Où j'ai foutu mes clés ?

Joe Hill… ce nom ne vous dit peut-être rien. Si je vous dis qu’il est né en tant que Joseph Hillstrom King, ça vous aide ? Eh oui, le fils de l’écrivain Stephen King ! Raflant des prix littéraires à tire-larigot, il fait aussi dans les comics, notamment celui de Locke & Key avec Gabriel Rodriguez au dessin. Comme si ça ne suffisait pas, il créé la série du même nom qui apparaît sur Netflix en 2020. Semblant être ciblée pour les adolescents, je me suis dit qu’il était légitime d’y jeter mes deux yeux. Est-ce que nous avons affaire à une énième série pour ados en mal de sensations pseudo-fortes ? Les clés peuvent-elles être des armes de destruction massive ? Avez-vous toujours votre trousseau à portée de main ? Si ces petites choses que l’on perd si souvent peuvent être au centre d’une intrigue torchée dans une série motivante, je suis preneur ! On déverrouille la porte et on se lance dans la critique.

Nina Locke (Darby Stanchfield) et ses enfants s’en vont vivre dans la maison familiale, Keyhouse, après le meurtre brutal du père de famille. L’aîné Tyler (Connor Jessup), la cadette Kinsey (Emilia Jones) et le benjamin Bode (Jackson Robert Scott) tentent de se faire à leur nouvel environnement, non sans peine. Pourtant, lorsque Bode trouve une clé aux pouvoirs surprenants et en fait-part à son frère et sa sœur, ils se rendent compte que l’héritage familial est peut-être un peu plus important que prévu.

Après plusieurs passages dans des séries télévisées, Darby Stanchfield nous gratifie d’une interprétation intéressante. Mère de famille peinant à faire le deuil, elle sombre dans l’alcool, néglige ses enfants et parvient même à leur faire honte. Cependant, son personnage prend en importance au fil de cette première saison, nous faisant ressentir une empathie grandissante à son égard.

Les trois enfants de la fratrie Locke sont impeccables dans leurs rôles. Tyler se veut à la fois protecteur mais souhaite s’émanciper un peu de son statut de grand frère pour vivre sa vie ; Kinsey, introvertie et timide, trouve une clé lui permettant de zapper ce problème ; et Bode, conservant irrémédiablement son âme d’enfant, apprend que les responsabilités ont des conséquences. Dans les trois cas, on se retrouve en présence de personnages fouillés, possédant chacun une personnalité propre et un passé distinct… mais restant tous liés par la mort terrible de leur père.

On peut également citer Scot (Petrice Jones), geek accompli qui s’amourache de la belle Kinsey ; Gabe (Griffin Gluck), déguisé en homard géant qui ressent la même chose pour ladite jeune fille ; Sam (Thomas Mitchell Barnet), un adolescent dérangé au cœur de l’histoire ; Eden (Hallea Jones), la peste du lycée ; Ellie (Sherri Saum), amie de Nina appartenant également au passé du défunt mari de celle-ci ; et Oncle Duncan (Aaron Ashmore), le frère du mari défunt qui fait quelques passages par Keyhouse.

Une série surnaturelle n’est pas une vraie série surnaturelle sans la présence d’un antagoniste digne de ce nom. Dodge (Laysla De Oliveira) peut se targuer d’être un méchant dans l’air du temps, à la fois badass et sans scrupules. En combinant son côté vicelard avec le pouvoir des clés, on obtient une cruelle entité prête à tout pour récupérer les précieux sésames. Dans quel but ? Je vous laisse le découvrir. Petit hic ; les clés détenues par la famille Locke ne peuvent pas être volées ou prises par la force par Dodge ; elles doivent lui être données volontairement.  

Toute cette équipe (et quelques autres encore, bien entendu) compose la première saison de Locke & Key. Dans l’ensemble, on s’attache rapidement aux personnages et on comprend leurs motivations. Peu de facilités ou de prises de risque inconsidérées menant droit dans le mur lors des dix épisodes composant cette saison. On apprend à connaître chacun et on a clairement plaisir à le faire.

Que les acteurs soient bien dans leurs rôles, c’est déjà un bon point. Mais va-t-on se retrouver face à une porte fermée concernant le scénario ? En se basant sur les comics du même nom, Locke & Key reste fondamentalement fidèle au matériau d’origine, prenant tout de même quelques libertés permettant une adaptation plus limpide et un moyen de ne pas procéder à un copié-collé de l’histoire.

On pose gentiment les fondations avec l’arrivée de la famille Locle à Keyhouse. On y découvre le bâtiment, les annexes, le lycée du coin, les habitants de la région. Comme dans toute histoire se respectant, on en apprend plus sur le décor et les habitudes de chacun. Puis, Bode fait la connaissance de la fille du puits et découvre ensuite la première clé ; un passe-partout absolument incroyable ! C’est bon, on est croché.

A partir de là, on ne quitte plus l’écran des yeux et on attend avec une certaine impatience la découverte de la prochaine clé… surtout pour découvrir ce qu’elle est capable de faire. En matière d’idées, Joe Hill et son équipe ne sont pas avares ; entre la clé de tête, la clé fantôme ou la clé miroir, ce ne sont pas les pouvoirs qui manquent. A noter que le comics recèle encore d’autres clés qui pourront potentiellement intervenir dans une seconde saison.

Et là, tout en regardant la série, on se rend compte que c’est plus qu’une série ciblée pour adolescents ; elle peut convenir à tout le monde ! Les intrigues sont bien huilées, les sujets traités sont pour tout âge et l’histoire happe petits et grands dans son flot. C’est donc avec avidité que j’ai procédé au visionnage de cette première saison.

La découverte des clés, la menace de Dodge, les twists (notamment le final) pour nous faire comprendre qu’on s’est fait avoir, l’évolution des personnages, tout cela concourt au bien de la série. On en arrive au dernier épisode et même si celui-ci n’atteint pas l’explosion que l’on attendait, que ce soit en matière de suspense ou de révélations, sa dernière partie musicale revenant sur quelques événements de la première saison finit de nous convaincre ; on veut voir une suite.

Des points négatifs ? En cherchant, on peut évidemment en trouver. Certains personnages semblent changer radicalement d’avis d’épisode en épisode (ah, l’adolescence), ce qui peut nous faire penser soit à un revirement dû aux hormones… ou à quelques facilités scénaristiques. Les suspens laissés en plan en fin de saison trouveront, sans doute, une issue dans une seconde partie.

J’en parlais avant, les sujets traités sont vastes et peuvent faire réfléchir tout le monde. L’alcoolisme de Nina, les responsabilités que Tyler met sur ses épaules, les confrontations entre Bode et Dodge, l’apprentissage des choses de la vie n’est pas évident et la série met en avant non seulement un côté rationnel de la gestion de certaines situation (Kinsey qui se cache en cas de problème comme lors de la mort de son père) tout en insérant une dimension magique qui peut apporter des solutions… comme des problèmes supplémentaires.  

Intelligente, prenante, pertinente, cette première saison de Locke & Key m’a convaincu. Les quelques dérapages que l’on trouve en cours de route n’altèrent pas le plaisir de découvrir cette série ; l’histoire est intéressante et la recherche des clés dans le manoir de Keyhouse nous fascine et nous permet de conserver une attention particulière. Je pense que partir sur la base d’une bonne série de comics et d’avoir Joe Hill dans sa team, c’est la clé du succès.  

Je dis « Prem’s » sur le passe-partout !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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