Un dernier rite pour la route ?

Sorti en 2009, Le Dernier Rite a comme titre en anglais The Haunting in Connecticut. Comme bon nombre de ses frères et sœurs, le film a pour mention « d’après une histoire vraie », agrémenté d’un « Vous n’avez jamais eu aussi peur de votre vie ! » pour faire un peu plus d’audimat et gagner quelques entrées. Il se base sur la véritable histoire de la famille Snedeker qui a vécu quelques mésaventures avec des esprits errants, cas sur lequel le couple Warren (Conjuring) a également enquêté. Côté réalisation, c’est Peter Cornwell qui s’y colle pour son premier long métrage. Alors, y’a vraiment de la hantise dans le Connecticut ? Va-t-on trouiller ? Est-ce vraiment le tout dernier rite ? Face au monde des esprits, les choses sont parfois bien compliquées. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Les Campbell déménagent dans une nouvelle maison plus proche du centre de soins où leur fils Matt (Kyle Gallner) suit un traitement pour son cancer. Ils découvrent que cette maison louée à bas prix (ben tiens…) est en fait un ancien dépôt mortuaire où les corps étaient préparés. Et comme si ça ne suffisait pas, des choses macabres à grand coup de magie noire se seraient déroulées dans la bâtisse. C’est le début des ennuis.

« Tiens, une autre histoire d’esprits ; on pourrait en faire un film ». Voilà sans tout ce que les scénaristes se sont dit en découvrant la hantise de la famille Snedeker. Du coup, le scénario pondu est relativement poussif, usant jusqu’à la corde le principe du jump scare et ne cherchant pas réellement à s’émanciper en proposant quelque chose de nouveau. On a beau baser un film sur des faits réels, mais quand ces derniers sont pratiquement totalement occultés (sans jeu de mot), on en arrive à une histoire sans consistance.

Et c’est exactement ce qui arrive ici. Le jeune Matt, joué par Kyle Gallner, décide direct de loger au sous-sol. Certes la pièce est grande et y’a sûrement moyen de faire des teufs de malade une fois les parents en vacances, mais perso je ne ferais pas immédiatement ma chambre à côté d’une étrange paroi avec des vitres et une porte visiblement fermée à double tour. M’enfin, chacun son trip.

Mis à part ça, les acteurs semblent réellement croire à leur rôle… mais le rendu final est, tout comme l’histoire, sans grande consistance. Le jeune Matt doit gérer sa vie entre cohabitation avec des esprits et traitement contre son cancer. Sa mère est campée par Virginia Madsen, déjà présente dans le film AnhfHantise de Jan de Bont en 1999. Coïncidence ? Se retrouvant aux prises avec des forces maléfiques, elle fait tout pour protéger son fils coûte que coûte. On ajoute à cela le père de famille joué par Martin Donovan, l’autre fiston sous les traits de Ty Wood et la cousine de la famille interprétée par Amanda Crew et on a toute une petite famille prête à jouer les chairs à canon pour esprits en pétard. A noter la présence d’Elias Koteas qui fait un bien fou, réussissant à apporter une touche à la fois nostalgique et sympathique au métrage, ainsi que l’interprétation d’Erik Berg en Jonah, convaincant bien que mutique.

Mais on reste dans le film de maison hanté lambda sans oser transcender les codes du genre. Apparitions furtives, jump scares à foison, moments de tension appréciables qui finissent indubitablement comme on pensait qu’ils allaient finir, rien de bien nouveau sous le soleil du Connecticut. On s’ennuie, attendant presque avec impatience le prochain élan assourdissant qui nous servira de jump scare salvateur, nous faisant penser que nous n’avons pas complètement perdu notre temps. 

Les créatures et les diverses apparitions mettent du baume au cœur et permettent de ne pas complètement tomber dans la perplexité la plus totale. On peut mentionner que le film, outre son aspect horrifico-hantise, surfe également sur un standard plus crade et visuel. On en veut pour preuve le coup des paupières (aïe...), la colonne de la maison qui n’a plus l’air de première fraîcheur ou encore les écritures sur le corps de Matt à la façon Clive Barker. Une manière comme une autre de tenir le spectateur éveillé (surtout après le coup des paupières ; elles ne risquent plus de tomber).

On assiste donc à tout cela dans un linéaire abrutissant, zigzaguant entre les scènes de tension standardisées et les images chocs histoire de nous conserver en état non létal. Puis, arrivent les dernières minutes, plus vivaces que le reste du métrage, donnant un certain élan au film… ma foi beaucoup trop tard. Le plantage absolu du personnage de Popescu (Elias Koteas) est énorme. Scénariser un truc comme ça, il faut oser, mais fort est de constater que ça fonctionne. Et puis, c’est grâce à cela que nous avons une fin certes standardisée à outrance mais qui fonctionne avec le reste de l’histoire.

Autre joli coup du film ; le thème des ectoplasmes. Le terme est tiré dans tous les sens à travers l’histoire du cinéma (le plus célèbre restant le résidu tant convoité par Spengler dans SOS Fantômes) et nous en avons ici un exemple moins connu mais plus proche de la définition originale de ce dont il s’agit. L’on pourrait prendre un immense raccourci en appelant cela « matérialisation d’esprit » pour gagner du temps. Le fait d’inclure ça dans l’histoire apporte une touche méconnue au genre et surtout intéresse le spectateur avide de contexte horrifique.

Conservant quelques bonnes idées mais ne parvenant pas à décoller, Le Dernier Rite le sera sans doute bel et bien. Personnages peu profonds, histoire linéaire et archi-ancrée dans les standards du genre, utilisation abusive du jump scare pour faire valoir la trouille du film en dénigrant du même coup la tension ambiante, on en ressort clairement peu conquis. Fans inconditionnels de films de hantise, il vous faut ajouter celui-ci à votre liste. Pour les autres, réinsérez SOS Fantômes dans votre lecteur et passez un bon moment à vous fendre la poire en lieu et place d’essayer d’avoir peur avec Le Dernier Rite.

Alors, p’tit café pour la route ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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