Est-ce que Ça vaut toujours le coup ?

Après la première partie réalisée par Andrés Muschietti en 2017, la suite de la nouvelle adaptation du livre de Stephen King débarque sur nos écrans en 2019. Tout comme dans le téléfilm de 1990 réalisé par Tommy Lee Wallace, l’action prend place sur deux plans temporels ; une partie avec le Club des Ratés enfants en 1989… et une partie lorsqu’ils sont adultes. Après un coup d’éclat avec le premier opus, tant sur le fond que sur la forme, ce nouveau film clôturera-t-il l’aventure de manière correcte ? Le clown est-il toujours effrayant ? La phrase « Bonzour les z’enfants ! ‘Voulez un ballon rouge ? » peut-elle être considérée comme un indicateur de problèmes potentiels ? Pour le savoir, on enfile son nez rouge et on démarre la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 2016, dans la ville de Derry, un couple homosexuel se fait violemment agresser, déclenchant le réveil de Ça. Mike Hanlon (Isaiah Mustafa), seul membre du Club des Ratés à être resté en ville après leur victoire contre le clown il y a 27 ans, reprend contact avec chacun des membres. Ces derniers semblent avoir oublié ce qu’il s’est passé mais comme promis, ils doivent revenir à Derry pour combattre Ça et le mettre hors d’état de nuire une fois pour toute. En débarquant en ville, leurs souvenirs d’enfants reviennent… mais leurs peurs et leurs doutes également.   

Le Club des Ratés a bien grandi ! Même si les jeunes acteurs reprennent les rôles des membres alors qu’ils étaient enfants, nous avons maintenant leurs versions adultes qui entrent en jeu. Bill (James McAvoy), le frère de Georgie, est maintenant un scénariste et est marié à une actrice. Richie (Bill Hader) est humoriste et possède une grande gueule toujours aussi caractéristique. Stan (Andy Bean) est marié et heureux, mais le coup de téléphone de Mike va le plonger littéralement dans le désespoir. Eddie (James Ransone) est toujours hypocondriaque et estime les risques pour une compagnie d’assurances. Ben (Jay Ryan), le petit gros du groupe, est maintenant une gravure de catalogue de mode et un architecte talentueux de surcroît. Beverly (Jessica Chastain) est mariée à un homme violent et possède une entreprise de mode. Pour finir, Mike (Isaiah Mustafa) est le seul à être resté à Derry pour surveiller le potentiel retour de Ça.  

Tous les membres du Club des Ratés (sauf Mike) ne se souviennent pas de leur première confrontation avec le clown. La raison ? Il s’agit d’un des pouvoirs de ce dernier afin de passer le plus inaperçu possible, les souvenirs liés à lui s’effaçant dès que l’on quitte la ville de Derry. Mike doit donc convaincre chacun de revenir. Leurs retrouvailles sont empreintes de rires et de joie avant qu’ils ne commencent à se souvenir de leur bataille terrifiante… et que Ça leur fasse quelques cadeaux dans les gâteaux chinois du restaurant où ils se trouvent.

Les acteurs sont bien dans leurs baskets et nous offrent des prestations tout à fait correctes. Leurs personnalités, enfants comme adultes, sont conservées et nous parvenons sans mal à faire le lien entre les différents protagonistes. De plus, leurs peurs d’enfants revenant sur le devant de la scène, les comportements liés à ce retour de leurs trouilles sont bien interprétés. Clairement un bon point !

Mais le casting ne s’arrête pas là car nous retrouvons également Henry Bowers (Teach Grant), interné après être parvenu à sortir du puits. Ça va l’utiliser comme bras armé pour mettre à mal le Club des Ratés. Jackson Robert Scott revient hanter Bill sous l’apparence de son petit frère Georgie. Javier Botet, habitué des rôles de monstres, est également de la partie et colle à nouveau une bonne trouille à Eddie, non sans nous gratifier d’une scène passablement dérangeante. A noter la présence de Stephen King himself comme gérant d’une boutique de prêt sur gage qui ne semble pas apprécier la fin des histoires écrites par Bill. 

Tout comme dans le film précédent, c’est Bill Skarsgård qui endosse le rôle de Ça. Toujours dérangeant, fou, bestial, manipulateur et prompt à coller la frousse aux membres du Club… comme aux autres enfants de la ville, sa prestation reste clairement incroyable. Pourtant, sans lien direct avec sa manière de jouer et même si son sourire distinctif ainsi que son strabisme malaisant sont effectués sans trucages (si, si), n’en reste qu’une utilisation plus poussée des effets se synthèse sur son visage est à noter. Ses apparitions sont certes effrayantes, mais on dirait que par l’ajout de matériel numérique, on chercher à nous coller une trouille plus grande (le labyrinthe des glaces, la déformation du visage dans le parc après sa rencontre avec Richie). Cela est un coup dans l’eau car rien ne peut remplacer le regard froid, fou et implacable de Ça sans fioritures. Il reste un des meilleurs monstres de cinéma que nous ayons pu voir ces dernières années. 

Bon, au niveau casting, ça a l’air de jouer. Et maintenant, qu’est-ce que donne l’histoire ? Sans faire un comparatif livre/film ou téléfilm/film, on s’attend à voir le Club des Ratés adulte se confronter à Ça… et c’est exactement ce que nous avons. Le clown va tenter de les déboussoler à grands renforts de visions cauchemardesques, ce qui va les plonger, tout comme nous, dans une horreur saisissante. Pour en finir avec la créature, le Club doit effectuer le Rituel de Chüd, un acte créé par les Amérindiens pour détruire Ça définitivement. Pour cela, chacun doit retrouver un objet en lien avec un fort souvenir d’enfance, les faisant alors déambuler dans la ville de Derry chacun de leur côté. Une aubaine pour le clown qui peut alors leur coller la frousse à sa guise.

Durant tout le métrage, nous restons sur le qui-vive, se demandant à quel moment notre coussin du canapé va devenir notre meilleur moyen de survie. L’orchestration horrifique d’Andrés Muschietti est toujours aussi bien fichue et nous passons un réel moment de tension durant tout le métrage. Quelques jump scares viennent ponctuer cette ambiance, déclenchant des décharges d’adrénaline sympathiques.

De plus, l’adaptation est réellement louable en ce sens que même sa transposition en 2016 ne nous gâche pas une certaine nostalgie des films des eighties, tout comme l’était le premier. Pas d’utilisation abusive de la technologie, pas d’adaptation foutraque durant laquelle Ça pourrait se mettre à utiliser un téléphone portable pour coller la frousse aux membres du Club, pas de facilités liées à cet aspect-là. L’histoire et la trame principale sont respectées et c’est un grand « Merci ! » au réalisateur de ne pas être tombé dans le piège de l’utilisation d’un contexte moderne qui aurait sans doute été malvenu. On peut également noter que l’entrée en action de Grippe-Sou se fait de la même manière que dans le livre ; après l’agression d’un jeune homosexuel par trois homophobes. L’adaptation s’avère donc également plus proche du livre sur certains points, dont celui-ci.

On suit donc le film avec intérêt et non sans avoir une tension relativement constante qui nous colle au popotin. Les apparitions de Ça sont terrifiantes, les scènes souvent dérangeantes (Stan dans le frigo, Mme Kersh, la rencontre de Ben dans la salle de classe, enfin la statue de Paul Bunyan !) et l’ambiance générale oppressante. L’humour du Club des Ratés en situation de stress est un bon moyen de lâcher un peu la pression et on en arrive à la scène finale.

Cette dernière, passablement longue (je n’ai pas dit qu’elle « traînait » en longueur, je précise), met en scène le Rituel de Chüd puis la confrontation finale entre Ça et le Club des Ratés. Sous la forme d’une immense araignée, le monstre va pousser ses adversaires dans des visions épouvantables dans le but de les faire basculer une fois pour toute. Mais les liens forts entre les membres et leur prise de conscience face à ce monstre permet d’en finir définitivement avec lui.

La fin est remplie d’optimisme. Ici, l’épouse de Bill ne se retrouve pas en état catatonique et le métrage ne se termine pas sur la bicyclette « Silver » pour la sortir de sa torpeur. Tous retournent à leur vie, Mike s’en va enfin de Derry pour voir du pays et tout se finit sur la réception d’une lettre posthume de Stan pour expliquer au Club des Ratés qu’ils parviendront, de toute manière à relever tous les défis malgré son absence. Cela entre en adéquation avec ce que Bill entend pendant tout le métrage, à savoir que ses fins d’histoires sont pessimistes et que le public veut que ça se finisse bien. C’est donc chose faite.

Alors, est-ce que quelque chose cloche dans Ça : Chapitre 2 ? Un détail flotte-t-il plus que dans le premier opus ? Eh bien, même si la tension est clairement présente et que le terme « film d’horreur » est indubitable, n’en reste que nous sommes en deçà d’une explosion comme dans le premier segment. Même tare que celle qui se présentait avec le téléfilm en deux parties de 1990 ; celle sur l’enfance des protagonistes nous collait plus la frousse que la seconde.

Je ne pense pas nécessaire de chercher sur qui ou quoi mettre la faute. Il s’agit principalement d’un contexte. Psychologiquement, une situation où des enfants font face à une entité malveillante comme Grippe-Sou va plus nous heurter que des adultes. Le symbolisme de l’innocence prime sur l’adulterie grandeur nature des protagonistes d’âge mûr. C’est ainsi.

Comme mentionné plus haut, l’ajout d’effets numériques concrètement inutiles n’aide pas non plus, même si cela reste du domaine de l’anecdotique. Et puis, nous avons une certaine tendance à deviner les choses qui vont arriver beaucoup plus facilement, par exemple lors de l’apparition du mignon Loulou de Poméranie se trouvant derrière la porte « Pas effrayant du tout ». Sérieusement, vous ne l’avez pas vu venir, vous ?

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ça : Chapitre 2 remplit correctement son cahier des charges et reste un film d’horreur avec une histoire rodée, des acteurs pros et beaucoup de symboliques. Toutes les énumérer serait laborieux, mais on peut constater que les membres du Club des Ratés revenant à Derry alors qu’ils sont adultes ont toujours des choses à régler. Pour preuve, le secret de Richie ou encore l’imbroglio du poème de la carte reçue par Beverly. Eh oui, parfois, il faut 27 ans pour que l’on comprenne certaines choses… et que l’on découvre certaines vérités.

Le clown apparaît donc comme un vecteur poussant les protagonistes à rechercher leur « soi » profond afin qu’ils s’acceptent pleinement. Ce n’est d’ailleurs qu’à cette condition qu’ils parviennent à se dresser contre Ça de manière ferme et définitive. Au fond, ce monstre clownesque donne un coup de pouce pour qu’ils deviennent définitivement des adultes.

Chouette moment horrifique passé en compagnie de Ça : Chapitre 2 et une belle manière de clore l’histoire. Tension bien présente, situations tendues, combats psychologiques, scènes dérangeantes, ce spectacle ne passe pas inaperçu et cela fait plaisir de retrouver Grippe-Sou à l’écran après le film de 2017. Amateurs de Stephen King, des films avec de méchants clowns ou des histoires d’épouvante qui vont plus loin que simplement balancer du jump scare, démarrez le visionnage non sans prendre le temps nécessaire pour se faire les deux opus d’un seul coup ; 5h05 en compagnie du Club des Ratés et de leur ennemi juré, Ça ne se refuse pas.

Donc, si j’ai bien compris, on se retrouve en 2046 pour une nouvelle adaptation ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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