La tâche n'est pas facile

La télé-réalité est un sujet qui plaît. Il n’y a qu’à voir les audiences des émissions de ce type pour s’en rendre compte. Du coup, le cinéma horrifique use de cette pratique pour mettre en scène quelques métrages bien sentis, comme TV Show d’Hideo Nakata (2010), My Little Eye de Marc Evans (2002) ou encore la série Dead Set créée par Charlie Brooker (2008). Il en existe encore bien d’autre que je vous invite à découvrir… et qui seront sans doute prochainement sur ce site. Mais revenons à The Task, réalisé par le méconnu Alex Orwell dont il s’agit du premier long métrage, et produit par la société After Dark Films. Va-t-on flipper ? Le scénario est-il de la partie ? La Grande-Bretagne et son Dead Set vont-ils en pâtir ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas évident de se lancer dans un jeu comme celui-là sans en subir quelques conséquences. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Six jeunes gens sont kidnappés en pleine rue. Pas de panique ; il s’agit du concept pour le nouveau show de télé-réalité The Task. Le principe est simple ; les candidats doivent passer toute une nuit dans une prison désaffectée, réputée hantée par son ancien directeur sadique, et y effectuer un certain nombre de tâches. Il y a 20'000 balles à la clé pour ceux qui en sortiront au petit matin. Les courageux se lancent dans l’aventure, mais quelque chose ne tourne pas rond.

Et voici nos candidats ! Nous avons tout d’abord Shoe (Ashley Mulheron), jeune femme bien sur elle, souhaitant plus que tout devenir une star de la télé. Randall (Marc Pickering), homosexuel décomplexé, à la mèche blonde folle, bien décidé à gagner l’aventure. Toni (Amara Karan), intellectuelle de haut niveau, terre à terre et prête à en découdre avec le surnaturel. Dixon (Texas Battle), athlète baraqué, un peu réticent mais tout de même partant. Stanton (Tom Payne) et sa sœur Angel (Antonia Campbell-Hughes), binôme familial du groupe. On rajoute à cela la team de l’émission avec Connie (Alexandra Staden) qui ne sait plus trop où elle en est ; Scelzi (Sam Stockman) qui aime bien fumer des trucs qui font rire ; Big Daddy (Victor McGuire) et son humour ravageur ; Snow (Sean McConaghy) et sa répartie impeccable ; et Taylor (Adam Rayner) en tant que présentateur de l’émission. Pour terminer, le terrible directeur est interprété par Valentin Ganev (et quelques autres), possédant un look étonnamment similaire à un certain Bronson, présent sous les traits de Tom Hardy dans un film du même nom en 2008.

On le dit directement ; aucune profondeur dans les personnages. Contrairement à des castings comme ceux présents dans My Little Eye par exemple, on n’en saura pas des masses sur les différents protagonistes. La raison est sans doute due au final du métrage, mais j’y reviendrai. L’important, c’est de prendre note que les acteurs sont là, qu’ils croient à fond en leur personnage et qu’ils jouent de manière relativement clichée. Cela permet une identification rapide des protagonistes, mais péjore à fond l’empathie qu’ils pourraient susciter. Chaque fois que l’un d’eux part pour l’abattoir, on en est presque content.

Le fait que les acteurs y croient ne change pas le fait que le manque de substance entame méchamment notre intérêt. Et côté scénario, c’est la même limonade. Ils entre dans la prison, doivent effectuer des tâches, se baladent dans les couloirs sombres avec la silhouette du dirlo qui apparaît quelques fois. L’idée des tâches est excellente mais mal amenée (Sérieusement ? Pour 20'000 balles, une végétarienne n’a qu’à manger un bout de viande ? Lâche-toi, cocotte !). Pour être franc, on s’ennuie ferme. Les challenges en question n’étant pas non plus insurmontables ou typiquement affreux (sauf le coup de la fosse, il faut avouer), on commence de bâiller et ça, ce n’est pas bon.

On passe donc le métrage à essayer de trouver un semblant de suspense qui pourrait nous sortir de notre torpeur télévisuelle. Quelques giclées de sang par-ci par-là, des jump scares à cause de la musique, des scènes soi-disant tendues qui se déroulent doucement et prudemment. Non, même l’horreur semble ne pas avoir voulu participer à cette émission. L’antagoniste majeur de l’histoire est en mode « tête du mec pas content » et restera ainsi, même installé sur son trône devant la salle de gazage. Sérieusement, au niveau tension et suspens, matez-vous plutôt un épisode de Koh-Lanta ; ça envoie plus de lourd. 

Le train-train est lancé et on attend qu’il se produise quelque chose. Puis, ça commence de bouger un peu plus, avec une décimation absolue du casting. La team technique entre dans le bâtiment et là… surprise ! L’insertion d’une couche supplémentaire au scénario était très bien vue en soi… avant de retomber dans un final convenu et peu prenant.

Les dernières images du film montre bien une critique sur la notion de télé-réalité, arguant que le système est de toute manière pourri et sur-scénarisé. L’insertion de l’imprévu final dans le métrage est quand à lui révélateur de l’audience incroyable qui peut émaner d’un grain de sable dans l’engrenage (dans ce cas-là, c’est plutôt une plage entière). Donc, nous avons bien un métrage qui critique la planification télévisuelle de telles émissions, parodiant même cette scénarisation via l’idée de la double couche en fin de métrage, piégeant la réalisatrice de ce show à son propre jeu. Mais même dans cette critique, certains autres métrages étaient plus viscéraux et révélateurs.

Long, ennuyeux, ne possédant pas de charisme, The Task est impeccable pour se préparer à aller faire dodo. Les acteurs y croient, mais nous pas. L’affiche racoleuse m’a fait naïvement penser au Joker dans The Killing Joke. Je me suis dit que le film donnait un peu plus dans le sombre, l’ambigu et le visuellement effrayant, mais ce n’est cruellement pas le cas. Si vous tombez sur la bande-annonce avant de voir le film, pas de bol ; vous aurez vu la fin. La critique sur la télé-réalité est présente et il y a une bonne idée de scénario sur la fin, mais ça ne suffit clairement pas. Conseillé à ceux qui sont fans de télé-réalité, car pour les fans d’horreur et de suspens, c’est raté.

Il est conseillé de voir ce film sur un écran plat ; ça fera ton sur ton.   

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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