Encore une histoire de maison hantée ?

Eh bien, non ! J’ai également cru à cela en voyant le titre et je dois avouer que je suis passé pas mal de fois à côté en me disant « Les histoires de hantise, c’est bon pour l’instant ». C’est en m’attardant sur le synopsis que mon avis a changé et que j’ai procédé au visionnage. Sorti en 2017 et réalisé par Rich Ragsdale, il ne s’agit pas d’une bâtisse hantée mais on y parle de maisons des esprits, de petites maisonnettes se trouvant en Thaïlande et dans lesquelles on peut faire des offrandes aux morts afin qu’ils ne viennent pas troubler les vivants. Est-ce que le film est exotique ? Les esprits sont-ils aussi vicelards de l’autre côté du globe ? Les nichoirs pour oiseaux, un problème ? On prend un vol pour la Thaïlande et on se lance dans la critique.

Julie (Scout Taylor-Compton) et son petit ami Jim (James Landry Hébert) décident de passer des vacances en Thaïlande, l’occasion pour Monsieur de demander sa belle en mariage. Ils vont faire la connaissance de Robert (Russell Geoffrey Banks) et Billy (Richard Gray), deux touristes britanniques déjà sur place depuis un moment. Ensemble, ils visitent un lieu abandonné où se trouvent plusieurs maisons des esprits. Julie commet l’irréparable… et un fantôme retors lui colle maintenant au train.

Avant toute chose, il faut préciser qu’il s’agit ici d’un film d’horreur où pratiquement tout est prévisible en matière d’intrigue. Donc, si certains éléments discutés ici sont assimilables à des spoilers, ne m’en voulez pas ; vous le verrez venir de toute manière.

C’est avec émotion et sourire-pas-vraiment-sincère au coin des lèvres que nous faisons la connaissance de notre couple à l’écran ; Jim et Julie. Loin de ressembler à un titre de sitcom, les deux tourtereaux semblent filer le parfait amour. Une demande en mariage acceptée plus tard, c’est avec des ébats sincères qu’ils scellent leur future union. Si c’est pas joli…

A noter que les deux personnages principaux… on s’en bat un peu les steaks. Tout d’abord, bien qu’étant apparemment fait l’un pour l’autre, on ne ressent pas d’alchimie entre eux. Pire encore, les réactions sont arbitraires, disproportionnées et loin de toute cohérence. Se rendre dans un bar à strip-tease juste après sa demande en mariage ? Pourquoi pas. Osciller constamment entre « Tu es toute ma vie » et « Vas-t-en sale bâtard » ? Check. Ne pas oser sacrifier une petite partie de son corps pour l’être aimé ? C’est fait.

Jim se démène donc pour trouver une solution tout au long du film tandis que sa chérie est coincée dans une léthargie vicelarde qui la fait régulièrement rencontrer un esprit pour le moins en pétard. A noter que l’interprétation de Julie est plus convaincante que celle de son futur époux, étant notamment partie intégrante des scènes les plus scaries du film.

Qui plus est, on ne sait absolument rien d’eux ! Depuis combien de temps sont-ils ensemble ? Que font-ils dans la vie ? Trainent-ils des casseroles de leur passé ? Sur une échelle de 1 à 10, à combien se monte leur volonté de faire leur vie ensemble ? Sur cette dernière question, j’ai la réponse ; ça bouge constamment entre 1 et 10. Autant dire que l’empathie, pour le coup, ça ne fonctionne pas.

Le jeu d’acteur est pourtant là et il faut préciser que deux personnages vont sortir du lot. Tout d’abord, Gogo (Michael S. New) leur chauffeur et guide. Sympathique, drôle, souhaitant apporter son aide, il a même un assaut d’héroïsme dans la scène finale, faisant passer Jim pour le dernier des soiffards en matière de « Je veux sauver ma future femme ».

Autre personnage intéressant, Reno, interprété par Mark Boone Junior. Avec plus de 150 crédits d’acteur sur IMDB (notamment dans Vampires, 30 jours de nuit ou Sons of Anarchy), on le retrouve comme un ersatz gangster du pauvre possédant des dialogues savoureux, une personnalité bien trempée et une gueule à faire pâlir n’importe quel esprit retors ; belle prestation.

Pour le reste, on repassera et si les deux personnages centraux ne déclenchent que très peu d’empathie, ça démarre mal. Il faut dire pourtant que le cadre était propice à quelque chose de bien cossu. La Thaïlande, l’exotisme, des paysages incroyables, une ville de Bangkok fourmillant d’activités ; on nous présente une chouette carte postale du pays.

Et qui dit pays lointain dit légendes flippantes. Çà-et-là se trouvent des maisonnettes appelées maisons des esprits. On peut y faire des offrandes mais jamais, JAMAIS… ON A DIT JAMAIS, reprendre quelque chose s’y trouvant. Cela pourrait mettre l’esprit habitant le nichoir dans une colère illimitée et il n’aurait de cesse de poursuivre le voleur pour y consumer son âme, rien que ça.

Bien entendu, on voit tout de suite le petit jeu de Robert et Billy, faisant directement le lien avec la scène d’introduction qui a été visionnée. Notre cerveau ne met pas long à comprendre et c’est avec une certaine indignation qu’on se dit que ce qui arrive à Julie, au fond, ce n’est pas très juste. Se faisant avoir pour que la malédiction lui revienne, son tendre et cher futur mari n’a que trois jours avant que le mal ne soit irréparable.

Commence alors une course-poursuite pour découvrir comment mettre fin à tout cela. La première solution revient à faire ce qu’on fait les Britanniques de passage, mais Jim s’y refuse. Il s’agit alors de trouver une sorcière-guérisseuse qui pourrait potentiellement sauver la situation. Un long voyage attend alors Jim et sa tendre, aidés par Reno et Gogo.

Vous vous doutez bien que tout finit bien, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas la toute dernière scène qui viendra nous dire le contraire, les protagonistes s’y trouvant n’ayant été qu’aperçu en cours de route, ils deviennent maintenant les instruments d’un potentiel spin-off, heureusement non produit. Bon, en même temps, pour une fois qu’un film d’horreur finit bien, il faut tout de même le souligner.

Tiens, en parlant de ça, l’horreur, ça donne quoi ? Eh bien, sur la forme, Ghost House se révèle un film d’épouvante convaincant. Esprit vengeur avec une tronche flippante, apparitions furtives, jump scares attendus mais efficaces, tout cela sans parler de moments de tension qui se révèlent parfois un peu longuets mais qui aident à nous mettre en situation.

Mais en matière de thèmes, on s’y perd un peu. Y parle-t-on de l’amour ? Vu les montagnes russes émotionnelles de notre petit couple, ça m’étonnerait. Des problèmes de langues dans un pays étranger ? Avec Gogo comme traducteur, no souci. De la détermination à sauver l’être aimé ? Si c’est pour ne pas aller jusqu’au bout, je n’en vois pas l’intérêt.

Pour résumer, c’est un film pas trop mal sur la forme mais clairement pas sur le fond, dont voici les différents points ; les acteurs font leur travail mais on aurait apprécié avoir une histoire sur Reno et Gogo à la place de Jim et Julie ; la Thaïlande, c’est chouette ; il ne faut pas piquer des trucs sur les maisons des esprits ; une vieille sorcière rigolarde, ça peut servir en cas de pépin.

Ne parlant pas de maison hantée et osant s’aventurer dans une histoire de fantôme somme toute bien construite et flippante, Ghost House n’en reste pas une perle pour autant. C’est con, parce que vu l’idée de base et le cadre, il y avait moyen de clairement plus nous bluffer. Vous pouvez prendre le DVD et le placer dans une maison des esprits pour faire une offrande, ne permettant pas que l’on puisse le récupérer.

En fait… non. Offrir ce film, ça pourrait déclencher bien pire que prévu.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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