L'air des eighties

Les jumeaux Matt et Ross Duffer (Les Duffer Brothers) sont les créateurs de la série Stranger Things. La saison 1 a fait son entrée via Netflix en 2016. De prime abord, une histoire mélangeant science-fiction, horreur, comédie et présentant des enfants, on peut se dire que ça sent le réchauffé. Ce n’est absolument pas le cas ! Enorme bouffée d’air frais, sentant admirablement bon les années 80, Strangers Things est une pièce maîtresse, un vibrant hommage à tout ce qui a pu être fait durant cette décennie. Un coup de maître ! ATTENTION : cet article contient des spoilers.

Novembre 1983 à Hawkins, dans l’Indiana. Will Byers, 12 ans, disparaît sans laisser de traces. Toute la ville va alors se mettre à sa recherche. Sa mère Joyce et son grand frère Jonathan s’agitent entre espoir et désillusion. Le shérif Jim Hopper doit faire face à ses propres problèmes tandis qu’il coordonne les recherches. Mike, Dustin et Lucas, des enfants en mode « Goonies » mettent au point une stratégie pour partir à la recherche de leur ami Will. Pourtant, tous vont être confrontés à d’étranges événements, liés apparemment au laboratoire du département de l’énergie situé à Hawkins. Tout cela sans compter sur l’arrivée d’une étrange gamine prénommée Onze, dotée de pouvoirs psychiques, et d’un monstre hideux et plutôt affamé.

Amis des années 80, accrochez-vous ! Rien qu’en regardant le visuel de l’affiche, nous savons déjà dans quelle ambiance nous allons nous retrouver. Dans le plus pur style dessiné des eighties, à l’instar de films comme Star Wars ou encore Indiana Jones, cela nous présente le contexte. Nous sommes en 1983 et plusieurs habitants d’une petite ville vont se retrouver impliqués dans la disparition de Will Byers. Les personnages présentés ici, en plus d’avoir de la consistance, sont impeccablement joués par les différents acteurs.

Nous retrouvons donc plusieurs comédiens avec une certaine bouteille. Wiona Ryder, magnifique en Joyce, la mère de Will. Jouant subtilement la femme paraissant folle aux yeux de tous mais étant sûre de son coup, elle nous présente l’un des personnages les plus complexes et les plus déterminés de la série. David Harbour joue avec brio le rôle du shérif Hopper. Avec un lourd passé et une tendance à la dépression, cette enquête pourrait faire office de rédemption et lui permettre d’avancer et de passer à autre chose. Puis, Matthew Modine vient accrocher un peu de sombre-attitude au tableau dans le rôle du Dr. Martin Brenner. Scientifique à la chevelure argentée et manipulant Onze à sa guise, il est l’un des éléments dangereux de cette première saison.

Et que dire des enfants ! Tous semblent carrément s’amuser au fil des épisodes. Tantôt émouvants, tantôt marrants, ils évoluent tout autant que les autres personnages et nous offrent des prestations marquantes et empreintes de nostalgie. Finn Wolfhard est Mike. Plus ou moins le leader des « Goonies », il n’hésitera pas à foncer tête baissée pour tenter de sauver son ami Will. Ses sentiments pour la jeune Onze donneront également un fond intéressant au personnage. Gaten Matarazzo est Dustin. Avec son défaut d’élocution (il est atteint de dysplasie cléiodocrânienne), ses cheveux bouclés et sa répartie, il est l’un des personnages les plus drôles de cette première saison. A contrario, il est également l’un des plus sages, parvenant à stopper certaines embrouilles et s’avérant souvent être la voix de la raison. Caleb McLaughlin est Lucas. Jeune afro-américain, courageux et parfois colérique, il sera d’une aide inestimable à l’équipe de ces sacrés bambins, bien décidés à tout risquer au nom de l’amitié.  

La team ne serait pas complète sans la mention de Natalia Dyer jouant la sœur de Mike, Nancy. Lycéenne semblant flotter dans un nuage prude et gentillet, elle va se transformer en jeune femme aguerrie pour retrouver Will et également son amie, Barbara, elle aussi disparue. Cette dernière est jouée par Shannon Purser avec conviction et émotion. Joe Keery est Steve, le petit ami de Nancy. Loin du standard gros lourd du lycée, il nous offrira une prestation surprenante et un personnage étonnamment attachant, même si on a parfois un peu envie de lui coller des baffes. Charlie Heaton est Jonathan, le frère de Will. Ambigu au départ, il va s’avérer être une force de frappe, se dressant contre les événements étranges survenant à Hawkins.

Gardons le meilleur pour la fin ; Onze. Cette jeune fille, interprétée par Millie Bobby Brown, est des plus énigmatiques. Possédant des dons psychiques, tels que la télékinésie ou la capacité de retrouver des personnes à distance, elle nous offre une prestation admirable, tiraillant toujours entre les larmes et le rire, sans pour autant déblatérer une foule de mots. Il faut dire que la coupe de cheveux et ses aptitudes peu communes aident énormément, faisant sortir son personnage de petite fille des standards habituels.

Strangers Things, c’est quoi ? De l’horreur ? De la science-fiction ? De la comédie ? Il est totalement impossible de fixer une catégorie propre à une série comme celle-ci. On passera des moments de tension et de trouille (la créature du Monde à l’Envers, le Monde en question), de tristesse (découverte à la crique, le désespoir des familles) et de rire (les interventions de Dustin, les situations absurdes). Un melting-pot de ce que l’on peut trouver de mieux à l’heure actuelle.

En plaçant l’intrigue dans les années 80, les créateurs ont été malins. L’astuce est alors de jouer sur les différents standards de science-fiction, d’horreur ou de comédie sans avoir à se justifier de quelque manière que ce soit. Vous saupoudrez le tout avec une blinde de références à ces années-là et vous obtenez quelque chose qui tient la route.

Car ici, le rythme est maîtrisé de manière exquise. Jamais un épisode n’en montrera trop ou trop peu. Même en fin de saison, le suspense reste pour laisser le spectateur baver un moment avant la suite, mais on ne ressent pas de haine pour une coupure trop brute. Au-delà du rythme, c’est le scénario en lui-même qui est intéressant. Partant d’un postulat tout à fait basique (une ville, des trucs bizarres et la disparition d’un enfant), Stranger Things instaure sa propre mythologie sans aucun problème. La cohérence entre les personnages et leurs actions est également bienvenue.

Le visuel global de la série est magnifique, montrant des plans très eighties dans leur présentation. On notera également une bonne mise en valeur de l’étrange et terrifiant Monde à l’Envers, un endroit où on ne voudrait pas passer ses prochaines vacances. L’aspect musical est également de la partie, avec l’insertion de plusieurs morceaux des années 80, rendant l’immersion encore plus forte et la nostalgie encore plus grande. Du très beau travail !

Dans tout cela, il faut encore ajouter les références, apportant une touche de nostalgie pour les plus « vieux » et une possibilité de découvrir les eighties pour les plus « jeunes ». Entre Star Wars, le jeu Donjons & Dragons, Poltergeist et bien d’autres, nous aurons notre lot de clins d’œil en tout genre. Il y aura aussi plusieurs allusions au Seigneur des Anneaux (le livre, hein, bien avant Peter Jackson) et aux produits d’époque, avec notamment l’insertion d’une vieille pub pour une marque célèbre de soda qui ravive une nostalgie presque perdue. On se surprend d’ailleurs à sourire au moment de son passage.

Du mauvais dans Stranger Things ? Honnêtement, après la visualisation de cette saison, j’ai douillé comme un malade pour trouver des points noirs. Il est vrai que, parfois, les effets spéciaux sentent le CGI, notamment pour le monstre, mais les bonnes vieilles méthodes usitées pour d’autres effets sont bien fichues (caoutchouc, effets de lumière, etc.). Les rôles des parents, de manière générale (outre Joyce Byers) est un peu effacée pour laisser plus de place à ceux des enfants. Dommage ou pas ? Dur, dur de trouver quelque chose à redire sur cette série.

Le paquet cadeau de la saison une comprend huit épisodes et se termine par un déballage final alliant majestueusement humour, émotion et suspense. Tout semble bien se terminer mais des points manquants arrivent en dernière minute pour notre plus grand plaisir. Sans avoir encore clairement une explication de ce qu’est le Monde à l’Envers, il y a fort à parier qu’il s’agira d’un des points cruciaux de la prochaine saison qui démarrera en octobre 2017 aux Etats-Unis.

Vous l’aurez sans doute compris ; Stranger Things est une série de fou ! Mêlant les genres, présentant des personnages avec une profondeur et une personnalité, jouant sur les codes du genre tout en nous faisant vivre des moments de pure nostalgie, il s’agit ici d’un tour de force admirable et plaisant. Espérons que cela continue ainsi. Pour tous ceux qui veulent prendre un bon bol d’air frais des eighties, visionnez immédiatement cette série.

Et si vous prenez un coup de vieux en la regardant, ce n’est pas grave ; ça en vaut la peine. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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