Rififi en bivouac

Projeté pour la première fois en septembre 2017 lors du Festival International du film de Toronto, Le Rituel est une réalisation britannique de David Bruckner, à qui l’on doit notamment le film SiREN tiré de son court-métrage Amateur Night dans l’anthologie V/H/S. Partant de ce postulat rassurant, on apprend que l’histoire est celle du roman d’Adam Nevill The Ritual sorti en 2011, bien réceptionné par la critique. Pour combler le tout, Rafe Spall, acteur anglais présent dans les métrages d’Edgar Wright, dans Black Mirror et dans d’autres films à succès, se trouve être le protagoniste principal. Du coup, qu’est-ce qui pourrait clocher ? La randonnée entre amis est-elle une activité sans risques ? Les sardines seront-elles bien plantées ? On prépare son paquetage et en marche pour la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Luke (Rafe Spall), Phil (Arsher Ali), Hutch (Rob James-Collier) et Dom (Sam Troughton) sont en Suède pour effectuer une randonnée sur le Kungsleden, en hommage à leur ami Robert (Paul Reid) assassiné quelques mois auparavant. Les imprévus et la tension palpable entre les amis égrainent quelque peu leur séjour. Pourtant, au milieu des bois suédois se cache une menace bien plus importante. S’ils venaient à rencontrer une sombre et ancienne entité, parviendraient-ils à se serrer les coudes pour en sortir vivants ?

La trilogie Cornetto d’Edgar Wright, Prometheus, Black Mirror, Rafe Spall n’en est pas à son coup d’essai. Il interprète ici Luke, mis de côté par ses amis après sa non-intervention pour sauver son ami Robert durant un braquage de magasin. Littéralement hanté par ce souvenir morbide, il doit faire face à ses propres démons avant de pouvoir être en mesure d’en combattre de nouveaux. Phil est un personnage un peu effacé mais ancré solidement dans l’équipe ; Hutch est la force de frappe et le médiateur intemporel ; et pour finir Dom tient le rôle du râleur et de l’adversaire principal de Luke, lui renvoyant sans cesse en pleine face son inaction passée.

La connivence entre les quatre amis est bien présente et tient la route. En les voyant parcourir les étendues majestueuses de Suède, on ressent bien l’aspect « randonnée entre potes qui ont encore des problèmes à résoudre », ressortant ainsi une sorte d’empathie pour chacun d’entre eux, surtout lorsque les choses commencent sérieusement à déraper.

Car oui, Le Rituel est un film d’horreur qui parvient à nous coller une ambiance toute particulière. En démarrant le métrage, on se retrouve plongé dans une atmosphère mélangeant habilement vacances entre amis et vieilles rancunes tenaces. Les dialogues, très bien écrits, aident à la compréhension des sentiments de chacun et permettent de nous plonger en pleine rando avec eux.

Bien entendu, comme dans tout bon métrage horrifique, il faut une raison pour que ça parte en couille et cette dernière est, ici, toute trouvée ; la prise d’un raccourci à travers la forêt. Bon sang, avec le temps, on devrait maintenant savoir qu’un raccourci n’apporte que des ennuis et en aucun cas des solutions. Néanmoins, dans le contexte de l’histoire, ça passe crème et on suit alors les protagonistes dans l’épaisse forêt suédoise.

Devant trouver un abri pour la nuit, ils se retrouvent dans une étrange bâtisse décorée de symboles pas franchement accueillants à la Blair Witch et d’une sculpture humaine en paille et en bois renvoyant à un certain The Wicked Man, cependant de taille plus raisonnable. Leur sommeil est alors bafoué par des rêves étranges et des comportements troublants. Au matin, alors que la peur commence gentiment de prendre possession de leurs esprits, la terreur ne fait que commencer.

Le jeu du chat et de la souris commence en nous faisant entrevoir qu’une créature terrifiante les poursuit dans la forêt. Après en avoir terminé avec deux de nos quatre amis, Luke et Dom parviennent à atteindre un village… qui s’avère rempli d’adeptes de la créature. Entre les révélations troublantes des villageois et les sacrifices humains nécessaires à l’accomplissement d’une promesse d’immortalité, les deux adversaires n’en ont clairement pas terminé avec les problèmes.

Après bien des déboires et un aperçu de ce que la bestiole flippante cautionne comme de l’immortalité (et franchement, ce n’est pas jouasse), le film se termine sur une note optimiste où le personnage principal se rend compte qu’il est capable d’affronter un danger millénaire pour s’en sortir. On peut alors imaginer que le processus d’acceptation de la mort de Robert peut enfin commencer. 

En prenant comme base le drame vécu par les quatre amis, le scénario nous entrecoupe régulièrement de visions effrayantes subies par Luke, ce dernier se retrouvant tout à coup dans la supérette où est mort Robert. Ces passages, mélangeant la forêt au cadre du magasin, sont orchestrés d’une magnifique manière, un peu dans le genre des micros-sommeils dans Les Griffes de la Nuit de 2010.

La créature n’est pas en reste et se trouve être particulièrement flippante. Sans déconner, si vous la croisiez en plein nuit aux abords de la forêt, est-ce qu’il ne faudrait pas immédiatement procéder à un changement de caleçon ? Sa stature colle les miquettes et les explications de ses origines sont clairement définies. De quoi terminer le métrage sans grattage intempestif de tête en se demandant ce que pouvait bien être cette horreur.

Le point fort du film, revenons-y, est l’ambiance. Dans ces étendues sauvages, la beauté fait tout à coup place à un cauchemar bien réel, loin de celui vécu de manière récurrente par Luke. L’absence d’autres personnages et l’isolation des individus aident énormément à se sentir à la fois ébahis devant un trek comme celui-ci et également à se sentir angoissé à l’idée de ne pas être en mesure de se sortir de cette étouffante liberté.

Très bien torché, Le Rituel est un film d’horreur qui tient ses promesses en nous proposant des personnages torturés, des paysages magnifiques et une situation des plus horribles. Monstre terrifiant, villageois à la masse, morale sur la culpabilité et la capacité de l’être humain à faire face à ses pires cauchemars, ce film ravira sans doute les amateurs et permettra à tous les fans de randonnées de ne plus partir sans une hache bien aiguisée dans le sac à dos.

Perso, je pense que le spray au poivre ne suffira pas.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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