Aucun mordant

Marvel peut-il se planter ? Dans l’absolu, tout ce qui sort des studios du géant des comics est une bonne voire excellente chose. Mais il faut prendre en compte qu’il existe deux univers ; celui du MCU… et celui de Sony, qui nous a déjà présenté Venom (2018) et Venom : Let There Be Carnage (2021). Cette fois-ci, c’est le personnage de Morbius qui est adapté à l’écran par Daniel Espinosa (Enfant 44, Life : Origine inconnue). Le vampire des comics est apparu pour la première fois en 1971 dans The Amazing Spider-Man, vol. 1 #101. Alors, est-ce que ça va saigner ? Le film a-t-il du mordant ? L’univers parallèle de Sony montre-t-il les crocs ? On se brosse les dents et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Atteint d’une maladie rare du sang, le docteur Michael Morbius est un éminent chercheur, souhaitant découvrir un remède à son mal et à celui de son meilleur ami Milo. Il est aidé dans ses recherches par le docteur Martine Bancroft qui ne le rend pas indifférent. Proche du but, il parvient à trouver une formule stable composée notamment d’ADN de chauves-souris vampires. Mais après la prise de ce médicament, les choses dérapent.

Avant de ruer dans les brancards, faisons tout d’abord le bilan des personnages. Nous avons Michael Morbius, médecin de son état, génie à ses heures perdues, cherchant un remède à sa maladie génétique contaminant son sang. Jared Leto se débrouille bien dans le rôle du personnage et parvient à faire transparaître quelques facettes intéressantes, notamment la dualité que cela implique entre être en bonne santé en étant un monstre assoiffé de sang ou malade et ne faire du mal à personne. On ressent également comme une aura de sombre romantisme comme on peut le voir dans plusieurs films de vampires.

Face à lui, Matt Smith campe Milo, son meilleur ami, prêt à tout pour que sa maladie ne soit qu’un mauvais souvenir… quitte à devenir un bel enfoiré. Même si on le voyait venir à des milliers de kilomètres, il reste un antagoniste à part entière, disposant des mêmes pouvoirs que Morbius, c’est-à-dire force, endurance, rapidité, pseudo-vol, sale tronche et mastication meurtrière.

Martine Bancroft est interprétée par Adria Arjona, coéquipière de Morbius dans ses recherches médicales et proche de ce dernier. A noter également la présence de Tyrese Gibson dans le rôle de l’agent fédéral Stroud, Jared Harris, alias docteur Emil Nicholas, en médecin mentor des deux amis d’enfance que sont Michael et Milo et aussi Michael Keaton reprenant le rôle du Vautour le temps de deux scènes inter-générique. Mais j’y reviendrai.

Premier constat ; les personnages sont plats. Même si on ne peut nier un certain intérêt à suivre les mésaventures de Michael, n’en reste qu’il est le personnage central et que tous les autres ne font que graviter autour de son implication dans ses recherches et sa transformation. Milo s’avère être un méchant identique au « héros », sans réel intérêt ; Martine donne un coup de pouce ainsi que l’occasion d’un peu d’émotion en fin de métrage ; et les personnages de l’agent Stroud et du docteur Nicholas sont purement anecdotiques.

Mais d’où vient cette pauvreté en matière de personnages ? Pour le savoir, tournons-nous un instant sur le scénario. Nous sommes en présence de quelque chose qui a déjà été vu, revu et re-revu. « Oui, mais on n’arrive bien à faire du neuf avec du vieux », me direz-vous. Eh bien dans le cas présent… non. Tout est extrêmement conventionnel, ne laissant aucune surprise scénaristique (même les yeux de Martine qui s’ouvrent à nouveau en fin de métrage n’engagent aucun tressaillement) et dans l’ensemble, l’histoire est sans relief.

Quelques clins d’œil parsèment le film comme le nom du bateau sur lequel Michael se transforme pour la première fois ; « Murnau », qui n’est autre que le réalisateur de Nosferatu en 1922, ou la mention de Venom à un moment donné. Mais dans l’ensemble, on a l’impression de se retrouver dans une énième copie de Dracula, l’esthétique et le punch en moins. Et est-ce que l’on parle du fait que le thème musical joué lorsque les chauves-souris sont présentes ressemble à s’y méprendre à celui d’une certaine trilogie de Christopher Nolan où un type se déguise en mammifère volant ?

Si les personnages sont plats et que l’histoire est plate, reste-t-il quelque chose à sauver ? Personnellement, j’ai trouvé que les effets spéciaux étaient bien fichus (même si un peu cheap) et que les deux scènes inter-générique prévoyaient du bon pour la suite, prouvant que les univers de Marvel Studios et Sony allaient pouvoir, à un moment donné, se mélanger.

Pour le reste, c’est la catastrophe ; on se retrouve embourbé dans les méandres du cliché absolu, des scènes prévisibles et des intrigues sans aucun relief. En fait, c’est comme s’il n’y avait aucun enjeu durant les 1h44 du métrage ; on nous présente des types, ils se transforment, se foutent sur la gueule et tout cela dans l’unique but d’introduire de nouveaux personnages. Rien ne vient faire frémir notre épiderme.

Les faciès des monstres restent pourtant bien fichus et on peut constater que l’ambiance posée et sombre est de mise. Voir ces êtres à tronche de chauve-souris déambuler dans la nuit, c’est sympatoche mais ça ne fait pas tout. Même les scènes d’action restent peu convaincantes et aucun rythme précis ne semble émaner ce cette succession d’images.

Après le visionnage, j’ai réellement pensé avoir passé un moment devant la télévision. Pas un bon moment (on est d’accord) mais pas un mauvais moment non plus. C’était juste « un moment », comme si j’étais resté devant mon poste éteint et que cela n’avait aucune implication quelconque dans ma vie de cinéphile. En un mot ; le néant.

J’ai alors analysé la chose et me suis rendu compte de plusieurs détails. Tout d’abord, il n’y a pratiquement aucune touche d’humour dans le film. Là où les autres métrages de Marvel (des studios en tant que tels ou de Sony) parvenaient à se distinguer, c’était en matière d’humour. Il y avait toujours ce petit quelque chose qui nous faisait arborer un rictus à un moment donné. Ici, rien du tout. Tout semble traité de manière trop sérieuse, ne nous impliquant jamais pour rigoler un bon coup.

Puis, je me suis rendu compte que les vampires, surtout dans les univers de super héros, c’était assez tendu comme sujet. Nous avons un rapide passage de Blade dans la scène post-générique du film Les Eternels mais cela s’arrête-là. Le genre vampirique est une section à part entière du cinéma et l’intégrer dans un film de super-héros, c’est une chose peu évidente. Est-ce que cela déclenche alors cette sensation de platitude tant on a bouffé du vampire sur grand écran ces dernières décennies ?

J’ai beau chercher, je ne trouve pas de raison de trouver ce film bien. Si c’était pour introduire un nouveau personnage chez Marvel et nous présenter la possibilité du multivers, autant faire un court-métrage ou une mini-série, ce qui aurait sans doute permis de s’attarder un peu plus sur l’écriture des personnages ainsi que de l’histoire et d’éviter de perdre trop de temps en futilités.  

Déçu, abattu, ne comprenant pas pourquoi (malgré les mauvaises critiques) j’ai procédé au visionnage, je ne peux qu’être d’accord et dire que la direction pathos, posée et sombre de Morbius ne correspond pas à un bon moment de cinéma. Oui, cela sort des habitudes que nous avons de Marvel, mais changer de forme en nous apportant un peu de fun cinématographique, c’était aussi possible. Regardez-le pour avoir une vision d’ensemble des univers ou pour faire tourner quelque chose en faisant votre repassage mais viscéralement, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

C’est con pour un film comme celui-là, non ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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