Ambiance familiale

Des films d’horreur avec une histoire cossue et effrayante, ça existe. Sinister en est la preuve. C. Robert Cargill signe son premier scénario. Pour l’épauler, Scott Derrickson en coscénariste, se trouvant également dans la peau du réalisateur. Avant ce film, on peut le retrouver aux commandes de Hellraiser V : Inferno, L’Exorcisme d’Emily Rose et Le Jour où la Terre s’arrêta. L’idée de l’histoire viendrait apparemment de Robert, suite à un cauchemar qu’il a fait après avoir regardé Le Cercle. On part moyennement confiant pour le visionnage et pourtant, il faut dire que nous tenons ici quelque chose de… particulier. L’horreur a-t-elle sa place dans ce métrage ? Est-ce que C. Robert Cargill maîtrisera bien son premier scénario ? Le format Super 8 est-il encore d’actualité dans les vidéos familiales d’aujourd’hui ? On serre fort son coussin et on part en quête de réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Ellison Oswalt écrit des livres reprenant certaines grandes affaires criminelles. En mal de notoriété, il s’en va vivre dans une nouvelle maison avec toute sa petite famille. Cette demeure a été le théâtre du meurtre épouvantable des anciens propriétaires, les adultes comme les enfants. Dans le grenier, Ellison découvre des bandes Super 8 ainsi qu’un projecteur. En les regardant, il assiste au meurtre de la famille en question, filmé par un inconnu. Les autres bandes comportent toutes des assassinats atroces de familles entières. Ce qu’Ellison ignore encore, c’est que ces faits ont pour origine une sinistre entité qui ne va pas tarder à se manifester.  

Ellison Oswalt (Ethan Hawke) est un écrivain en perte de vitesse. Recherchant la gloire au travers de récits parlant de justice, il lui faut une bonne histoire pour son prochain livre et la pendaison d’une famille entière semble être un sujet potentiellement vendeur. Se brisant au fur et à mesure du métrage, le personnage est intéressant et se verra pris dans une tourmente surnaturelle dérangeante et implacable. Son épouse Tracy (Juliet Rylance) est une mère qui tente de soutenir au mieux son mari dans ses enquêtes, tout en gardant une distance avec ces dernières. Leur fille Ashley (Clare Foley) aime dessiner des trucs bizarres et leur fils Trevor (Michael Hall D’Addario) a des terreurs nocturnes flippantes et entre gentiment dans la pré-adolescence.

Nous aurons également James Ransone dans le rôle du shérif adjoint, personnage qui aura une importance toute particulière, principalement en ce qui concerne le second opus de Sinister. Fred Dalton Thompson, et sa filmographie reluisante, campe le shérif venu annoncer à Ellison qu’il n’est pas nécessairement le bienvenu. Vincent D’Onofrio est le professeur Jonas. Peu d’apparition à l’écran mais ça fait toujours plaisir de voir sa bouille. Enfin, Nicholas King joue le mutique Bagul, alias Mr. Cruel pour les intimes.

Les personnages, dans l’ensemble, sont intéressants et surtout arrivent à gérer l’ambiance du film sur laquelle je reviendrai après. Chacun possède une tâche claire dans le scénario et il n’y a donc pas de surplus, ni de surenchère dans les différents rôles. Ce sont des êtres humains confrontés à une chose inexplicable et terrifiante, la meilleure représentation que l’on puisse s’en faire est celle via le personnage d’Ellison. Dans l’ensemble, rien à redire.

Le film commence fort avec une séquence dérangeante et terrifiante, jouant habilement sur la lenteur et l’atrocité de la chose ; la pendaison d’une famille entière. En format Super 8, l’image est granuleuse, on entend le bruit du projecteur et on assiste, impuissant, à la mort des personnages à l’écran. Cette introduction va donner le ton au reste du film. Oui, ce métrage porte extrêmement bien son nom car ce sera… sinistre.

Déjà à l’arrivée de la famille Oswalt dans leur nouvelle maison, on sent une tension. Ils ne sont pas les bienvenus ; le père travaille sur une affaire sordide ; les enfants semblent un peu perturbés par ces incessants déménagements ; tous les ingrédients sont réunis pour que le film parte sur une histoire pas foncièrement gaie et heureuse. Et la trouvaille d’Ellison dans le grenier ne va rien arranger à la chose. Dans un carton, un projecteur Super 8 et plusieurs bandes. Là, ça va commencer à devenir encore plus sombre.

Sur les bandes en question, des meurtres de familles entières. Ces vidéos resteront, sans conteste, l’élément le plus dérangeant du métrage. Que ce soit par le feu, la noyade ou à coup de couteau, on assiste à la mort des personnes à l’écran et ça prend aux tripes. On trouve cela horrible, injuste et surtout, nous n’avons pas encore une explication concrète à ses actes d’une barbarie sans nom. A ce titre, nomination particulière pour le segment du jardinage, sans doute le plus sinistre de tous. Comme quoi, sans en montrer trop, on peut faire beaucoup.  

On avance dans le film à tâtons, comme Ellison. L’enquête avance, on en apprend un peu plus sur les raisons de tout cela jusqu’à ce que le nom du méchant soit prononcé ; Bagul. Une entité gardant des enfants à son service et demandant le sacrifice des familles. Joyeux, joyeux !

On se doute, dès lors, de qui a tourné les vidéos et là, l’horreur prend un sens totalement nouveau, rendant le film encore plus pesant et sinistre qu’il ne l’était jusque là. Tout ça pour en arriver à un final malsain au possible, entraînant la famille Oswalt dans une dernière spirale de folie et d’horreur.

En incluant quelques sous-intrigues secondaires (notamment Ellison et sa quête d’une gloire passée), le scénario est intéressant et se suit sans temps morts inutiles. On se retrouve, à nouveau, dans un contexte familial quelque peu compliqué, mais cela ne fait qu’intensifier l’horreur vécue par les protagonistes. Donc, l’histoire est intelligente… mais reste dans les standards des années 2010.

Car la surprise vient du fait que nous avons affaire à un véritable film d’horreur, bien comme il faut ! L’ambiance sinistre ne nous lâche pas dès les premières images et c’est avec appréhension (dans le bon sens du terme) que nous avançons au fil des minutes, tentant de percer le mystère en même temps qu’Ellison. Les vidéos Super 8 et les apparitions de Bagul viendront ponctuer l’effroi déjà ressenti, même s’il est vrai, il y a énormément de mise faite sur les jump-scares. Cependant, cela ne péjore en rien l’ambiance générale qui se veut tendue, flippante et maîtrisée.

Et le grand méchant du nom de Bagul ? Eh bien, de l’aveu du scénariste C. Robert Cargill, il fallait une tête flippante mais à laquelle les enfants pouvaient s’identifier. C’est pourquoi notre Mr. Cruel s’apparente à un Willy Wonka décadent, mélangé avec un style tout droit sorti des groupes de black metal se déguisant pour leurs prestations. Sans dire un mot, Bagul parvient alors à capter l’attention et apparaît, souvent, là où on s’y attend le moins. Un croque-mitaine pouvant clairement prétendre à devenir l’un des standards du 21ème siècle, surtout au vu de son CV.

Restant sur les rails mais nous offrant une ambiance toute particulière, Sinister porte bien son nom et nous emmène dans un récit froid, pesant et sinistre. Porté par des acteurs sympathiques et un scénario facile à suivre jusqu’à un final clôturant parfaitement le film, on termine ce métrage satisfait en se disant que l’horreur, celle qui prend aux tripes, existe encore quelque part.

Et si vous trouvez des bandes Super 8 dans votre grenier, cramez-les.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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