Plus grand, plus fort

King Kong est une icône cinématographique. Il fait partie des grands monstres les plus connus depuis sa première apparition en 1933 dans le film éponyme de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Plusieurs films suivirent, certains le faisant affronter Godzilla, une autre grosse bébête super connue. En 2005, Peter Jackson dépoussière le film de base avec son King Kong visuellement bluffant et bien accueilli. Avec la décision de Warner Bros de s’allier avec la Toho (détenant les droits de Godzilla) de créer le MonsterVerse, mettant au goût du jour les plus grosses bestioles du cinéma dans un seul et même univers, il fallait que King Kong y apparaisse. Après Godzilla en 2014, premier film dudit univers, c’est au tour du grand singe de passer à l’écran en 2017, sous la houlette de Jordan Vogt-Roberts, réalisateur d’épisodes de séries télévisées et du méconnu The Kings of Summer. Il s’agit ici d’une histoire inédite et non d’une reprise du scénario originel. Alors, est-ce que ça va dépoter ? Va-t-on être bluffé ? Peut-on apprendre à un vieux singe à faire des grimaces ? En débarquant sur l’île, les protagonistes ne s’attendaient pas à ça… et nous non plus. ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1973, William Randa (John Goodman) monte une équipe d’exploration pour se rendre sur Skull Island, une île récemment découverte. Des gens de tous horizons prennent part à l’aventure. Pourtant, ils ne se doutent pas que sur cette île se trouvent des créatures monstrueusement grandes, dans le viseur de la mystérieuse organisation Monarch qui souhaite les étudier de plus près. Ils vont notamment faire la connaissance du maître des lieux ; un singe gigantesque appelé King Kong.

Avec ce film, nous sommes dans la démesure à plusieurs niveaux, à commencer par la taille du boss simiesque. Dans le film de Peter Jackson, la bestiole atteignait les sept mètres, donnant déjà une bonne impression de grandeur. Ici, on passe carrément à plus de trente mètres, reliant la stature du gorille à celle d’un dieu terrestre, propriétaire de l’île sur laquelle il vit. Avec une taille pareille, les humains face à lui paraissent bien faiblards et cela donne une dynamique toute particulière au métrage.

Car ici, Kong est un fervent défenseur de son territoire. Nous avons alors l’occasion de le voir se battre à plusieurs reprises, et pour commencer dans un combat magistral le confrontant aux hélicoptères de l’équipe de recherche. Celle-ci, épaulée par des militaires, je vous laisse imaginer la scène où ils tentent de combattre le gigantesque singe alors que ce dernier peut les faire se crasher d’un simple revers de la main. Grandiose !

Kong a aussi fort à faire avec les monstres vicieux et antiques de l’île ; les Skullcrawlers, sorte de lézards avec une sale gueule et une tendance accrue à vouloir buter les singes géants de la région. Il faut aussi compter une prise de bec avec une créature lacustre tentaculaire et on obtient un bon lot de bastons fortement sympathiques.

L’action est le mot central de cette adaptation de l’histoire de King Kong. Dans une frénésie parfois limite parodique, on assiste à tout un tas de scènes qui bougent et qui nous mettent dans un état de non-ennui absolu. Les deux heures du métrage passent à une vitesse folle et on est surpris d’arriver à la fin. Une fin qui en dit d’ailleurs long sur la suite des événements du MonsterVerse avec la mention de… je vous laisse la surprise. Mais si vous êtes amateurs de films avec d’énormes monstres, vous serez conquis.

Les acteurs aident aussi grandement à la chose. En trouvant le juste milieu entre ne pas se prendre au sérieux et tout de même donner du corps aux différents rôles, ils aident non seulement à poser les bases de la suite des événements mais également à être des éléments à part entière de l’expédition lancée par William Randa. John Goodman est d’ailleurs très bien et son personnage, bien qu’énigmatique, permet d’en apprendre un peu plus sur la mystérieuse organisation Monarch.

Tom Hiddleston campe James Conrad, ancien capitaine du SAS britannique, loyal, professionnel et vivant les événements tout en s’adaptant. Dans un rôle brutal, déterminé et un peu cintré, nous avons Preston Packard, interprété par Samuel L. Jackson. Souhaitant plus que tout venger ses hommes tombés face à Kong, il va devenir une sorte de Capitaine Achab des temps modernes, traquant le monstre sans répit… au mépris de la logique. Brie Larson est Mason Weaver, une photojournaliste pacifique qui a fort à faire devant des faits de cette taille. Un rôle féminin bienvenu dans cette histoire. A noter que ces trois acteurs ont tous joué dans un autre univers cinématographique, celui de Marvel (respectivement Loki, Nick Fury et prochainement Captain Marvel).

On retrouve également John C. Reilly dans un rôle sur mesure, celui de Hank Marlow, échoué sur Skull Island depuis 29 ans après le crash de son appareil durant la Seconde Guerre Mondiale. Corey Hawkins joue le sismologue Houston Brooks, engagé par Monarch pour ses travaux inédits sur les tremblements de terre. A préciser le travail de Terry Notary et Toby Kebbell ayant tous deux travaillés sur la motion-capture du singe, donnant un résultat réaliste et épique.

D’ailleurs, ce grand monstre possède une facture toute particulière. Comme le mentionne Terry Notary, le singe est comme un adolescent de 14 ans coincé dans une vie d’adulte. Ses réactions sont extrêmement réalistes et les détails apportés aux effets spéciaux font le reste. Il en est de même pour les autres créatures du métrage, dont l’une (une sorte d’énorme buffle d’eau) parviendra à instaurer un sentiment à la fois de stress et de fascination.

L’île envoie aussi au niveau visuel. Skull Island possède plusieurs sections bien spécifiques (un grand cimetière, une jungle épaisse, des collines verdoyantes) et cela reste dépaysant à chaque instant. Les humains, piégés dans cet écosystème inconnu, doivent alors mettre leurs connaissances en commun pour espérer en sortir vivants. Le danger est partout sur Skull Island et ça se ressent. Pour rythmer le tout, une bande son géniale incluant un grand nombre de standards des années 70, comme The Stooges, Black Sabbath ou encore David Bowie.

Donc, que dire de ce film ? En réinventant l’histoire de King Kong de cette manière, on pourrait penser être en présence d’un métrage qui se la joue « parodie mais pas trop » histoire de faire des entrées grâce à un casting sympatoche et des effets spéciaux ultra-chers. Pourtant, lors du visionnage, cet effet ne se fait pas sentir. Certes, la profondeur même du scénario n’est pas extrême, mais le deuxième niveau de lecture, prenant en compte les intentions des divers protagonistes, fait obtenir assez de consistance pour satisfaire les spectateurs.

Restant linéaire dans son traitement mais osant quelques surprises scénaristiques (notamment qui survit et qui meurt, la scène post-générique), Kong : Skull Island est une très bonne seconde partie du MonsterVerse, nous faisant découvrir un Kong 2.0, plus costaud et furieux que jamais. Cela est de très bon augure pour la suite des événements, notamment la rencontre de Kong et Godzilla (2020) et potentiellement d’autres monstres, comme le suggère la toute fin du métrage. Si vous aimez les films rythmés avec des monstres ultimes et des personnages parfois clichés mais intéressants, montez dans votre hélico et rendez-vous immédiatement sur Skull Island.

Ouaip, les combats à venir dans le MonsterVerse vont être… monstrueux.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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