Ça monte et ça descend

Quand on me parle de films espagnols, je tends tout de suite l’oreille, d’autant plus s’il s’agit d’un thriller aux relents horrifiques. Après avoir raflé un prix au TIFF (Toronto International Film Festival), ce métrage débarque sur la plateforme (…) Netflix en 2020. Le réalisateur Galder Gaztelu-Urrutia signe son premier long métrage et décide de frapper là où ça fait mal avec une histoire mêlant habilement lutte des classes, politique, problèmes des ressources, science-fiction et angoisse totale. Ressort-on repu de ce film ? Le concept est-il intéressant ? Peut-on voir le bout du tunnel dans une prison verticale ? On se met à table et c’est parti pour la critique !

Goreng (Iván Massagué) se réveille dans une cellule avec un immense trou au centre, en compagnie d’un étrange codétenu, Trimagasi (Zorion Eguileor). Une plateforme descend chaque jour par le grand interstice, permettant aux détenus de manger durant deux minutes. La prison étant verticale, ceux au-dessus sont mieux servis que les suivants. Goreng et son compagnon sont à l’étage 48, ce qui n’est pas si mal. Mais chaque mois, les détenus sont déplacés dans de nouvelles cellules plus hautes… ou plus basses.

Le concept de base est clairement bien foutu ; une prison verticale où la nourriture est distribuée via une plateforme dans l’ordre des cellules. Rien qu’avec un postulat de départ comme celui-là, on sent bien que l’histoire va tourner autour de la lutte des classes. Tout comme il est dit en début de métrage : « Il y a trois types de personnes ; ceux d’en haut, ceux d’en bas et ceux qui tombent ». Ça commence bien !

Les premières minutes nous permettent de faire connaissance avec les personnages. On découvre donc que Goreng est là volontairement et que Trimagasi, qui a tout d’un potentiel Hannibal Lecter et qui kiffe, par-dessus tout, les évidences, a quelques problèmes de gestion émotionnelle. Les dialogues fusent, acerbes, tranchants, avec une pointe d’humour grinçant bienvenue. On se met dans l’ambiance épurée du décor tout en commençant de ressentir une certaine anxiété concernant ce lieu.

Puis, on découvre le principe de la plateforme ; une table somptueuse dressée au niveau 0 qui descend de cellule en cellule, permettant aux détenus de manger pendant deux minutes ce qui se trouve dessus. On ne peut rien garder et on n’a aucune idée de ce qu’on fait les colocataires de fortune en-dessus de nous. A certains niveaux, le contenu de la table peut rebuter les plus affamés d’entre nous.

Rien qu’en prenant l’histoire à ce stade, on part déjà dans quelque chose d’intéressant. Mais le film va plus loin. Chaque mois, les détenus sont endormis et déplacés dans une autre cellule. Après les premiers trente jours se déroulant finalement de manière bon enfant entre Goreng et Trimagasi, les deux individus se réveillent dans la cellule 171… et ça commence à devenir tendu.

Depuis là, une ambiance expressément anxiogène va se mettre en place dans notre esprit, nous faisant prendre la place de Goreng qui ne connaît rien au système et qui va le découvrir à ses dépens. Les mésaventures ne s’arrêtent pas là car d’autres surprises attendent le protagoniste principal, notamment la rencontre avec une femme recherchant son enfant, utilisant la plateforme comme moyen de transport, ou encore de nouveaux codétenus atypiques.

On suit l’histoire car on veut savoir le fin mot de tout ça, non sans palpiter à chaque fin de mois, pressé de découvrir à quel niveau va bien pouvoir se retrouver Goreng et surtout comment peut-il tenir le choc jusqu’à sa sortie de ce lieu maudit dans lequel les règles concernent uniquement la plateforme. On en arrive à une fin sujette à interprétation mais qui a le mérite de poser quelques questions.

En se reposant sur le principe du célèbre Cube de Vicenzo Natali pour la petitesse de la cellule et le concept global, La Plateforme nous offre la possibilité de moults débats après visionnage. Le sujet de la lutte des classes est prépondérant (ceux du dessus mieux servis que ceux du dessous) mais on peut aussi noter le problème de la gestion des ressources ainsi que celui de la survie en milieu hostile.

Fondamentalement bon dans son approche globale, le film met en scène des personnages apportant un brin de folie et des interrogations complémentaires sur les principes de vie en instaurant l’action dans ce lieu pour le moins terrifiant. Quand on sait que Goreng a pris un exemplaire de Don Quichotte avec lui et que les protagonistes ont tous un nom représentant quelque chose, il y a de quoi creuser un peu plus loin que le film.

Scènes trash, dialogues parfois terrifiants (merci Trimagasi), concept angoissant, c’est véritablement un thriller sur fond horrifique qui nous est proposé ici. Cependant, même si le film va loin dans certains concepts ou certaines scènes, n’en reste que l’enrobage final n’est pas foncièrement impérissable. Nous sommes en présence d’un bon film, qu’il faut voir une fois, et qui prendra peut-être un essor ces prochaines années. En tout cas, il sera intéressant de suivre le réalisateur Galder Gaztelu-Urrutia car du potentiel, y’en a clairement.

Parfois étrange, toujours à relever des faits sociétaires actuels et nous gratifiant de personnages atypiques et métaphoriques, La Plateforme est définitivement intéressant. Cela permet également une remise en question de la gestion des ressources, cette prison verticale pouvant être adoptée comme un parallèle avec notre monde actuel. Est-ce que ça vaut la peine de prendre le temps pour ce film ? Evidemment…

Tiens, j’ai un p’tit creux.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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