Scènes de ménage

Coup de volant absolu pour la saga Chucky, ce quatrième film intervient sept ans après son médiocre 3ème opus. On apprend que notre poupée tueuse va être affublée d’une fiancée. Sur le papier, ça ne semblait pas des masses prenant. Mais quand on sait que la saga va commencer de s’orienter méchamment vers l’humour et que ladite fiancée est interprétée (en live et vocalement) par Jennifer Tilly, là ça devient intéressant. Pour mettre le scénario de Don Mancini (le créateur de Chucky) en boîte, on demande à Ronny Yu de passer derrière la caméra. En plus de réaliser le film, c’est lui qui offre un nouveau design à la poupée tueuse, scarifiée de partout. Avec ce métrage, les codes sont carrément changés. En lieu et place d’avoir un film d’horreur basé sur l’ambiance et gardant un ton relativement sérieux, tout part complètement en cacahuète ! Après, on aime ou on n’aime pas ; ce sera à Chucky de trancher… pour son plus grand plaisir ! Est-ce que l’on va quand même prendre notre pied ? Un road-movie avec des poupées tueuses, n’est-ce pas too much ? Que penser du système reproductif des poupons en caoutchouc ? On embarque pour une folle aventure et on tente de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Amante de Chucky quand il était encore humain, Tiffany parvient à récupérer les restes de la poupée tueuse en soudoyant un policier qui va méchamment le payer de sa vie. De retour chez elle, elle ressuscite Chucky au moyen d’une incantation vaudoue et lui fait part de son envie de se marier quand il sera redevenu humain. Quiproquo à l’appui, c’est la dispute et Chucky se retrouve enfermé avec une poupée à l’effigie d’une mariée, gracieusement offerte par sa petite-grande amie. Parvenant à s’évader, il tue Tiffany et transfert son âme dans la poupée nouvellement offerte. Pour parvenir à retrouver des corps humains, il faut qu’ils se rendent sur la tombe de Chucky. Qui mieux qu’un jeune couple qui veut se faire un peu d’argent pour les y amener ? C’est le début d’une cavale meurtrière à travers les Etats-Unis.

Pour ce revirement, on trouve de nouveaux personnages, à commencer par Tiffany (Jennifer Tilly). Ancienne amante de Chucky, tout aussi dérangée que ce dernier, elle tue de sang-froid et fait la cuisine (mais pas la vaisselle). Authentique autant en humaine qu’en poupée, sa prestation fait du bien, amplifiant le caractère bourru de son petit ami et donnant droit à des dialogues plus que savoureux. Jesse (Nick Stabile) est le voisin canon de Tiffany, et le transporteur qui devra amener les deux poupées au cimetière d’Hackensack dans le New Jersey. Pour son premier rôle au cinéma, l’acteur ne se débrouille pas trop mal, même s’il peine parfois à convaincre. Sa petite amie Jade (Katherine Heigl) a un peu plus de bouteille et défend bien son personnage de la jeune femme avide de liberté. Bien entendu, nous retrouvons Chucky (la voix de Brad Dourif) plus en forme que jamais, prêt à recommencer une nouvelle série de crimes, pour le meilleur… et pour le rire.

On peut noter Alexis Arquette (sœur de la grande famille Arquette) apparaissant en mauvaise copie de Marylin Manson adepte des piercings ; John Ritter en oncle possessif et abusant clairement de son pouvoir ; et Kathy Najimy en femme de chambre, célèbre notamment pour son rôle de Sœur Marie-Patrick dans Sister Act.

La Fiancée de Chucky, c’est d’abord un immense hommage aux films de genre. Nous n’en sommes qu’à quelques secondes de métrage et voilà déjà que l’on étale sous nos yeux divers instruments horrifiques dans les scellés de la police ; le gant de Freddy Krueger, les masques de Jason Voorhees et de Michael Myers, et la tronçonneuse de Leatherface. Ensuite, nous aurons des clins d’œil en pagaille, reprenant un extrait de La Fiancée de Frankenstein de James Whale, sorti en 1935, ou faisant allusion à Pinhead des films Hellraiser après un meurtre à grand coup de clous. On peut le dire, l’équipe connaît ses classiques.

A part les hommages, que dire du scénario ? Déjà dans l’opus précédent, Don Mancini prenait de grandes libertés et ne rendait pas vraiment justice à une cohérence scénaristique entre les différents films. Ici, c’est exactement la même chose. On notera par exemple que pour transférer leurs âmes dans des corps humains, Chucky et Tiffany ont besoin du Cœur de Damballa, une amulette présente au cou de Charles Lee Ray au moment de sa mort. Dès lors, soit Chucky a oublié qu’il en avait besoin pour transférer son âme dans le corps d’Andy ou de Tyler (ce qui donnerait une explication toute trouvée pour sa tentative ratée dans le deuxième opus), ou c’est l’occasion (scénaristiquement parlant) de faire traverser une partie des Etats-Unis à deux poupées pour leur faire commettre des meurtres. C’est au choix.

Au-delà des incohérences, il faut mentionner que le scénario est tout de même relativement fourni et nous offre à nouveau des humains accusés des meurtres de Chucky, comme à la belle époque. Don Mancini va encore plus loin et nous offre quelques scènes franchement osées, comme une nuit torride entre les deux poupons en caoutchouc ou un accouchement relativement dérangeant. A ce titre, les effets spéciaux concernant les poupées sont absolument grandioses, certains autres beaucoup moins.

Côté horreur, on reste tranquille. Mis à part quelques sursauts (des jump-scares, on appelle ça), rien ne viendra ternir notre réputation de gros dur. Les meurtres sont graphiquement plus gores (la tête à la Pinhead, l’explosion du miroir, le type qui ne regarde pas avant de se lancer sur la route) mais effleureront à peine notre rétine. Ce volet de la saga se lance clairement dans le comique en lieu et place de l’horrifique.

Et c’est là que réside la force du métrage ; son changement de ton. Arrêtant de se prendre au sérieux, on assiste à la renaissance d’un Chucky toujours plus cynique et drôle, particulièrement lors de ses altercations avec sa chère et tendre. L’occasion de quelques phrases bien placées et surtout, d’un étrange sentiment de réalisme. Qui ne s’est jamais pris de bec avec sa petite amie ? Et bien avec ce film, il est possible de voir ce que cela donne quand les disputes concernent deux poupées psychopathes. Fendard.

C’est là ce que l’on peut retenir de La Fiancée de Chucky ; un bel hommage au cinéma de genre, des dialogues et situations étonnantes ou savoureuses, mais un scénario en demi-teinte avec son lot d’incohérences. De plus, le revirement de ton du film pourra, sans doute, en effrayer plus d’un. A l’époque, c’est un peu ce qui était arrivé avec Gremlins premier du nom (1984) et sa suite Gremlins 2 : La Nouvelle Génération (1991) ; un premier film sombre et un second carrément comique. Personnellement, j’ai apprécié le revirement de La Fiancée de Chucky, apportant une nouvelle dimension au personnage de la poupée tueuse et lui permettant de grandir, tant dans son humour que dans sa personnalité. Mais cela ne sera sans doute pas du goût de tout le monde.

Et vous, vous faites la vaisselle ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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