Teen Titans, Go !

Un jour, une rumeur se répandit sur la toile ; les Teen Titans allaient bénéficier d’une série télé en prise de vue réelle rien que pour eux. Puis, on a commencé à trouver des possibilités de scénario, des acteurs potentiels et des non-dits surprenants sur différents sites d’informations. Les photos de tournage ont ensuite commencé de fuiter sur Internet et là, LÀ, on s’est dit que ça partait mal. En voyant les clichés de Starfire et Changelin, on a rapidement déchanté et on s’est dit que DC Comics continuait sa chute inextricable par rapport à Marvel. Puis on apprit que c’était notamment Greg Berlanti à la création et à la production, même papa que les séries du Arrowerse, universcomposé d’Arrow, de Supergirl, de Legends of Tomorrow et de Flash, mais que Titans n’aura rien à voir avec l’univers DC mis en place. Plus ça avance et plus notre cerveau de geek averti se dit qu’au fond la série animée ne trouvera jamais de digne successeur. Cerise sur le gâteau ? Akiva Goldsman est également à la création. Oui, c’est un bon scénariste… mais il a notamment officié (fauté ?) sur le tristement (drôlement) célèbre Batman & Robin de Joël Schumacher. Le 12 octobre 2018, la série sort officiellement sur le site de DC Universe, puis le 11 janvier 2019 sur Netflix pour le reste du monde. Et là, la claque ! Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences trompeuses des potentielles photos de tournage présentes sur le web, ni des rumeurs persistantes comme quoi tout est perdu. ATTENTION : cet article contient des spoilers.

Nés en 1964, les Jeunes Titans (ou Teen Titans, c’est plus fun) sont une équipe de super-héros-juniors. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous connaisse cette fine équipe grâce à l’animé sorti de 2003 à 2008, basé principalement sur la période des comics de 1980 à 1996. L’équipe est ici composée de cinq membres ; Robin, l’apprenti de Batman à la recherche d’émancipation ; Starfire, une adolescente extra-terrestre ayant un peu de peine avec les coutumes terrestres ; Cyborg, mi-humain, mi-robot mais sachant s’amuser ; Changelin, petit bonhomme à la peau verdâtre mais pouvant se transformer en n’importe quel animal (même en dinosaure, si, si !) ; et Raven, la fille d’un démon inter-dimensionnel à la recherche de la paix intérieure.

Dès lors, une série sortant sur nos écrans en 2018 se devait de reprendre des standards connus, à savoir l’animé en question et non l’équipe de base de 1964 (trop ancienne) ni la nouvelle version comics de 2014 (trop récente). C’est donc avec les souvenirs de l’animé de 2003 que j’ai entrepris le visionnage de cette nouvelle série, je vous avouerais non sans crainte en appuyant sur « Play » avant de lancer le premier épisode. Afin de rester cohérent, la critique se base sur la série en elle-même et l’univers de base des Teen Titans sans faire un comparatif effectif avec l’animé. Du moins, pas toujours.

On note l’absence de Cyborg qui devrait être néanmoins introduit dans Doom Patrol, série sœur de Titans, et dont l’épisode quatre de cette première saison en fait grandement référence. Pour le reste de la team, on retrouve un Dick Grayson/Robin bourrin joué par Brenton Thwaites. Le personnage de Robin est souvent imbu de lui-même et cherche plus que tout à faire ses preuves. Etant le seul à ne pas posséder de super pouvoirs, il se bombe souvent le torse, au risque d’en faire trop en tant que personnage censé être le fondateur des Titans. Prestation acceptable dans l’ensemble non sans être parfois légèrement agaçante.

Nous avons Starfire/Koriand’r, la jeune extra-terrestre dont la photo de tournage a fait frémir les fans des Teen Titans, jouée par Anna Diop. Sa couleur de peau par rapport au personnage original a déjà soulevé pas mal de forum, mais c’est surtout sa tenue de call-girl de fin de soirée qui a achevé les plus enthousiastes d’entre nous. Et au final, vous savez quoi ? Eh bien le personnage fonctionne très bien. Arrivée récemment sur Terre pour des raisons qui ne seront expliquées qu’en fin de saison (amnésie scénaristique pratique oblige), le rôle est bien joué et possède un potentiel non négligeable pour la suite de l’histoire. Balise placée, affaire à suivre.

La seconde frayeur notable fut les prises photogéniques de Garfield Logan/Beast Boy, plus connu sous le nom de Changelin dans la version française, interprété par Ryan Potter. Un jeune garçon aux cheveux verts avec une dégaine incertaine ? On est loin de ce qu’on pouvait s’imaginer sur le personnage. Et là encore, ça fonctionne. On s’attache rapidement à lui et même s’il ne peut se transformer qu’en un seul animal pendant la première saison, n’en reste que son côté « comique de service » bien présent chez le personnage original est respecté. A nouveau, un point qui paraissait négatif et qui s’avère être un bon potentiel pour la suite.

Et que dire de Rachel Roth/Raven, rôle tenu ici par Teagan Croft ? Au centre de l’intrigue de cette première saison, son comportement d’origine change radicalement. Grande sœur râleuse et pessimiste à la base, elle devient la jeune fille perdue ne sachant pas maîtriser ses pouvoirs. Alors même si on parvient difficilement à oublier la Raven originelle, celle-ci semble plus humaine et surtout possède plus de possibilité d’évolution. Rôle interprété avec brio, la jeune actrice se débrouille bien et parvient à attiser la curiosité du spectateur sur ce qu’elle va devenir.

Dans la foulée, on peut citer Rachel Nichols jouant Angela Azarath, la mère de Raven, perpétrant un double jeu malheureusement visible à quelques kilomètres ; Minka Kelly et Alan Ritchson sont Dawn/Dove et Hank/Hawk, super héros créés en 1968 et faisant occasionnellement équipe avec les Teen Titans ; Jason Todd/Robin (le second Robin), rôle campé par Curran Walters en roue libre ; Conor Leslie en Donna Troy/Wonder Girl, une Wonder Woman amie des Titans et ayant connu Robin dans sa jeunesse ; et l’apparition de Seamus Dever en papa de Raven en fin de saison. Pour les anecdotes, la Doom Patrol apparaît dans l’épisode quatre avec ses différents membres et se voit accorder une série rien que pour elle sortie en 2019.

C’est bien beau d’avoir une équipe de super héros, mais comment est-ce que ça se passe au niveau de l’histoire ? Celle-ci est facile à suivre, même pour les néophytes, même si les plus connaisseurs peuvent reconnaître plusieurs clins d’œil çà-et-là. Dans l’absolu, il faut bien se mettre dans le plot que cette première saison nous explique comment les Teen Titans se sont rencontrés et ont décidé de former une équipe ensemble. En partant de ce postulat, les choses sont beaucoup plus faciles à accepter, notamment le fait que certains personnages ne collent pas au matériau original des comics.

Avec un intérêt certain, on suit les aventures de Dick Grayson, inspecteur de police et super héros à ses heures perdues, devant se battre tout d’abord contre lui-même et son débit de violence incontrôlable. En parallèle, la jeune Rachel se retrouve poursuivie par des tueurs implacables et doit en trouver la raison. Elle est rapidement aidée par une jeune femme amnésique du nom de Koriand’r pour échapper à ses poursuivants. En chemin, elles rencontrent le jeune Garfield qui décide de les suivre et de les aider. Bien entendu, tout ce petit monde retrouve Dick pour enfin balbutier les débuts d’une équipe super héroïque.

Le plus osé scénaristiquement parlant – à mon sens – c’est le choix de la trame principale de cette première saison. En effet, celle-ci se focalise pleinement sur Raven, ses origines et la maîtrise de ses pouvoirs. Tout le monde lui en veut et, bon sang, il faut comprendre pourquoi ! C’est ainsi qu’elle se retrouve poursuivie par la Famille Nucléaire, standards américains à fond la gomme joués par des acteurs à la fois hilarants et terrifiants. Apparaissant pour la première fois dans le comics Outsiders en 1985, c’est une famille déglinguée mais ô combien mortelle et efficace qui s’en va filer le train à la jeune Rachel.

Mais cela ne s’arrête pas là car en fin de saison, nous avons LE grand méchant qui débarque ; Trigon. Eh oui, fans des Teen Titans, vous avez bien lu. Le démon surpuissant et inter-dimensionnel s’avère être l’antagoniste de cette première saison. Prendre l’un des vilains les plus puissants de l’univers DC pour le placer en pole position directement dans une première saison (alors que l’animé l’avait fait dans la quatrième), c’est couillu. Mais du coup… on se réjouit de découvrir la suite.

L’élément surnaturel qui entoure Raven étant au centre de la première saison, la série ne se borne pas à simplement expliquer comment quelques ados dotés de pouvoirs se retrouvent pour fonder un club. Les personnages ont chacun leur profondeur, leurs doutes et leurs espoirs. Chacun se bat contre quelque chose d’intérieur et se doit de gagner s’il veut pouvoir accorder sa confiance aux autres membres. Sur ce point-là, la série vaut le coup car on ne va pas simplement survoler les personnages ; on va faire connaissance avec chacun. Cela explique notamment que quelques titres d’épisodes sont directement des noms de protagonistes, explorant leur passé, leur personnalité.

On rajoute à cela la présence de la Doom Patrol dans l’épisode quatre ainsi que celle de Hank et Dove dans quelques autres épisodes pour obtenir un mélange certes dense mais donnant au spectateur ce qu’il est venu chercher ; du cossu. Sans compter que dans cette première saison, même Batman est de la partie, étant le mentor dont Robin souhaite s’émanciper plus que tout. Introduire Batman dans Titans, un nouveau choix osé mais qui permet une cohérence de récit plus solide et surtout qui se doit de satisfaire les fans de DC Comics.

Ce qui pourrait choquer de prime abord dans la série, c’est sa violence. Exit les quelques petites effusions dans Arrow et Flash ; ici, ça cogne dur et ça gicle pas mal. Durant le visionnage du premier épisode, nous nous retrouvons directement dans le bain, Robin castagnant fortement une bande de malfrats et Koriand’r se réveillant à côté d’un cadavre. Voilà, le ton est donné ; ça va être sombre.

Ponctuée de quelques traits d’humour, l’ambiance est pourtant relativement pesante, présentant Raven comme une menace destructrice (‘voyez sa manière d’en finir avec un kidnappeur), celle-ci entourée de personnes souhaitant l’aider mais devant également se battre contre leurs propres démons. Non, Titans n’est pas jouasse dans le sens où l’on ne se bidonne pas à chaque épisode. La tragédie est une denrée quotidienne pour nos futurs super héros.

Au niveau des effets spéciaux et des chorégraphies de combat, pas grand-chose à redire. C’est fait et bien fait, tout en gardant en conscience que nous nous trouvons dans une série et non pas dans une super production Marvel. Cependant, il n’y a pas un moment où cela est dérangeant ou pourrait descendre radicalement le rythme de la série. On passe par plusieurs décors différents (Détroit, une maison au milieu de nulle part, des chambres de motel sur les routes américaines) et on apprécie le changement de lieux pour donner un dynamisme plus accru à l’action.

Composée de onze épisodes, cette première saison tient bizarrement ses promesses quant à la transposition des Teen Titans sur petit écran. Là où on pensait assister à une catastrophe… titanesque, on se rend compte que les choses vont plutôt bon train pour cette équipe en devenir et on arrive en fin de saison avec l’envie de découvrir la suite.

Car cette fin de première saison laisse clairement sur la faim et c’est peut-être là un défaut. On connaît tous ces séries qui vous coupent en plein milieu d’une action pour annoncer fièrement « A suivre… » sans prendre en compte que notre petit cœur pourrait être déchiré d’une séparation aussi soudaine. C’est pourtant ce que fait Titans en nous stoppant net dans notre élan. Une claire volonté de la production qui n’a fait que onze épisode au lieu des douze prévus initialement, cela pour que plusieurs éléments du douzième soient utilisés lors du premier épisode de la seconde saison. Enfin, il valait sans doute mieux cela que de boucler la boucle au risque que les gens ne souhaitent pas en savoir plus.  

Intéressante dans son approche, convaincante dans son récit, prenante dans son ambiance, Titans est une série à laquelle on ne s’attendait pas vraiment. S’émancipant de l’univers colorés de l’Arrowverse et traçant sa propre mythologie, il y a sans doute lieu de suivre les aventures de cette jeune équipe de plus près, principalement pour les fans de super héros et les indéboulonnables de la série animée. Différente de ce que l’on aurait pu attendre d’elle, c’est au final une bonne surprise qui mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce que pour voir cette fine équipe une fois en prise de vue réelle. Attention cependant à ne pas se reposer sur ses lauriers ; on attend de pied ferme la saison 2.

J’ai envie de dire : Teen Titans, Go !  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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