Bendu) est une institutrice dans une école fraîchement réouverte après quarante ans de fermeture. Elle découvre rapidement que l’établissement renferme un sinistre secret et qu’elle devra rouvrir une vieille tragédie pour faire éclater la vérité.

Fidèle aux films d’horreur fantomatiques que l’on peut trouver çà-et-là, cet épisode ne fait pas exception aux règles instaurées ; chuchotements étranges, sous-sol glauque, jump scare à la ramasse, tout y passe. L’intrigue d’un sous-Freddy Krueger n’apporte pas un réel intérêt si ce n’est celui de se dire que le scénario a été écrit par quelqu’un qui affectionne le genre horrifique. Pour le reste, on flotte dans une vague impression de déjà-vu mêlée à une intrigue qui peine à se mettre en place pour nous instaurer un quelconque sentiment de tension. Dommage car là encore, les dernières secondes surprennent tant visuellement que scénaristiquement. Trop tard, ma foi !

C’est une bonne situation, ça, prof ?

Episode 6 – La tête dans le sable

Paul (Karl Vidar Lende) et Kristin (Rebekka Jynge) sont les petits nouveaux dans leur entreprise. A l’occasion d’une soirée costumée sur le thème des animaux, ils apprennent qu’une de leur collègue s’est défigurée en tombant d’un des balcons il y a peu de temps. Ils décident d’enquêter et découvrent qu’il s’agit de bien plus que d’un simple accident.

On termine cette première saison avec un épisode barré. Tout d’abord, l’ambiance instaurée est à la fois glauque, étrange, fun et totalement décalée. Une soirée d’entreprise, c’est déjà quelque chose de pas mal mouvementé en soi, mais en ajoutant les costumes d’animaux, ça prend tout de suite une tournure plus outrancière. De plus, la prestation sympathique des deux acteurs principaux aide grandement à l’affaire. Sur le sujet du scénario, on se retrouve un peu dans une partie de Cluedo sur fond de thriller décomplexé. Tout cela pour arriver à un final révélateur, sanglant et tout aussi décalé que le métrage en lui-même. Bonne note pour la fin !

Ah, les soirées d’entreprise…

Conclusion

Pour une première saison, Blooride nous offre une gamme mitigée d’épisodes. Même si certains sortent du lot (Un terrible écrivain, La tête dans le sable), les autres montrent simplement que l’on sait comment filmer de manière efficace chez nos voisins du Nord. Restant impeccable dans la photographie et nous proposant tout de même des histoires horrifiques délicieusement décalées, cette série anthologique nous fait voyager à bord d’un bus pas comme les autres et sur lequel nous n’aurons pas plus d’informations. L’aspect dérangeant du chauffeur ainsi que le regard dans le vide des passages suffisent à instaurer une petite ambiance avant le lancement des histoires. Les anthologies, c’est la classe, et j’espère qu’un autre trajet est prochainement prévu.  

Ça vous dit de marcher ? Moi, ça m’dit bien.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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